DOUIN Robert

DOUIN Robert alias « Civette »

Résistant Secteur Ferme,  responsable du secteur "Jardin" groupe de Caen 

  • DOUIN Robert, Raoul, Charles, Joseph
  • Né le 4 juillet 1891 à Caen
  • Fils de Raoul Joseph, sculpteur, âgé de 35 ans et de Maria Anna Maier, âgée de 30 ans
  • Marié le 27 mars 1916 à Caen avec Maria Langlois, 2 enfants
  • Profession :artiste sculpteur, professeur et directeur de l’école des Beaux Arts à Caen
  • Résidant à Caen
  • Ancien combattant de 1914-1918
  • Résistant en1940 dans l’organisation de résistance "l’Armée des Volontaires" qui collectait des renseignements sur l’armée allemande et les usines travaillant pour le Reich
  • En 1942 rejoint le réseau "Alliance", dont il devint chef du secteur de Caen et du Calvados (Jardin F3). Membre également du réseau Centurie (chaque réseau ignorant son appartenance à l’autre). 
  • Profitant de ses nombreux déplacements pour restaurer des monuments sur la région, pour restaurer des œuvres d'art pour l'entreprise Roger Martin, avenue Albert Sorel, il effectue des relevés des fortifications allemandes le long de la côte du Calvados et en transmet les plans à Londres. Lors des vacances scolaires, son fils Rémy, âgé de 14 ans en 1941, l’accompagne. 
  • Emettait en radio vers Londres via un émetteur radio dans le clocher de l’église Saint-Nicolas, à Caen.
  • Pour le réseau Alliance, il centralise tous les renseignements relevés par les agents et lui même.
  • Utilisant les cartes d’Etat major au 1/10 000 (1cm pour 100 m), il indique sur des calques, les relevés des défenses faits dans la journée par lui ou par ses agents. Les plans sont soigneusement mis dans un cylindre dissimulé dans une gouttière. Il a établi  une carte de 17 mètres de long, destinée à l’Intelligence Service de Londres. Ces plans sont récupérés par un agent de liaison puis acheminés vers Londres via  un avion Lysander, ceci une semaine avant son arrestation
  • Arrêté le 17 mars 1944  près du stade Hélitas  par la Gestapo et interné à la maison d’arrêt de Caen. 
  • Fusillé le 6 juin 1944, dans une cour de la Prison de Caen. Inhumé provisoirement dans la cour de la prison puis le  30 juin  exhumé et transporté par les allemands dans un autre endroit inconnu. Les corps des victimes du massacre n’ont pas encore été retrouvés.

  • Une plaque à son nom et celui de son père Raoul est apposée à l’entrée du cimetière Saint-Nicolas de Caen, à côté de l’église du même nom, dans la rue d’Hastings. Elle fut inaugurée le samedi 9 juillet 1960. Les portraits de Raoul et Robert Douin y figurent. L’inscription est la suivante : « A Raoul et Robert Douin sculpteurs, anciens professeurs et directeurs de l’école des Beaux-Arts de Caen – L’association amicale de leurs anciens élèves – Souvenir – Robert Douin, résistant, mort pour la France » Il existe également aujourd'hui à Caen un petit square Raoul et Robert Douin dans le quartier Saint-Gabriel.
  • Il fut honoré à titre posthume de la médaille de la Résistance avec rosette en octobre 1945 et du titre de chevalier de la légion d'honneur en juin 1947.

Attestation d'appartenance au réseau de renseignements Alliance de Robert Douin émise le 4 décembre 1950, SHD/DAVCC, AC 21P 636548





Fiche de renseignement concernant Robert Douin établie après son arrestation le 17 mars 1944
, AD14, 1166W/26



Messages de Robert Douin écrits en prison avec un outil perforant, à destination de son épouse qui devait repasser au crayon





INTERROGATOIRE : SYNTHESE

Robert Douin reconnait son activité de résistant. D'abord au sein du  mouvement "Résistance" qu'il quitte en 1943 au profit d'Alliance par l'intermédiaire de Couliboeuf et Dragon. Il dessine des cartes qu'il remet à Truffaut en précisant qu'elles étaient "approximatives" :"Les informations étaient bien sûr très vagues et seulement approximatives, car l'activité était extrêmement dangereuse pour moi.". Il a eu des contacts avec Primault "la boîte aux lettres de l'organisatíon",  Gaby  qui "devait se charger de faire fonctionner un émetteur mis à la disposition de l'organisation", Thomine qui " m'a également envoyé deux fois des informations sur les fortifications côtières.",  Lebaron qui "m'a apporté deux fois des messages de nature militaire au nom de Gaby.".
Il évoque aussi  :
-l'armement : "Aucun des membres de ma section n'était armé. Cependant, comme Tadorne me l'a dit, il était prévu de les armer. ll m'a même demandé de contacter les groupes de résistance pour déterminer leur force dans le but de les armer plus tard. Je crois qu'en fait, le mouvement auquel j'appartenais avait l'intention d'armer tous les autres groupes de résistance."
-le débarquement : "Je n'ai reçu aucune instruction particulière pour le cas de débarquement des Anglais. Tadorne m'a seulement dit que je serais averti 48 heures à l'avance."
-De Touchet  : "un capitaine à la retraite est nommé à la tête du département du Calvados, il ne fait aucun doute pour moi qu'il s'agit de l'actuel major de Touchet à la retraite"

Au total, R Douin cite 7 noms, mais parle surtout de Couliboeuf et Caby. Ce qu'il dit est déjà parfaitement connu  par la Gestapo. Aucune révélation dans son témoignage. Le seul aspect "nouveau" dans l'interrogatoire concerne l'armement avec une affirmation forte : "Aucun des membres de ma section n'était armé."
Cinq résistants  vont évoquer le nom de Douin dans leurs interrogatoires: surtout Caby, mais aussi Truffaut, Thomine, Primault et Lebaron.
En fait, il existe un réel croisement dans les noms cités par les uns et les autres.




  • 3 RETRANSCRIPTIONS  ( 16 -18  mars 1944 )
Blitz-Paris Nr. 22 097, 16.03.44, 1315 – Rue

Au commandant de la police de Sécurité (Sip0) et au service de sécurité (SD) de Rouen - secret

Objet : cas d'espionnage "Alliance"

Vorg :  sans

A l'occasion d'un contrôle le 14.3 .44 de nombreux documents d'espionnage ont été trouvés et saisis chez le ressortissant français TRUFFAUT Jean, résidant à Carentan (Manche). 13 rue de Sebline. Lors de son interrogatoire. il a déclaré qu'il était un agent de liaison entre Caen. Cherbourg et Paris. A Caen ou à Cherbourg. le matériel lui a été remis avec l'ordre de l'apporter à Paris.

Le matériel saisi est un plan détaillé de toutes les installations navales de Cherbourg et une liste de tous les navires présents dans le port.

Les personnes suivantes sont membres de l'organisation ND (ND-Organisation) :

Caen :Chef : DOUIN, Robert, tailleur de pierre, domicilié à Caen, 33 rue de Geole
Opérateur Radio : Gaby, nom de code "Emouchet", électricien, domicilié à Villers-Bocage [Calvados]
Agent : THOMINE. Georges, nom de code "Cachalot", domicilié à Port-en-Bassin, 5 rue de la mer, Calvados.
Intermédiaire : (Passeur d'agents) Comte de Saint Pol. propriétaire du château d'Amayé A emmené HAVART Roger, également en détention, chez l'opérateur radio GABY.


et

Blitz-BdS-Paris Nr. 22 3399 du 16.03.44, 2246 – UL

Au commandant de la police de sécurité (Sipo) et au service de sécurité (SD) de Rouen – secret

Urgent à soumettre immédiatement

Objet : Cas d'espionnage "Alliance "

Vorg: Blitz-FS du 16.03.44

L'enquête dans l'affaire susmentionnée a révélé ce qui suit:

Coliboeuf, professeur d'école, âgé d'environ 45 ans, domicilié à Formigny près de Caen, était l'ancien chef. Il a été remplacé par Douin, déjà mentionné dans mon premier FS, car ce premier était prétendument en danger.

Le chef principal, ROGER, alias "Lenormand", alias "Dragon ", âgé d'environ 35 ans, 1m76, mince, est propriétaire d'un domaine près de Formigny (Calvados). ROGER est à rechercher en particulier.

Robert DOUIN, tailleur de pierre, domicilié à Caen, 33 rue de Geole, déjà mentionné dans mon premier FS, a utilisé un certain PRIMO (vrai nom) comme boîte aux lettres. Lieu de résidence n'est pas connu. DOUIN doit cependant être capable de l'indiquer.

et

Caen, le 18 mars 1944

Les personnes suivantes ont été arrêtées le 16.3.44 suite au télex du BdS N° 22097 :

DOUIN, Robert, né le 4.7.91 à Caen, domicilié à Caen, 33 rue de Geole
CABY, Jean, né le 8.12.11 à Paris, domicilié à Villers-Bocage
THOMINE, Georges, né le 25.6.06 à Port-en-Bessin, domicilié à Port-en-Bessin
SAINT PAUL, Guy, né le 22.3.14 à Curcy, domicilié à Amayé-sur-Seulles

Lors de l'examen physique de CABY des documents ont été trouvés qui indiquent clairement une activité au sein d'une organisation.

Tous les détenus nient fermement d'avoir déjà traité de l'espionnage.

Tous ont fait l'objet de recherches approfondies de leur domicile, mais sans succès.

Chef de service


  • RAPPORT FINAL ALLEMAND traduit


    1/ Le véritable patron s'est avéré être le sculpteur

    Robert Douin, né le O4/07/91 à Caen,
    marié, 2 enfants âgés de 17 et 19 ans.
    catholique; domicilié à Caen,
    33, rue de Geole.

    Il est déclaré coupable et avoue avoir rejoint dès octobre 1942 un groupe de résistance de la "Résistance" à Caen, dont les dirigeants sont en fuite depuis que les forces locales les ont saisi en novembre 1943.

    D'après ses propres informations, Douin avait déjà à |'époque fourni au Français en fuite Duchez des plans de positions de batteries et de mitrailleuses et de fortifications côtières. Douin veut avoir quitté la "résistance" en juin 1943, car selon lui elle s'était trop liée au côté anglais. (p.9 et 10 du A.).


    En mai 1943, afin d'obtenir des informations sur certaines installations du littoral, Douin est présenté au professeur Couliboeuf, qui le présente à son tour au chef de l'organisation de la "ferme" Roger, alors appelée "Guillaume". Après quelques réticences initiales, Douin accepte de rejoindre le service de renseignements de Roger, le but du recrutement de Douin par l'organisation étant apparemment d'avoir un homme qui puisse leur fournir des cartes précises de la région de Cabourg à Isigny. Par ailleurs, Douin devait prendre la moitié de cet espace, tandis que Couliboeuf devait prendre la moitié plus à l'ouest et probablement une partie du département de la Manche. Cependant, depuis la fuite de Couliboeuf suite aux arrestations effectuées par la police à Paris en novembre dernier, Douin a repris sans plus attendre toute la moitié ouest de la section côtière du département du Calvados.

    Selon ses propres aveux, il a lui-même cartographié toute la section, sur une très grande échelle, et y a marqué les positions militaires et les mouvements de troupes obtenus sur la base de sa propre reconnaissance ou des communications de ses sous-agents.

    Douin a été reconnu à la fois par les dirigeants de l'organisation et par les autres agents de
    l'organisation comme le chef du département du Calvados. Pour sa part, bien qu'il n'ait pas recruté de membres, il les a néanmoins suivis de très près après leur prise en charge et leur a donné des instructions régulièrement. C'est lui, par exemple, qui, en janvier de cette année, a transmis à Caby les ordres de recrutement ordonnés par Paris.

    Après l'évasion de Couliboeuf, il compte parmi ses collaborateurs Caby, Le Baron, Thomine et Primault. Son agent principal est sans doute Caby, qui lui apporte régulièrement des nouvelles, notamment sur les mouvements de troupes, soit lui-même, soit par l'intermédiaire de Le Baron. Primault, d'abord boîte aux lettres, a été ensuite de plus en plus abandonné, bien que Douin lui ait versé un total de 1000 frs. pour ses services. (page 11 et 12 du A.)



    Dns l'organisation, Douin avait le nom de code "Civette. Douin n'est entré en contact qu'une seule fois avec un membre du groupe du Département Seine Inférieur avec le pseudonyme "Cactus", mais sans pouvoir donner plus de détails.

    Selon la structure du service de renseignement Giraud pour le département du Calvados, connue parles informations du colonel Faye, le chef, avec le numéro de code F3, est censé être un capitaine à la retraite à Caen. (p.4 d.A.) Truffault al. Tadorne, qui, du fait de son activité de coursier, connaissait toute l'organisation, comme le révèlent ses informations, semble cependant également incapable d'indiquer qui est ce capitaine à la retraite.

    Douin, pour sa part, interrogé explicitement ( p. 13 du A.), a déclaré que Roger lui avait dit, lorsqu’il avait pris la direction du groupe local, que s'il avait des difficultés, il devait contacter un officier à la retraite nommé de Touchet, qui vivait près de la gare de Saint-Martin à Caen.

    Douin affirme de manière crédible qu'il n'a jamais été en contact avec ce dernier, mais il est fermement convaincu qu'il était membre de la même organisation à un niveau supérieur.
  • INTERROGATOIRE traduit



                                                                                                                                                                                      Caen, le 9 mai 1944

                                                  Interrogatoire

    Présenté depuis la KWHA (prison de la wehrmacht ?) à Caen apparaît le sculpteur
    Robert DOUIN, ne le 4 juillet 1891 à Caen, marié à Germaine née Gosset, deux
    enfants âgés de 17 et 19 ans. français, catholique, prétendument sans antécédents judiciaires. Fils du défunt Raoult Douin et de sa femme Marie née Meier (ancienne ressortissante allemande)


    Sur la personne :

    Je suis allé a l'école primaire jusqu'à l'âge de 15 ans. Ensuite j'ai fait mon apprentissage avec mon père, qui était également sculpteur. Mon père Raoul était alors directeur de l’école des Beaux Arts a Caen. Après sa mort en 1930. J'ai été nommé son successeur par la municipalité de Caen. Je suis toujours actif à ce poste aujourd’hui. Je m'occupe principalement de la sculpture religieuse de pierre et de la sculpture de bois. Je gagne en moyenne environ 4000 francs par mois.

    Mon premier mariage a été avec Angèle Langlois. Ce premier mariage sans enfant a été divorcé en 1916. En 1923, j'ai épousé ma femme actuelle. J'habite avec elle à Caen, 33 rue de Geole.


    Sur le sujet :


    Dès octobre 1942 par l'intermédiaire de Duchez, fugitif depuis un certain temps, et qui avait auparavant habité rue du Stade a Caen. je suis entré en contact avec le mouvement de résistance 'Resistance" dont le chef à l’époque était l'avocat Leonard Gilles, lui aussi fugitif. comme mon attitude était bien connue, D. m'a demandé d'enregistrer les informations militaires que je voyais lors de mes constants voyages sur la cote. Il s'agissait principalement de dessins de batteries et de positions de mitrailleuses, je n'ai rencontre Gilles que plus tard en sa qualité de chef de la Résistance par l'intermédiaire de Duchez.
    En ce qui concerne le D., je peux également affirmer ce qui suit : j'ai appris, par divers discours, qu'il a traité avec différentes branches de la résistance, dont le service de renseignement général et l'armée de l'air déployée a Caen.
    Je ne connaissais aucun autre membre du groupe à l'époque. Ce n'est que plus tard que j'ai entendu parler d'un certain Kaskoreff et de l'agent d'assurance Hamel, ils sont tous deux des fugitifs depuis les arrestations dans l'affaire Gilles.
    J'ai quitté ce mouvement vers mai-juin 1943 parce qu'il était trop impliqué dans la politique a mon goût.


    Section Ferme

    En mai 1963 peu avant de quitter la Résistance, Duchez me demande des informations sur les fortifications du port de Grandcamp. Comme la distance de Caen était trop grande pour moi, j'ai demande à un aubergiste nommé Jonneau il Bayeux de me mettre en contact avec le professeur Couliboeuf à Formigny, que j'avais connu personnellement auparavant. Il m'a également donné les informations que je voulais.

    Peu de temps après, j'ai reçu une lettre de lui me demandant de me rendre à la gare de Caen un
    certain jour, où un certain Guillaume me contacterai. Cet étranger nommé Guillaume, que l'on m'a fait connaître par interrogatoire sous le nom de Dragon, m'a demandé si j'étais prêt à faire le même travail à Caen que Couliboeuf. Cela signifiait donc que C. et moi devions nous partager la section allant de l'embouchure de l'0rne à Grandcamp. J'ai d'abord rejeté la proposition.

    Environ 10 jours plus tard, j'ai eu un autre rendez-vous avec Dragon à la gare de Caen. Lors de cette réunion,j'ai accepté la mission. Tout d'abord, je devais livrer une carte agrandie de Cabourg à Isigny. J'ai fait la carte requise en plusieurs sections jusqu'à une profondeur de 2 km de la côte et l'ai remise au messager de l’organisation, Truffaut que je connaissais sous le nom de Tadorne. Par la suite, j'ai fourni à Tadorne les informations militaires fournies par moi-même ou par les sous agents encore à discuter, soit oralement, soit par écrit en les inscrivant sur la carte déjà en cours. Les informations étaient bien sûr très vagues et seulement approximatives, car l'activité était extrêmement dangereuse pour moi. C'est pourquoi les positions militaires jusqu'à Arromanches n'ont été signalées que de manière approximative, mais il n'y a pas de matériel pour le tronçon d'Arromanches à Isigny.

    La troisième fois que j'ai vu Dragon, c'était peu de temps après. Cependant, cette fois-ci, il ne m'a donné aucune instruction particulière. Plus tard, je n'ai pas revu D.

    En tant que collaborateur de la section de Caen, j'ai d'abord eu Primault, qui m'a été présenté par Couliboeuf en octobre 1943 comme la boîte aux lettres de l'organisatíon. Je lui ai remis des lettres deux ou trois fois avec l'inscription Guillaume. C'était le nom de code de Roger à l'époque. Plus tard, Primault a été remplacé par Truffaut alias Tadorne. A la même époque, Couliboeuf me présente Gaby de Villers-Bocage sous le nom de "Radio". En cas d'urgence, il devait se charger de faire fonctionner un émetteur mis à la disposition de l'organisation. Le pêcheur Thomine, qui avait également été arrêté, m'a été présenté à la gare de Caen à peu près au même moment.

    Un peu plus tard, j'ai été présenté à Lebaron, également de Villers-Bocage, par Gaby, qui l'a présenté comme sous-agent. Lebaron m'a apporté deux fois des messages de nature militaire au nom de Gaby.

    A côté de moi, c'est surtout Gaby qui m'a envoyé des messages militaires depuis la région de Villers-Bocage. Thomine m'a également envoyé deux fois des informations sur les fortifications côtières.

    Au fait, comme je l'ai déjà mentionné, je connaissais Trufaut alias Tadorne et Morel alias Manchot (au fait, présenté par Gaby aussi), ainsi que Harvard sous le nom de Hilaire de l'organisation. Je connais Tadorne exclusivement en tant que coursier.

    En novembre 1943, nos activités étaient au point mort en raison des nombreuses arrestations
    effectuées par la police allemande à Paris. Ce n'est que dans la première moitié de janvier 1944,
    conformément à une instruction de Dragon, que j'ai incité Gaby à redevenir plus active.

    Aucun des membres de ma section n'était armé. Cependant, comme Tadorne me l'a dit, il était prévu de les armer. ll m'a même demandé de contacter les groupes de résistance pour déterminer leur force dans le but de les armer plus tard. Je crois qu'en fait, le mouvement auquel j'appartenais avait l'intention d'armer tous les autres groupes de résistance.

    Je n'ai reçu aucune instruction particulière pour le cas de débarquement des Anglais. Tadorne m'a seulement dit que je serais averti 48 heures à l'avance.

    Je n'ai eu que des contacts limités avec d'autres départements, c'est-à-dire que je connais un
    prétendu inspecteur de police du département de Seine-inférieure avec le nom de code "Kaktus", mais il n'a été chez moi qu'une fois.

    Je ne peux pas donner d'autres informations sur l'éventuel lieu de séjour de Dragon ou Couliboeuf.

    Si l'on me reproche que dans une liste établie par les dirigeants de l'organisation, un capitaine à la retraite est nommé à la tête du département du Calvados, il ne fait aucun doute pour moi qu'il s'agit de l'actuel major de Touchet à la retraite, sur la base de la considération suivante : Dragon m'a dit un jour que si j'avais des difficultés, je devrais contacter de Touchet, qui vit à la gare St Martin à Caen.

    Bien que je n'aie jamais eu aucun contact avec lui, j'ai déduit de cette suggestion que de Touchet appartenait à l'organisation dans un ordre supérieur.

    J'avais le pseudonyme “Civette" dans l'organisation dont je ne connaissais pas le nom auparavant. Je connaissais Gaby sous le nom d "Emouchet" et Thomine sous le nom de "Cachalot". Parmi les autres noms que l'on me montre, je ne me souviens que de Duval d'Ouistreham, que Dragon m'a dit un jour. Les numéros de code dans l'organisation elle-même me sont inconnus.

    Je ne peux pas donner plus de détails dans cette affaire. Un interrogatoire m'a été lu en français. Je confirme son exactitude par ma signature.





  • INTERROGATOIRE ARCHIVE ORIGINALE











VIDEO : témoignage de son fils Rémi Douin



SOURCES

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