Affichage des articles dont le libellé est Rodriguez. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Rodriguez. Afficher tous les articles

RODRIGUEZ Ferdinand alias Pie

 Ferdinand Rodriguez-Redington alias « Pie »

  •  vrai nom : Edward Rodney
  • né le 31/05/1915  à Bladon, Oxfordshire (RU) 
  • d'un père espagnol et d'une mère anglaise 
  • expert - comptable
  • Ex-officier du BCRA, Opérateur radio britannique, détaché auprès du réseau Alliance par le SOE à partir d'octobre 1942.
  • Arrive en France le 26 octobre 1942 sur l'aérodrome de Tallamy pour créer une centrale radio, il  devient responsable des transmetteurs  pour la France en remplacement de "Perroquet" rapatrié en Angleterre. Il transporte un peu partout en France des émetteurs radio. Il assure ses propres émissions du PC et met au point un un système de coordination entre le PC et chaque secteur, ce qui se révèle très efficace. Le service radio est essentiel, il est placé sous la responsabilité de Rodriguez qui a des assistants. Il se déplace partout en France ( Dordogne, Bordeaux, Carentan, Bayeux, Paris, Rennes...)

  • Il viendra à Bayeux à la Maison des gouverneurs  pour organiser  et animer  un centre d'émission  radio au service d'Alliance, lieu où vivent les deux "colombes de la tour", Germaine Limeul (32 ans en 1940) et Julia Picot (38 ans en 1940) institutrices à Bayeux.
  • Il participe activement à la vie du réseau en contact permanent avec MM Méric et Léon Faye
  • Le 10 novembre 1942, la police française de Marseille fait une descente dans les bureaux du réseau. Marie-Madeleine Méric (le nom de mariée de Marie-Madeleine Fourcade), Monique Bontinck dite « Hermine », estafette, et Ferdinand Rodriguez-Reddington dit « Pie », le radio, s’échappent avec la complicité de policiers bienveillants.
  • Début 1943, environ 40 postes de radio fonctionnent dans toute la France, les opérateurs radios doivent souvent déménager par sécurité. Les textes en clair sont cryptés, seule la centrale britannique peut décrypter. Les allemands  entendent  et cherchent sans cesse à casser les codes. A partir de  1942 le modèle de radio le plus utilisé est le  "Mark II" tenant dans une valise et pesant 15 kilos.


    Le  poste de radio  "Mark II"

    Ce poste émetteur récepteur valise type 3 MK II, également connu sous le nom « B2 », a été conçu en 1942 par le Major John L. Brown. Il était destiné à équiper les agents de renseignements du Special Operations Executive (SOE) et les résistants des pays occupés par les Allemands. C’était l’un des appareils clandestins les plus perfectionnés. Le compartiment de gauche contient les accessoires (manipulateur miniature, fil d’antenne, cordon secteur et batterie, casque, lampes de rechange...). Le compartiment central contient l’émetteur dans la partie supérieure et le récepteur dans la partie inférieure. Le compartiment de droite contient l’alimentation secteur-batterie. L’ensemble pèse près de 15 kilos.

    Comment se réalise une communication radio ?
    Cela commence par la lecture en langage courant ( « en clair ») d’un renseignement à transmettre. Une codeuse le transforme, par un procédé de cryptage, en une série de lettres sans signification apparente.
    Pendant ce temps, l’opérateur radio règle son émetteur clandestin de façon à être perçu par la « centrale » de Londres » : une fois branché sur courant alternatif, chaque émetteur est repérable grâce à son « quartz », une lamelle de cristal qui a pour propriété de stabiliser les ondes radio sur une fréquence unique, déterminée par l’épaisseur de la lamelle.
    L’opérateur radio transmet ensuite le message codé par alphabet morse : chaque pression sur sa machine équivaut à couper le courant de la fréquence, permettant d’émettre un signal court ou long. L’antenne, qui transmet les signaux émis vers l’extérieur, est généralement fixée artisanalement en hauteur à l’intérieur de la pièce, pour ne pas attirer l’attention.
    Dans la rue, la menace vient des voitures allemandes équipées de « gonio » (système de repérage radiogoniométrique, avec antenne rotative). Trois d’entre elles, en cumulant leurs données, peuvent rapidement circonscrire le secteur d’où viennent les ondes émises, puis repérer l’endroit où le champ est le plus intense.
    Source: Pierre Lorain, Armement clandestin. SOE France 1941-1944

  • Repart à Londres en août  1943 pour régler les problèmes entre la Centrale et le réseau.
  • Le 16 septembre 1943, Rodriguez est de retour de Londres accompagné de Faye, d'une estafette et de quatre opérateurs radio. Un Westland Lysander anglais le dépose à 45 km de Paris (Bouillancy, près de Nanteuil-le-Haudouin). Le responsable des transports aériens, Pierre Dallas, les reçoit accompagné de Sneyers et de Lien ; il est décidé, malgré les règles de sécurité, de réunir tout le monde dans un seul wagon du premier train du matin pour filer vers Paris, gare du Nord. Mais en gare d'Aulnay-sous-Bois, les agents allemand et la Milice interviennent brusquement. L'Oberleutnant Merk en personne monte dans le wagon et s'installe dans le compartiment voyageur en face du résistant français et le questionne : « Avez-vous fait bon voyage en Angleterre, Monsieur Faye ? ». Le coup de filet est brutal et efficace. Dans le même temps, les différents PC de Paris reçoivent également la visite de la Gestapo ; si l'état-major peut s'échapper, les radios, les « Apaches » et certains agents du PC renseignements sont pris. Le 21 septembre, c'est en province que les arrestations commencent : les régions Bretagne, Est, Centre, sont ravagés.
  • Le 27 janvier 1944, Transporté de Paris Fresnes à  Strasbourg  puis transféré  à Kehl puis à Schwabische-Hall. Condamné à mort. Miraculeusement échangé  contre des prisonniers allemands et libéré le 14 janvier 1945. Il a beaucoup de difficultés (morales et physiques)  à se remettre de son incarcération. (Lire  ci-dessous )
  • Il participe à l'arrestation de JP Lien, qui a en particulier trahi Faye. Un soir de printemps 1945, il le reconnait dans un bar parisien, alerte la police qui arrête Lien qui sera condamné à mort.
  • Début 1945, il accompagne MM Méric dans l'est de la France et en Allemagne à la recherche des disparus d'Alliance. Ils feront des découvertes terrifiantes.

  • Marié  à Monique Bontinck (nom de code Hermine) en juin 1945. Estafette de la patrouille Turenne. Secrétaire du PC après novembre 1941. Arrêtée, puis échappée avec le PC de Marseille en novembre 1942. Officier de la Légion d'honneur, croix de guerre 1939-1945 avec palmes,
  • Médailles Distinguished Conduct Medal, médaille du combattant volontaire de la Résistance, médaille de la déportation pour faits de Résistance, officier de l'Ordre du Mérite ivoirien,
  • Décédé le 22 janvier 1999, dans sa quatre-vingt quatrième année.


  • A publié Ferdinand Rodriguez (Auteur), Robert Hervet , L'Escalier sans retour (autre titre "L'escalier de fer", Paris, France-Empire, 1958, 303 p., prix littéraire de la Résistance1961 décerné par le Comité d'action de la Résistance (CAR) (notice BnF no FRBNF32578333) Le capitaine Rodriguez a offert le montant de son prix aux œuvres sociales de la Résistance.
Présentation de  "L'escalier sans retour" ou " Escalier de fer"  le Monde 10 /01/ 1959

En septembre 1943 des membres du réseau Alliance, parmi lesquels un de ses chefs, le commandant
Faye, et un officier anglais, le captain F.-E. Rodriguez, furent capturés par les Allemands à Aulnay-sous-Bois quelques heures après leur arrivée clandestine de Londres (1). Chacun de leur côté. Faye et Rodriguez, l'auteur de l'Escalier de Fer, s'étaient inquiétés des circonstances bizarres qui avaient entouré leur arrivée. Ils n'avaient pas osé se le dire. Interrogatoire, emprisonnement à Fresnes, à Kehl, puis à Fribourg-en-Brisgau. Rodriguez est jugé par un tribunal militaire et condamné à mort, de même que ses camarades de réseau. Transféré à Schwabische-Hall, Rodiguez entend une nuit, sur l'escalier de fer de la prison, les pas de vingt-quatre de ses compagnons qui partent pour le supplice. Enchaîné, décharné, attendant à chaque aube la mort, il retrouve un jour, à l'occasion d'un nouveau transfert, le commandant Faye, encore épargné lui aussi. Dans un cul-de-basse-fosse, a Sonnenburg-en-Brisgau, où Rodriguez est enfermé à côté de Faye et d'un jeune Irlandais du réseau, la terrible attente reprend. Le matin du 14 janvier 1945 la porte de la cellule de l'officier britannique s'ouvre : le directeur de la prison lui annonce qu'il est échangé, et il rentre en Angleterre par la Suisse et la France libérée. Un jour, dans un bar, il retrouve l'homme qui les a trahis et le livre à la police. Le commandant Faye et ses compagnons survivants ont été exécutés sommairement par les SS dans la nuit du 30 janvier 1945.

L'ouvrage du captain Rodriguez, par sa résonance humaine et par la foi profonde qui s'en dégage, est comparable au beau livre de M. Michelet sur les camps de concentration, Rue de la Liberté.

L'Escalier de Fer c'est en effet à la fois celui de Schwabische-Hall, où résonnent les pas des condamnés, tandis que, dans sa cellule, Rodriguez écoute les portes des cellules s'ouvrir tour à tour sur la mort et attend que tourne le verrou de son propre cachot ; c'est aussi la progression d'un croyant vers son Dieu. La solitude, la souffrance et la perspective constante de la mort n'arrivent pas à contraindre au désespoir un homme qui jamais ne cache pourtant ses défaillances. Et lorsque, enfin libéré, l'officier se retrouve dans le monde des vivants, il restera longtemps muré dans le grave silence de celui qui a abordé aux rives de la mort et y est demeuré longtemps ancré. Le silence aussi du rescapé, brusquement arraché au supplice, tandis que ses camarades de souffrance continuaient dans les cachots de Sonnenburg d'attendre, enchaînés, l'arrivée des SS qui les mitraillèrent après les avoir fait s'étendre à plat ventre sur le sol.



En savoir plus sur l'utilisation de la radio pour communiquer
la radio dans la résistance




Sources