Organisation du réseau Alliance

Le réseau Alliance est implanté  sur toute la France, zone libre comme zone occupée, c'est un réseau qui se consacre uniquement au renseignement.  Il est structuré an niveau du territoire en grandes régions (évolutives), comme "Ouest" divisée en Bretagne et Normandie,  et au niveau suivant  "Ferme" et "Fleuri" pour la Normandie, eux-mêmes divisées en sous secteurs.
Il existe en plus  quelques structures spécifiques, des  "sous-réseaux" et quelques "équipes" dédiées à des  opérations complémentaires au renseignement.

  • ORGANISATION TERRITORIALE
Le Réseau Alliance est organisé en régions et secteurs avec à leur tête un état-major. Il était structuré de telle manière que les responsabilités reposaient sur les épaules de nombreux chefs chacun pour leur secteur et leur spécialité. On compte donc par centaines les chefs de ce réseau, mais seule une dizaine s’occupait du réseau dans son ensemble.


    • État-major:
      La Centrale du réseau (poste de commandement) était mobile à travers la France afin d’éviter d’être localisée. Elle est dénommée "Grand Hôtel, chargée d'assurer et organiser les services communs : radio, opérations d'atterrissage et de parachutage, liaisons marines, auto-défense, fausses identités, finances, évasions, assistance aux familles des disparus, etc.

      L’état-major était constitué de 1 ou 2 chefs de réseau, 1 centrale radio commandement, 1 secrétariat  : dactylos, chiffreurs, expert, 1 PC agent de liaisons, 1 PC trésorier, 1 PC papier d’identité, 1 PC rendez vous et refuges.

      La Centrale du réseau était mobile à travers la France afin d’éviter d’être localisée  (VOIR LES CARTES):
      • Vichy : octobre 1940 / février 1941
      • Pau  : septembre 1940/ novembre 1941
      • Marseille : décembre 1941/ novembre 1942) + Le Lavandou (juillet 1942)
      • Toulouse / Dordogne Alentours d'Ussel / Terrasson / La Roque-Gageac / Cahors / Tulle / Altillac   de novembre 1942 / février 1943
      • Lyon : février / mai 1943
      • Paris : mai 1943 / juillet 1944
      • Aix-en-Provence : juillet 1944
      • Paris : août 1944
      • Verdun Nancy :août - septembre 1944
      • Briey  : novembre - décembre 1944
        .
    • Grandes Régions : Paris, Nord, Centre, Est, Ouest, Sud-Ouest, Midi, Sud-Est 

    • Secteurs géographiques :
      Les noms et  limites des régions ont sans cesse évolué  dans le temps.(Ex: Ouest a été ensuite  divisé en Bretagne et Normandie)
      Les principales :  Paris, Lille, Normandie, Bretagne, Lyon, Autun, Île de France, Verdun, Lyon, Grenoble, Savoie, Vichy, Ussel, Tulle, Dordogne, Bordeaux, La Rochelle, Pau, Bayonne, Lourdes, Toulouse, Pyrénées, Marseille, Provence, Vallée du Rhône, Nice, Italie, Afrique du Nord.
      eux mêmes divisés en sous secteurs comme "Ferme" (Manche Calvados et Seine inférieure)...

      Ces secteurs évolueront avec l'extension du réseau, ainsi en Normandie apparaitront  en plus le secteur "Thésée" (Seine Inférieure et Oise) et Verger (Eure et Oise et Orne) puis "Fleuri" (Orne et Nord Sarthe) en décembre 1943

    • => voir les cartes de localisation et la chronologie

exemple :  Région Ouest : Secteur  Ferme en Normandie

Les régions sont divisées en secteurs comme "Ferme" en Normandie.
En 1941, est créé le secteur Normandie, commandé par Jean Roger dit "Sainteny" ou "Dragon".  Ce vaste secteur est lui même divisé en sous secteurs qui s'agrandiront et évolueront dans le temps:
    • "Ferme" qui correspond à la Manche, Calvados et Seine inférieure
    • "Verger", qui correspond à l'Eure, Orne et Oise sud
    • "Thésée" qui correspond à la Seine Inférieure et Oise
    • "Fleuri" en 1943 qui correspond à l'Orne et au nord Sarthe




Chaque grand secteur comprend des sous secteurs comme le Calvados avec "Jardin" surtout positionné dans le Bessin (Ouest du calvados) qui était lui même composé de plusieurs groupes actifs qui correspondent souvent à un village ou petite ville comme Port en Bessin, Villers Bocage ou le groupe de 3 villages Trévières-Saint Laurent-Vierville.


  • IDENTIFICATION 

    Des membres 
    Début 1941, le réseau se structure et s'allie aux anglais du MI6 (Intelligence Service), par sécurité chaque membre doit avoir un pseudonyme sous forme d'un code avec 3 lettres et 2  chiffres , ainsi  pour MM Méric : "Poz 55",  Coustenoble: Cou 25, Loustaunau Lacanau N1 mais  se fait  appeler : "Navare" Number one ".
    Londres, qui ne connait aucun nom réel de  résistant,  conseillera  une structure plus rigoureuse tel un nombre spécifique en fonction du rôle de l'agent : le chef de secteur (1), l'adjoint (10) le secrétaire (11) l'agent de liaison (12)... Ces codes seront utilisés pour les rapports destinés aux anglais.

     Toutefois, début 1942, suite à la convocation de MM Méric à Vichy, elle comprend la nécessité de changer les pseudonymes, du moins en France,  pour dérouter  les policiers de Vichy. De Marseille, le réseau va se réorganiser, en utilisant de nouveaux codes de  transmissions ;  désormais, les membres du réseau sont désignés par des noms  inspirés d'animaux, plus tard, les services allemands appelleront le réseau  "l'Arche de Noé".
    Souvent les noms, choisis par MM Méric, évoquent un aspect de la personnalité du résistant :
    -MM Fourcade = Hérisson
    -Léon Faye = Lion ou Aigle
    -Loustaunau Lacanau = Coq
    -Edouard Kauffmann = Criquet 
    -Jean Roger  = Dragon
    -Robert Douin = Civette
     (=> voir la liste des  principaux noms d'animaux utilisés)


    Des lieux
    De même, voir la carte ci-dessus, les régions divisées en secteurs  portent  un nom spécifique,  comme "Ferme" en Normandie, "Chapelle" pour la Bretagne, "Hangar" pour le Sud Ouest.
    Les Villes sont également codées par un nom "totem" comme "Bonne mère" pour Marseille, "Donjon" pour Londres ;  des pseudonymes sont donnés  à certaines personnalités comme  "Oncle Berne" pour Churchill et "Carmen" pour Laval.



    Toutefois début 1943, les allemands commencent à connaître ces codes. Une archive concernant le réseau Alliance, secteur Jardin  le montre :

  • voir le dossier de cette archive



  • STRUCTURES   SPECIFIQUES  DECENTRALISEES & AUTONOMES en 1943 
Les grandes régions  avec   leurs sous secteurs, exclusivement consacrées à la spécificité d'Alliance, le renseignement ont une structure hyper centralisée.
En 1943, le réseau est vaste et s'est beaucoup développé. Il connait de nombreuses arrestations dont certaines sont  liées  à cette organisation très centralisée, en effet une arrestation d'un membre porteur de documents  peut avoir comme conséquence d'autres arrestations lointaines, voire au PC même d'Alliance. Sa structure   devient un danger, aussi  les responsables imaginent que, désormais, le développement sera  décentralisé en créant  de nouveaux ensembles autonomes dans leur recrutement,  dans la spécificité du renseignement et  dans la transmission des renseignements ;  Alliance fournit l'argent pour le fonctionnement mais l'administration du groupe est quasi autonome.  Il n'est plus nécessaire d'avoir des agents de liaison.

Ainsi se créent   quelques structures décentralisées  spécifiques :
-quelques "sous-réseaux" que l'on peut définir comme  réseau atypique décentralisé et  spécialisé dans le secteur maritime  "Sea Star", le réarmement de l'armée de l'air "Pompiers de l'air" ou des 17.000 hommes des compagnons de France  "Druide" qui, finalement, ne furent pas armées.
-quelques "équipes" qui ont une activité spécifique autre que le renseignement comme "Les Apaches" pour les opérations de protection et "Avia"  pour les terrains d'atterrissage


LES EQUIPES
  • Equipe "les "Apaches  "Édouard Kauffmann (mars/ septembre 1943) Jean-Philippe Sneyers (adjoint - mars / septembre 1943)
    Equipe chargée des opérations de sécurité, protection et d'action  montée en 1943, sous le commandement de Kauffmann  ("Criquet" pour le réseau) surnommé alors "Grand Manitou" . Les membres, armés,  portent des noms d’indiens ou de tribus indiennes(Sioux, comanche ...) Ce groupe en partie  autonome du réseau est formé essentiellement de jeunes officiers en congé, de Saint-Cyriens et étudiants.
  • Equipe Avia :
     Equipes spécialisées dans les terrains d'aviation, parachutages
    Responsables : Pierre Berthomier(fin 1940 ) | Pierre Dallas  février 1942 / février 1943)   | Arthur Gachet-Crawley (adjoint - juin 1942 / février 1943) | Pierre Berthomier parachutages - février / avril 1943)  | Pierre Dallas : atterrissages - février/ septembre 1943)   | Gabriel Rivière  : atterrissages - mars 1943)  | Henri Cormouls : avril / septembre 1943)  | Élie de Dampierre : Janvier/ avril 1944)
  • Localement, ex : 
    • terrain d'Ussel  Thalamy, équipe composée du capitaine Pierre Dallas "Cornac", de Jean-Baptiste Andreani , du colonel Henri Cormouls  "Pégase", de Jacques Devort, des opérateurs radio Arthur Gachet-Crowley  "Héron" et Ferdinand Rodriguez "Pie" ainsi que du comité de réception local : "Danois", "Fox", "Labrador", "Cigale", André et Henri Belcour .
    • terrain à Jonage, équipe composée Rivière, Dallas et le radio « Cochet »

SOUS RESEAU AUTONOME 
  • Sous-réseau "Sea Star": Joël Lemoigne (février / novembre 1943)  puis François Michel(mars 1944)
    => secteur maritime chargé du renseignement maritime de la marine marchande  implanté à   Lorient, ToulonBordeaux, La Rochelle,  Brest
Début1943 Méric rencontre Lemoigne, qui lui remet une carte de la base de Kéroman, rédigée par l'ingénieur Jacques Stosskopf, reprenant le nombre exact, les caractéristiques et rotations des U-Boot de Lorient ; il lui donne également un rapport sur la flotte sabordée de Toulon élaboré par l'ingénieur Jean-Claude Thorel (« Alose »). Enthousiasmée par les résultats obtenus, et poussée par l'Intelligence Service pour qui le transport maritime est devenue une priorité, Méric fait élaborer à Lemoigne le sous-réseau « Sea Star » qui s'implante à  Lorient, Toulon, mais également Bordeaux (Kœnigswerther) et Brest (Maurice Gillet - « Licorne ») se rattachent à celui-ci, auquel des émetteurs spécifiques sont livrés.
De fait tout le littoral français est surveillé, y compris la Méditerranée (Toulon et Marseille), mais aussi les plus petits ports comme  dans la Manche,  Port en Bessin par Thomine et son équipe de pêcheurs qui appartient au sous réseau Jardin.
Les bases maritimes  et sous marines  de la façade atlantique sont particulièrement surveillées  par Sea Star comme :
-Brest  avec un U-Bunker de 300/175/18 m,  avec 15 bassins qui accueille des u-boote (nom des sous marins allemands),   souvent attaqué par la RAF et USAAF
-Lorient  base bunker sous marine avec une U-flotille. Sur 168 présents à Lorient , 135 seront coulés ! 
La Rochelle : immense blockhaus   de 192/165/19m, destiné à abriter la 3e flottille de U-boots (109 unités) de la Kriegsmarine qui sera également bombardé
-Bordeaux: base de sous marins de 245/162/20m particulièrement protégée. De nombreux raids en 1943/44 mais souvent peu efficaces.

Tous les mouvements de navires et U-boot sont ainsi connus et transmis ainsi que construction et localisation  des bunkers de protection. Les renseignements fournis permettront de détruire de nombreux navires dont  822 U-boote et de bombarder régulièrement les installations maritimes allemandes.


  •  Sous Réseau Druide" : Georges Lamarque (novembre 1942/ septembre 1944) Louis de Clercq (adjoint - août / septembre 1944)
    =>créé dans le but de de faire basculer l'ensemble des Compagnons de France (17.000 hommes), dans la résistance, pour du renseignement, et, surtout,  pour un futur armement et des actions de sabotage et  de filiale d'évasion. En janvier 1944, les Compagnons sont dissous par Vichy, ce qui annule le projet de les armer et de les entraîner en prévision de la Libération. Lamarque, sur ordre de Marie-Madeleine Fourcade, basée à Londres, entreprend de continuer le renseignement avec les « Druides », quadrillant l'ensemble du territoire pour pallier la baisse des effectifs due à la lutte que mènent les Allemands contre l'Alliance et ses membres.


Georges Lamarque
est détaché par son ministère au Centre national des Compagnons de France dont il devient inspecteur général.
Il est recruté par Léon Faye et prend la direction du service radio du réseau après octobre 1942. En novembre, l'idée émerge de faire basculer l'ensemble des Compagnons de France, menacés de dissolution par le régime de Vichy, dans la résistance, potentiellement armée. Guillaume de Tournemire, chef des Compagnons, valide le futur recrutement de ses troupes, qui représentent alors 17 000 hommes ; Lamarque est chargé par la chef du réseau, Marie-Madeleine Fourcade, de prendre la tête de ce sous-réseau, baptisé "Druides", qu'il dirige sous son nouvel alias « Brenn »; il est détaché du service radio début 1943.
Lamarque échappe durant l'année 1943 aux grandes vagues d'arrestation qui frappent le réseau principal. Lorsque l'Alliance est dirigée après septembre par Paul Bernard, ce dernier écarte Lamarque de l'état-major.
En janvier 1944, les Compagnons sont dissous par Vichy, ce qui annule le projet de les armer et de les entraîner en prévision de la Libération. Paul Bernard est arrêté en mars ; Lamarque, sur ordre de Marie-Madeleine Fourcade, basée à Londres, entreprend de continuer le renseignement avec les "Druides", quadrillant l'ensemble du territoire pour pallier la baisse des effectifs due à la lutte que mènent les Allemands contre l'Alliance et ses membres.
Au cours de la Libération de la France, Lamarque suit Fourcade à Paris, puis vers l'Est, où leur PC est transféré ; il s'installe dans la région de Nancy pour continuer le renseignement derrière les lignes ennemies pour renseigner les Alliés par radio. Le 8 septembre 1944, leurs émissions sont repérées dans le village de Luze ; pour éviter des représailles contre les villageois, ils se laissent arrêter volontairement au lieu de s'enfuir et sont fusillés le soir même dans un champ voisin.

  • Sous-réseau "Pompiers de l'air" :   Jean Carayon (juin 1943 / juin 1944)
    => dédié  à la réactivation de l'armée de l'air
Un nouveau sous-réseau est créé en 1943 les "Pompiers de l'air", sous la direction du colonel Jean Carayon (« Phœnix »), nouveau secrétaire général de la Défense aérienne. Il doit préparer la réactivation de l'Armée de l'air, réserves comprises, ainsi que contrer l'action directe (départs) et indirecte (recherche des disparus dans les maquis) du STO ; les enquêtes officielles de la Défense aérienne sur les bombardements alliés sont transmis directement à l'Alliance, tout comme lui sont adressés tous les candidats au départ pour l'Afrique du Nord. Méric, convaincue par Faye, Lamarque et Carayon, doit proposer aux Anglais de prévoir l'armement des « Druides » et des « Pompiers de l'air »  en tout plus de 30 000 combattants potentiels. Cet armement des « Druides » et des « Pompiers de l'air » a été définitivement abandonné par les Alliés en 1944.

Cette nouvelle organisation décentralisée va permettre un accroissement du renseignement, une sécurité renforcée : les  nouveaux membres ne  connaissent pas les responsables d'Alliance, ni les autres structures. Une arrestation n'entraînera plus d'arrestations en chaîne.
Toutefois les arrestations seront encore trop nombreuses,  aussi au PC, on envisage de partager la responsabilité de la direction du réseau (cas de Paul Bernard

  • FINANCEMENT

Si  au départ, la plupart des agents travaillent bénévolement, très vite ils auront besoin de financement  d'abord couvert par l'aide attribuée à Loustaunau Lacau  à Vichy pour la Légion française des combattants.
Les besoins augmentent vite  avec la vie en clandestinité qui nécessite de trouver des logements, des véhicules, des faux papiers. Désormais des résistants sont engagés à plein temps, il faut leur fournir une aide financière  pour couvrir leur frais et protéger leur famille. En 1941 l'alliance avec l'Intelligence Service va permettre de résoudre ce problème financier. L'argent sera versé par divers moyens comme l'utilisation des Lysanders.

L'état major met donc en place un  véritable service financier  ou  "Pc trésorerie" dirigé par Marc Mesnard de Chal (mars 1941/ février 1943)  Félix Cros (mars 1943) Gilbert Beaujolin (avril 1943 / août 1944). 

Chaque mois le réseau reçoit 2 à  3 millions de francs (équivalent relatif à 625000 €) dont 600.000 francs consacrés à une aide aux familles en détresse après une arrestation.  Les fonds sont répartis équitablement en fonction des besoins et remis par l'intermédiaire des agents de liaison.

La somme allouée  est répartie selon des règles très précises en fonction des besoins de chaque région:

-Zone Nord  : 910.000  dont 200.000 pour radio et action, le reste pour 6 secteurs (200.000 pour secteur nord, 200.000 pour secteur nord,-ouest, 50.000 pour secteur Seine ...)
-Zone Sud Est   : 410.000  pour 4 secteurs
-Zone Sud Ouest  : 220.000  pour 2 secteurs
-Centrale : 1.300.000
dont  500.000 pour diverses actions, renseignement, radio, parachutages, atterrissages, sécurité, faux papier, évasions...et  800.000 pour le PC
Total de 2.840.000 francs

A titre d'exemple, pour des responsables clandestins, à plein temps :
- un chef de secteur, d'une grande ville reçoit  mensuellement 20.000 francs dont 5000 pour ses dépenses et  le reste pour  les agents et les frais de transport et autres.
-un opérateur radio  reçoit  mensuellement 2500 à 5000 francs.

MM Méric considère qu'un membre du réseau qui se montre trop attaché à l'argent,  trahira un jour si les allemands lui proposent davantage, aussi demeure-t-elle prudente.

Il faut noter que l'aide anglaise est particulièrement élevée, le BRCA de la France libre ne verse que de petites sommes...ainsi la Confrérie Notre-Dame (CND)ou  CND-Castille, réseau de renseignements français (1544 agents homologués) reçoit 150.000 francs.


Sources variées


Activités du réseau Alliance

Plan

1- LE RENSEIGNEMENT
2- LES COMMUNICATIONS
3- LES ACTIVITES DE RESISTANCE
4- ALLIANCE ET LES SERVICES SECRETS



1- LE RENSEIGNEMENT

Les anglais récoltent les fruits des renseignements  du réseau qui bénéficie d'une aide très importante des services secrets britanniques qui le qualifient de la plus efficace centrale indépendante de renseignements en France occupée.

A l'actif d'Alliance figurent notamment du renseignement militaire sur toit le territoire et en Afrique du Nord

  • Des transmission d'informations et relevés topographiques
    • mouvements, emplacement de bateaux, sous marins (U-Boots)  (activité du sous réseau "Sea Star"  implanté à Lorient, Toulon, Bordeaux, La Rochelle, Brest qui surveille les activités Tous les mouvements de navires et U-boot sont ainsi connus et transmis => voir le dossier organisation du réseau)
    • construction et localisation des emplacements défensifs comme le mur de l'Atlantique
    • activité, mouvement, emplacement des troupes nazies.
    • création de cartes, croquis des installations allemandes dans l'Ouest et sur le littoral atlantique et méditerranéen
    • Transfert d'une carte des côtes de la Manche précisant toutes les forces allemandes ce qui contribua au succès du grand débarquement  (Carte de R Douin)
    • Pendant l'été 1943, le réseau Alliance recueille des informations d'une grande importance sur l'existence d'armes secrètes (V1et V2) avec la découverte du laboratoire en Allemagne et la construction de plateformes de lancement en France. Des raids aériens britanniques détruiront un tiers des installations secrètes allemandes. (Alliance fut un des premiers réseaux à révéler les armes secrètes d’Hitler, les V1 et V2 qui seront lancés sur Londres de juin 44 à mars 45. )

  •  Des opérations en mer
    • bateaux  vers l’Angleterre en Bretagne (réseau Sibiril) en 1942/43
    • sous marins vers Gibraltar (5 et 7 novembre 1942)
    • enlèvement au Lavandou par vedette rapide britannique-février 1944
  • Des missions diverses
    •  l’organisation du passage du général Giraud vers l'Algérie en novembre 1942 et devient l’un des éléments de la résistance giraudiste. 
    • 14 opérations Lysander à Ussel dès avril 1942 (14 opérations, 54 passagers A/R)
    • chaînes de passage par les Pyrénées pour agents via Bézier et Oloron


En Normandie : du renseignement  militaire en particulier sur

2- LES COMMUNICATIONS

Les renseignements recueillis étaient essentiellement transmis aux alliés grâce aux émissions clandestines d'un  réseau d'appareils radios accrochés sur la Centrale de Londres.
Les moyens de communication avec les services alliés  pour transmettre les renseignements sont toutefois variés  mais nécessitent  de prévoir des lieux de parachutages, des terrains pour les atterrissages de Lysander, des lieux surs d’accostage pour des navires ...

Les principaux : 

-le courrier (d'octobre 1940 à avril 1944)  mais, c'est long avant d'arriver  à destination. C'est le premier moyen traditionnel de transmission qui, au début des années 40 s'effectuait soit par mer avec un départ de Bretagne ou Méditerranée, soit par terre en franchissant la frontière suisse ou espagnole avec ensuite un long parcours via le Portugal ou Gibraltar.
Le problème de ces transports étaient leur durée beaucoup trop longue et, de plus, se révélaient peu fiables. Il fallait souvent passer par des diplomates français complices ou par des ambassades

Les documents sont toujours codés :
- à l'encre sympathique était utilisée. Si l'encre sympathique est fournie parles anglais, il est facile de s'en fabriquer avec quelques produits pharmaceutiques.
- codés/chiffrés, souvent en morse avec transposition de lettres et chiffres que MM Méric maîtrise parfaitement. Il existe même de mini dictionnaires de codes  pour les novices.
Dans tous les cas aucun nom réel n'apparait (nom de personnes ou de lieux). Faye a même inventé le "code Corniche" qui cachait dans un texte en clair une phrase. Chiffrer et déchiffrer demandait compétence et efficacité

-Les émissions radio (d'avril 1941 à la Libération), octobre 1941 : 6 postes fonctionnent,  maximum 20  postes de radio en service en 1943. Lire notre Dossier "Radio"

-les parachutages de matériel avec comité de réception  à partir de 1941 (une trentaine en tout), qui   assuraient le ravitaillement en matériel radio, questionnaires, armes fonds, matériel de toutes sortes, livres, vêtements. C'est le nouveau groupe "Avia" qui s'en charge. Ainsi "Bla" l'agent britannique (en, fait, agent double) arrive ainsi le  5 aout 1941.

-Les opérations aériennes de Lysander  (ou Lizzies) permettant d'amener ou d'emmener des agents (Première opération en avril 1942 à Ussel ; au total, 14 opérations effectuées, pour 54 passagers) sont mis en place peu à peu. Le réseau, utilise en tout une dizaine de terrains, qui doivent être souvent abandonnés après une seule opération. Le Lysander est un avion capable de se poser et redécoller sur 300 mètres sur des terrains de fortune. il emportait du courrier, amenait ou expatriait des agents du Réseau ainsi que du matériel. C'est toujours  le nouveau groupe "Avia" qui s'en charge.

-autres moyens les navires,  parfois utilisés ponctuellement, au gré des circonstances : opérations de transfert de personnes par sous-marin (Le Lavandou, Le Cros-de-Cagne) ou par bateau (Carantec, Le Lavandou, Le Cros-de-Cagne), transport de courrier par bateau (Sète - Barcelone avec le "Coëtlogon" et le "Saint Brieuc").


3- LES ACTIVITES et l'ORGANISATION DE RESISTANCE

  • le Recrutement
Le recrutement se fait essentiellement par relation, directe ou indirecte. Toutefois certaines professions en rapport avec l'activité du réseau sont ciblées : officiers de l'armée, cheminots, représentants de commerce, qui voyageaient beaucoup et boutiquiers qui pouvaient servir de boîte à lettres.
Alliance recruta dans tous les milieux sociaux, religieux et politiques, auprès de la droite militaire et nationaliste, des communistes, des hauts fonctionnaires, des cadres, des artisans et des agriculteurs... La moitié des membres appartenait à la fonction publique en raison de leur position stratégique pour obtenir des renseignements, et plus du quart du réseau était composé de femmes .
  • les Activités 
Etre résistant n'est ni un métier, ni une activité ordinaire, aussi l'organisation est-elle spécifique au sein de ces groupes d'hommes et de femmes qui ont choisi de lutter contre l'occupant et s'opposer au gouvernement de Vichy. Comment agir pour une activité clandestine pour laquelle on a reçu aucune formation ? D'ailleurs, le terme même de Résistance n’existe pas.

 Les résistants sont classés selon leur activité :
    • "P0" qualifie les résistants ou agents occasionnels
    • "P1" concerne les résistants réguliers mais qui gardent leurs couverture de travail
    • "P2" qualifie ceux qui devaient entrer complètement en clandestinité , donc sans aucun revenu, aussi dépendaient-ils des aides financières du réseau
    • "sympathisant" est un terme ambigu qui concerne une personne plus ou moins proche d'un résistant (famille, ami, voisin, collègue) qui peut avoir fourni ponctuellement un service.

Le mot d’ordre est de conserver une vie banale pour préserver le plus longtemps possible les siens, aussi faut-il limiter les allées et venues trop nombreuses qui éveillent la curiosité de collègues ou de voisins. Ne rien faire pour se faire remarquer : recevoir trop de visites à des heures inhabituelles (donc avoir recours à des lieux neutres tels que des cafés pour se réunir). Changer d’adresse, revêtir une fausse identité devient le lot commun du résistant ce qui complique la tâche quand on sait que le système de cartes se généralise pour le ravitaillement, l’habillement… Pour circuler, le résistant adopte le mode de locomotion privilégié à l’époque : la bicyclette qui permet aussi de camoufler mots d’ordre et messages dans les pneus ou le guidon.

Les résistants ont des activités personnalisées et spécifiques :
    • chef de secteur : le responsable du petit groupe local : Caby à Villers Bocage

    • agent de renseignement : activité de base pour le résistant d'Alliance. La plupart des résistants cités sont des agents de renseignements. Il faut noter que pour certains leur métier favorise ce type d'activité : facteurs, pêcheurs, agriculteurs...
Exemples de documents réalisés par des agents de renseignements
 (ne proviennent pas du secteur Jardin)


relevé topographique d'atterrissage de Bouilhancy



Défenses allemandes de Saint Valéry

    • agent de liaison: personne qui transporte et délivre des messages (verbaux, instructions, rendez-vous, lettres souvent codés) donc c'est une sorte de facteur ! Ce sont souvent des jeunes gens âgés (18/25 ans) qui se déplacent discrètement à pied, à bicyclette, et par les transports publics dans des lieux qu'ils connaissent parfaitement. Par sécurité on accepte pas les retards de plus d'un 1/4 d'heure. Ces agents de liaison déposent leur message dans "les boîtes aux lettres". Discrétion, courage, disponibilité, rapidité, sont autant de qualités requises. C’est pourquoi ce sont presque toujours de jeunes garçons et filles capables de passer leurs journées en courses harassantes ou de faire des voyages longs et pénibles dans les trains où ils doivent se méfier de leurs voisins.
 Jean Truffaut alias "Tadorne" est l'agent de liaison du groupe, il en a le profil type : jeune (22 ans) célibataire, résidant à Carentan mais étudiant à Paris qui doit donc se déplacer entre ses villes.


exemple de message décodé




    • la "boîte aux lettres" C'est le complément indispensable de l'agent de liaison. Elle est réalisée par un résistant dont le métier est compatible avec cette activité comme commerçant qui a des contacts fréquents. Cette boîte vivante reçoit et transmet le message à un autre agent, souvent un responsable. Cette boîte peut être "statique" ou "morte", sous la forme de l'habituelle boîte à lettre d'un couloir d'immeuble par exemple ou dans une cachette à la campagne. L'agent de liaison peut aussi être une femme qui n'attire pas l'attention

       Maurice Primault est la boîte aux lettres à Caen, il a le profil type : chef de service du rayon marine de la quincaillerie Legallais-Bouchard à Caen aussi voit-il passer beaucoup de monde dans ce grand magasin très connu.

    • opérateur Radio : un rôle stratégique et fondamental qui nécessite des compétences spécifiques pour communiquer avec Londres. Ainsi Jean Caby par son métier est à la fois opérateur à Villers Bocage et le dépanneur radio du groupe.  Ferdinand Rodriguez dit Pie, est le responsable des transmetteurs pour la France, il transporte un peu partout en France des émetteurs radio (à Bayeux). Il assure ses propres émissions du PC et met au point un un système de coordination entre le PC et chaque secteur, ce qui se révèle très efficace. Robert Douin émettait également en radio vers Londres via un émetteur radio dans le clocher de l’église Saint-Nicolas, à Caen.
exemple de message codé transmis par radio



    • autres activités spécifiques comme 
      •  "agent de sécurité"
      •  "agent d'hébergement" 



4- ALLIANCE ET LES SERVICES SECRETS

L'objectif principal est  le renseignement, mais  qui renseigne-t-on ?

  • Alliance et les services secrets
    • les services secrets français

      • Le deuxième bureau
        Il est en charge du renseignement sur les autres nations. Après la défaite de juin 1940, le gouvernement de Vichy continua d’utiliser ces services, entre autres pour la répression des résistants et communistes. Cependant, nombre d’agents des services de renseignements eurent tôt fait de jouer un double jeu dès 1941. Ils aidaient la cause des Alliés soit en les renseignant, soit en nuisant aux activités de l’occupant. 

      • Le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA)  à Londres
         De leur côté, les Français libres créent le BCRA ( Bureau Central de Renseignement et d’Action ) à Londres en communication continue avec les gaullistes. Finalement, tous les services de renseignement des Français libres furent fusionnés dans la Direction générale des Services Spéciaux, sous l’autorité de Jacques Soustelle. Après des discussions à Londres Marie Madeleine Méric-Fourcade décide de rejoindre le BCRA, dirigé par le colonel Passy. L'intégration eu lieu en mars 1944, lors de la fusion entre les services d’Alger et ceux de Jacques Soustelle Londres. 

    • Les services secrets anglais

      •  le  Special Operations Executive (SOE) , est créé en juillet 1940, destiné à l'action. Il existe plusieurs sections contrôlant l'action en France, principalement la section F, la section RF et AMF.
        La  section F, qui agit sans coordination avec la France libre, est confiée en  novembre  1941  à  Maurice Buckmaster . Des agents parachutés recrutent de nombreux agents en France qui dépendent directement des Britanniques tout au long de la guerre. La section  F  a suscité la colère du général de Gaulle, qui a demandé, en vain, sa suppression. De Gaulle ne supportait pas qu'il y eût des réseaux agissant en France hors du contrôle de la France libre. La section  RF, créée plus tard, coopère avec le  BCRA. La section  AMF, basée à  Alger, après avoir brièvement collaboré avec les giraudistes, se met au service des gaullistes.
        Selon l'historien britannique Michael R. D. Foot, le SOE a envoyé en France  1  800  agents, dont  1  750  hommes  et cinquante femmes, pendant la durée du conflit.. Les agents du SOE ont armé  250  000  résistants  français, et se sont livrés à d'efficaces opérations de sabotage. . 
      •  le  M16  (l’Intelligence Service) a pour mission le renseignement. Une partie des services  travaille directement avec le BRCA, et, un autre, dirigée par Kenneth Cohen agit directement avec plusieurs réseaux en France et les soutient, notamment  Alliance. 

      •  le  MI9  est chargé des évasions des soldats alliés.

    • Qui profite des renseignements d'Alliance ?

       Loustaunau-Lacau se rend à Lisbonne,  pour rencontrer Kenneth Cohen, du MI6   le 14 avril 1941, la négociation dure  trois jours.  "Crane"  (nom de code de Cohen) souhaite que le réseau s'occupe avant tout de renseignements, Loustaunau-Lacau obtient que les services britanniques avancent les sommes nécessaires au développement du réseau. Loustaunau-Lacau explique également qu'il continuera à aider les envoyés de De Gaulle, et qu'il le tiendra au courant des activités du réseau, par l'intermédiaire de Fourcaud. Crane accepte ces requêtes, à condition que les Britanniques soient toujours les premiers informés des renseignements obtenus. Un nouveau système de récolte d'informations codées est mis au point. Les Anglais fournissent à Loustaunau-Lacau un poste-émetteur, permettant enfin la transmission rapide des informations, ainsi que cinq millions de francs. Toutefois, par sécurité, . Loustaunau-Lacau ne donne aux Anglais aucun renseignement sur les personnes qui composent le réseau.

      En 1942, Faye rencontre de Gaulle  ce qui améliore les rapports entre Alliance et les gaullistes, toutefois  les autres réseaux critiquent leur  (ancienne) proximité  avec  Vichy et leur  leur soumission à l'autorité britannique...

      En 1943,  Marie-Madeleine Méric  à Londres, a de mauvais rapports avec les différents services de renseignements de la France libre : d'une part, le BCRA reproche à l'Alliance de ne jamais directement fournir de renseignements à la résistance gaulliste ; d'autre part, les services giraudistes estiment qu'ils n'ont pas à apporter de moyens à une organisation dont ils récupèrent de toute manière les renseignements par l'entremise de l'IS. Les relations entre les membres du réseau établis à Londres et les représentants de la France libre sont donc plutôt antagonistes, au mieux inexistantes...

      En Mai 1944, le réseau Alliance s’unit au B.C.R.A.  de De Gaulle  de la France libre qu’au moment de la fusion entre les services d’Alger et ceux de Londres.

Biographie des principaux dirigeants d'Alliance

 Biographie simplifiée des responsables d'Alliance

=> Cliquer sur le lien du nom du titre, pour obtenir notre biographie détaillée 

Georges Loustaunau-Lacau (fondateur)      Marie-Madeleine Méric (1940-1943 / 1944-1945)
Léon Faye (1941-1943)  Paul Bernard (1943-1944)  Jean Roger "Sainteny" (1944)  

 Georges Loustaunau-Lacau
 

Marie-Madeleine Méric- Fourcade

Léon Faye 


Né en 1894, il rentre à Saint-Cyr en 1912 et fut le condisciple de Charles de Gaulle à l'École de guerre. 
 Homme politique d’extrême droite, il a créé l'Union militaire française (UMF)  en 1938 dont l'objectif était la surveillance et dénonciation de l'infiltration communiste dans l'armée française. En 1940, il accuse le commandement de trahison, est incarcéré pour son insubordination, libéré le 10 mai 1940, il repart au front,  blessé, il est fait prisonnier mais s'évade et rejoint la zone libre.

Il ne veut pas rejoindre Londres, préférant Vichy. En effet, Loustaunau-Lacau est un proche de Pétain. Il est alors nommé par le gouvernement, Délégué général de la Légion Française des Combattants . Il y voit le moyen de constituer autour d'officiers le rassemblement de la revanche et de mettre sur pied un  réseau de renseignements militaires.  Il agit dans un sens à la fois anti-allemand et  anti-communiste.
 La rupture est inévitable  avec Vichy qui collabore et Loustaunau-Lacau crée le réseau "Croisade" (qui deviendra "Alliance"), afin d'accueillir démobilisés, réfugies, évadés...
Il demande à Marie-Madeleine Méric, son adjointe, de mettre au point le futur réseau et commence à établir des contacts avec Londres pour informer les Britanniques de la création du réseau, et assurer de Gaulle de sa coopération pour la poursuite des combats. Il pense qu' un commandement clandestin en France est nécessaire, et, de plus, ne veut pas être soumis  à De Gaulle qui, à ses yeux, n' a pas les moyens de l'aider financièrement et  matériellement. De Gaulle refuse toute  coopération.
Loustaunau-Lacau part à Lisbonne en Avril 1941  pour rencontrer  l'Intelligence Service avec qui il s'accorde :  désormais il recevra l'aide des anglais et renseignera directement l’Intelligence service britannique.

Dès 1941, Loustaunau-Lacau est recherché par les Allemands. Il passe en Afrique du Nord pour préparer un soulèvement mais échoue. Il rentre en France et se cache dans la zone libre.
Capturé le 18 juillet 1941 à Pau (condamné à 2 ans de prison  puis transféré en hôtel prison). Il s'échappe en 1942 mais se rend pour éviter des ennuis à sa famille, Vichy le livre  à la Gestapo en mars 1943, torturé interrogé 54 fois en n’ayant jamais livré la moindre information, il est déporté en 1943 à Mauthausen. 

D'abord pétainiste, puis giraudiste, Georges Loustanau-Lacau se ralliera au général De Gaulle début 1944. Après la guerre il débute une nouvelle carrière politique ; il est élu en 1951 député des Basses-Pyrénées atlantiques (groupe des Français Indépendants).
ll meurt à Paris le 11 février 1955 .
"Elle est le chef d'État-major, le pivot sans lequel rien ne peut tourner: elle a une mémoire d'éléphant, une prudence de serpent, un instinct de fouine, une persévérance de taupe et elle peut être méchante comme une panthère". (Citation de Laustaunau Lacau)

 Née en 1909, elle épousera le colonel Méric,  puis  prendra le nom de Fourcade en 1947 après son remariage. Journaliste, en 1936, elle rencontre Georges Loustaunau-Lacau et Charles de Gaulle.
Chef d’état-major clandestin de Loustaunau-Lacau qu’elle remplace après son arrestation en juillet 1941 à la tête du réseau dont le commandant Léon Faye est le chef militaire. 
Elle fait de ce réseau, au service de l’Intelligence Service britannique, l’Arche de Noé, forte de 3000 agents de "L’Armée des ombres".
En juillet 1941 elle parvient  à ne pas être arrêtée à Pau  et rejoint l'Espagne, elle retourne en France en décembre. Arrêtée à Marseille avec son état-major le 10 novembre 1942, elle s'évade. Elle continue de développer le réseau en changeant d'adresse de PC : Corrèze, Dordogne, Lyon, Paris.
Par sécurité, elle rejoint Londres le 18 juillet  1943  d'où elle dirige le réseau, sous le pseudonyme "Hérisson" jusqu'à la capitulation allemande.
En juillet 1944, elle rejoint Aix-en-Provence où elle est à nouveau capturée. Incarcéré, elle réussit, à s'évader  et prévient  les membres de son réseau de la souricière qui les attend. 

 Après la victoire  elle s'investira dans le travail de mémoire de la Résistance et en particulier dans celui des membres de son réseau « Je voudrais qu'on ne les oubliât pas et qu'on comprît surtout quelle était la divine flamme qui les animait ». En 1947, elle prend fait et cause pour le Général de Gaulle et sera désormais gaulliste. De décembre 1962 à juillet 1989, elle préside le Comité d'Action de la Résistance (CAR). Décédée en 1989, les honneurs militaires lui ont été rendus en la cathédrale Saint-Louis des Invalides. 

Elle est la seule femme à avoir dirigé un grand réseau de résistance en France.

Né en 1899 Léon Faye s’engage  dés 17 ans dans la guerre. En mars 1940, le commandant Léon Faye est affecté à l’état major du commandement de l’Air en Algérie. Il rencontre Marie-Madeleine Méric-Fourcade en janvier 1941 à Vichy et entre dans le réseau alliance. Sous le pseudonyme Aigle, il développe le réseau en Afrique du Nord et en devint le chef en 1942.
 Il fut arrêté plusieurs fois :
-en mai 1941 à  Alger puis relâché et  à nouveau en  juillet 1941 à Pau, il sera jugé  à  Clermont Ferrand  et condamné à 5 mois de prison
-le 7  nov 1942, arrêté  à Marseille par les allemands il est emprisonné mais s'évade de la prison de Vals
 (se rend ensuite à Alger et Londres) 
-le 18 mai 1943 à nouveau arrêté  à Lyon par la police de Vichy , il s'évadera encore
. 
Il fut le responsable militaire du réseau Alliance de mai 1942 à juillet 1943, puis son chef de juillet à septembre 
Le 16 septembre 1943 de retour d’une mission en Angleterre, Faye est arrêté en gare d’Aulnay-sous-Bois par le SD allemand sur dénonciation d’un infiltré dans le réseau Alliance.

 Léon Faye fut déporté en Allemagne en décembre 1943, jugé en juin 1944, il fut condamné à mort et a été fusillé le 30 janvier 1945. 

Léon FAYE a été le coordinateur de terrain des principales actions du réseau. Il en était, plus que le ministre de la guerre, en fait  il animait une codirection du réseau avec Marie-Madeleine Méric- Fourcade.
Paul Bernard


Jean Roger "Sainteny"

Édouard Kauffmann

Paul Bernard, né en 1892  est ancien élève de l'École polytechnique

Il e est contacté au moment même de sa création par le réseau Allaince , créé par Georges Loustaunau-Lacau en 1940 ; il est considéré comme une recrue potentielle mais pas tout de suite intégré au réseau, qui préfère le laisser dans l'ombre pour préserver ses fonctions officielles.
En mars 1943, Marie-Madeleine Fourcade, devenue chef du réseau suite à l'arrestation de  Georges Loustaunau-Lacau en 1940, fait de Bernard son successeur potentiel officiel. En juillet 1943, au départ de Fourcade pour Londres, Paul Bernard prend donc la tête de l'activité de renseignement sous le nom de code de « Martinet. Léon Faye, chef militaire du réseau, conserve toutefois sa direction. En septembre de la même année, Faye est arrêté par la Gestapo, et Bernard le remplace ; sa nomination est confirmée par le général Giraud, auquel est alors rattaché le réseau. Il applique dès lors une décentralisation totale des différents secteurs, mais se brouille avec certains de ses subordonnés (tels Georges Lamarque ou Jean Sainteny).

Le 17 mars 1944 à Paris, Paul Bernard est arrêté par la Gestapo qui l'interroge et le torture. N'avouant rien, il est incarcéré  à Fresnes puis déporté le 8 avril à la prison de Kehl où il est brutalisé et soumis au régime « Nuit et brouillard ». Le 13 novembre 1944, il est transféré à la prison de Moabit, à Berlin, d'où il sort le 22 avril 1945, lorsque les Allemands libèrent tous les prisonniers. Après avoir subi les combats extrêmement violents de la dernière heure à Berlin, il est finalement rapatrié à Paris par un avion américain en juin 1945.

Il a fondé en 1946 et présidé jusqu'à sa mort la compagnie aérienne Transports aériens intercontinentaux (TAI) absorbée depuis par Air France.
Jean Roger « Sainteny » « Dragon né en 1907, décédé en 1978

Démobilisé en 1940, il rejoint la Résistance dans le Cotentin. Il est contacté dès octobre 1940 par le commandant Georges Loustaunau-Lacau, qui est en train de monter un réseau de renseignement avec l'aide (plus ou moins volontaire) des autorités vichystes. Jean Roger n'est pas alors rattaché au réseau qui deviendra l'Alliance, et reste dans le Cotentin. Arrêté en septembre 1941, il est relâché faute de preuves. Lui et son groupe normand rejoignent le réseau Alliance début 1942, Roger conservant le contrôle du secteur du Cotentin.

" Dragon" (nom de code qui lui est attribué) devient peu après le responsable de la Normandie au complet. Arrêté une nouvelle fois en septembre 1943, il s'échappe et passe dans la clandestinité, sous le nom de Sainteny. Parti à Londres en mars 1944, alors que le réseau est quasiment démantelé par les arrestations de ses chefs successifs (Léon Faye en septembre 1943, Paul Bernard en mars 1944), Roger retourne en France sur ordre de Marie-Madeleine Fourcade, chef historique du réseau, afin de prendre la tête des effectifs survivants en zone occupée.

Son travail est efficace, permettant à neuf émetteurs de transmettre les renseignements. Mais à la suite du recrutement d'un radio agent double, Roger et la plupart de ses agents sont arrêtés en le 7 juin.

Évadé le 4 juillet de la rue des Saussaies, il retrouve à la fin du mois Fourcade à Paris, qui vient reprendre en main la totalité du réseau.  Jean Roger est chargé de transporter une partie du courrier à travers la ligne de front. Roger effectue par deux fois ce trajet dangereux, apportant notamment au général Patton les renseignements qui lui permettront d'investir Paris.
 Jean Roger  prit la codirection du réseau avec Marie Madeleine Méric de septembre 1944 jusqu’à la libération.

Après la libération de Paris, Jean Roger permet l'arrestation de Jean-Paul Lien, agent double de l'Abwehr qui avait permis la capture de Léon Faye et les arrestations qui ont suivi en septembre 1943.


Lire notre fiche pour sa biographie en liaison avec son activité  avec le réseau Alliance secteur Ferme

Édouard Kauffmann, né en 1895 à Paris, fait des études militaire à Saint-Cyr, il sert au Maroc jusqu'en 1933. Il y rencontre son ami le capitaine Léon Faye, dont il est le supérieur. ll est promu commandant et  part ensuite, de 1936 à 1939 en Indochine française, en tant que commandant d'escadre, où il obtient le grade de lieutenant-colonel.
Il rentre d'Indochine en septembre 1939, pour prendre le commandement d'une unité aérienne jusqu'en mai 1940.

En février 1942, Edouard Kauffmann devient « Criquet » en entrant dans le réseau de Alliance, sur proposition de son ami, Léon Faye, D'abord responsable du secteur Dordogne, il prend en charge la région sud-ouest. En janvier 1943, sa famille est arrêtée par la Gestapo ; lui-même échappe de peu à l'arrestation et part suivre sa chef, Marie-Madeleine Fourcade, à Lyon où il devient le chef d'état-major du réseau en zone libre. Il échappe une nouvelle fois à l'arrestation en février. 
Prenant en charge la région Centre, il devient par ailleurs le chef de l'équipe des "Apaches", groupe constitué pour organiser la sécurité des opérations et les actions. Arrêté le 19 mai 1943 avec Faye et deux autres membres du réseau, il parvient à s'échapper avec eux.
En 1943, Marie-Madeleine Fourcade convoque les principaux chefs de secteurs rue Raynouard, à Paris et  présente son potentiel successeur, Paul Bernard, et annonce son départ pour Londres ; Léon Faye, chef militaire du réseau, prend alors le commandement. Kauffmann exprime à Fourcade son désappointement de ne pas avoir été envisagé comme successeur.

Kauffmann est arrêté, le 21 septembre 1943, par le SD de Vichy, avec onze de ses agents. Transféré le 16 décembre 1943 à la prison de Kehl (Bade-Wurtemberg), il est exécuté à la prison de Fribourg-en-Brisgau le 28 novembre 1944.


De nombreux résistants ont  joué un rôle important dans le réseau Alliance.
Ils ne peuvent être cités ici.

Voir en complément Wikipédia







Edouard Kauffmann

Kauffmann n'a pas été dirigeant d'Alliance, à son grand regret, mais il a joué un rôle important et a eu de grandes responsabilités

Un militaire brillant

Édouard Kauffmann, né en 1895 à Paris, fait des études militaires. Promu lieutenant en 1917, il fait Saint-Cyr en 1919, devient capitaine en 1923, il sert au Maroc jusqu'en 1933. Il y rencontre son ami le capitaine Léon Faye, dont il est le supérieur. ll est promu commandant en 1930, . il part ensuite, de 1936 à 1939 en Indochine française, en tant que commandant d'escadre, où il obtient le grade de lieutenant-colonel.
Il rentre d'Indochine en septembre 1939, pour prendre le commandement d'une unité aérienne jusqu'en mai 1940. En désaccord avec sa hiérarchie, il demande sa mise en congé le 16 octobre 1940, et se retire à Sarlat

Résistant à Alliance où il a de nombreuses responsabilités

En février 1942, Edouard Kauffmann devient « Criquet » en entrant dans le réseau de Alliance, sur proposition de son ami, Léon Faye, chef d'état-major du réseau. D'abord responsable du secteur Dordogne, il prend en charge la région sud-ouest. En janvier 1943, sa famille est arrêtée par la Gestapo ; lui-même échappe de peu à l'arrestation et part suivre sa chef, Marie-Madeleine Fourcade, à Lyon où il devient le chef d'état-major du réseau en zone libre. Il échappe une nouvelle fois à l'arrestation en février. 

Prenant en charge la région Centre, il devient par ailleurs le chef de l'équipe des "Apaches", groupe constitué pour organiser la sécurité des opérations et les actions. Arrêté le 19 mai 1943 avec Faye et deux autres membres du réseau, il parvient à s'échapper avec eux.

Le 16 juillet 1943, Marie-Madeleine Fourcade convoque les principaux chefs de secteurs rue Raynouard, à Paris. Elle présente son potentiel successeur, Paul Bernard, et annonce son départ pour Londres ; Léon Faye, chef militaire du réseau, prend alors le commandement. Kauffmann exprime à Fourcade son désappointement de ne pas avoir été envisagé comme successeur.

Parti en août à Londres, Léon Faye est arrêté à son retour en France. Kauffmann est arrêté peu après, le 21 septembre 1943, par le SD de Vichy, avec onze de ses agents. Transféré le 16 décembre 1943 à la prison de Kehl (Bade-Wurtemberg), il est exécuté à la prison de Fribourg-en-Brisgau le 28 novembre 1944.


Sources