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Rapport final allemand de synthèse des interrogatoires du 15 mai 1944




                                                                                                                          Caen, le 15 mai 1944

                                                                  Rapport final

Basé sur les télex de la BdS Paris daté du 16.3.44 no. 22097 et 22339, dans l'organisation
d'espionnage du service de renseignement Giraud [Alliance II), divers Français résidant dans le
département du Calvados étaient censés être lourdement incriminés par les informations d'un
coursier nommé Truffaut qui avait été arrêté à Paris.

Dans le détail, le chef du service de renseignements Giraud pour le Calvados devait être le sculpteur Douin, qui, avec un certain Caby ainsi que le pécheur Thomine et peut-être le comte de Saint-Paul, était censé avoir dirige l'organisation de manière décisive. Comme boîte aux lettres, il devait utiliser le vendeur dans une quincaillerie portant le nom de Primault.( cf S l u. 2 d A]

Douin, Caby, Thomine et St Paul ont été immédiatement arrêtés sur la base des télex. Au cours de l'enquête, 20 autres Français ont été placés en détention, mais 4 d'entre eux ont dû être libérés à nouveau, car il n'a pas été possible de prouver de manière concluante qu'ils étaient impliqués dans l'organisation ou qu'ils appartenaient à un groupe de résistance.

Au cours de l’enquête, les numéros des différents agents ainsi que leurs alias connus grâce à
l'interrogatoire du colonel Faye, ont été clarifiés. Il en résulte la structure suivante :



F3 = Cpt. en retraite à Caen. chef dép. Calv. = de Touchet.

F 30 = Civette (ex F 36), Deauville = Douin,

F 31 = Boite aux lettres Dirat (Caen) = Primault,

F 32 = Boite aux lettre Mathilde, Bayeux, enseignante, = Couliboeuf,= en fuite depuis septembre,

F 35 = Zerinos, enseignant, capitaine dans la réserve.= en fuite depuis septembre

F 350 = Cachalot = Thomine,

F 351 = Facteur rural, sous officier mitrailleur, = Boulard,

F 36 = Professeur de Beaux-Arts à Caen = Douin,

F 37 = Boucher = Duval


En outre. il a été déterminé dans le système global que sous le numéro de code F 142= Emouchet, Caen se cachait le citoyen français Caby, qui a également été arrêté. (p.3 et d dA.).


Il a également été note que, surtout depuis janvier de cette année, suite aux instructions du chef de l'organisation de Normandie. Roger al. Dragon, plusieurs membres ont été particulièrement actifs dans le domaine du recrutement. Par exemple, dans la région de Villers-Bocage en particulier, une organisation a été mise en place sous la direction de Caby, dont les membres, tous arrêtés, devaient se voir confier des tâches spécifiques en cas d'urgence.


Selon l’impression générale qui se dégage des interrogatoires, l'organisation a surtout souffert du manque de membres intellectuels qui auraient pu résoudre des problèmes d’espionnage militaire plus complexes.


1/ Le véritable patron s'est avéré être le sculpteur
    Robert Douin, né le O4/07/91 à Caen,
    marié, 2 enfants âgés de 17 et 19 ans.
    catholique; domicilié à Caen,
    33, rue de Geole.


Il est déclaré coupable et avoue avoir rejoint dès octobre 1942 un groupe de résistance de la
"Résistance" à Caen, dont les dirigeants sont en fuite depuis que les forces locales les ont saisi en novembre 1943.

D'après ses propres informations, Douin avait déjà à |'époque fourni au Français en fuite Duchez des plans de positions de batteries et de mitrailleuses et de fortifications côtières. Douin veut avoir quitté la "résistance" en juin 1943, car selon lui elle s'était trop liée au côté anglais. (p.9 et 10 du A.).

En mai 1943, afin d'obtenir des informations sur certaines installations du littoral, Douin est présenté au professeur Couliboeuf, qui le présente à son tour au chef de l'organisation de la "ferme" Roger, alors appelée "Guillaume". Après quelques réticences initiales, Douin accepte de rejoindre le service de renseignements de Roger, le but du recrutement de Douin par l'organisation étant apparemment d'avoir un homme qui puisse leur fournir des cartes précises de la région de Cabourg à Isigny. Par ailleurs, Douin devait prendre la moitié de cet espace, tandis que Couliboeuf devait prendre la moitié plus à l'ouest et probablement une partie du département de la Manche. Cependant, depuis la fuite de Couliboeuf suite aux arrestations effectuées par la police à Paris en novembre dernier, Douin a repris sans plus attendre toute la moitié ouest de la section côtière du département du Calvados.

Selon ses propres aveux, il a lui-même cartographié toute la section, sur une très grande échelle, et y a marqué les positions militaires et les mouvements de troupes obtenus sur la base de sa propre reconnaissance ou des communications de ses sous-agents.


Douin a été reconnu à la fois par les dirigeants de l'organisation et par les autres agents de
l'organisation comme le chef du département du Calvados. Pour sa part, bien qu'il n'ait pas recruté de membres, il les a néanmoins suivis de très près après leur prise en charge et leur a donné des instructions régulièrement. C'est lui, par exemple, qui, en janvier de cette année, a transmis à Caby les ordres de recrutement ordonnés par Paris.

Après l'évasion de Couliboeuf, il compte parmi ses collaborateurs Caby, Le Baron, Thomine et
Primault. Son agent principal est sans doute Caby, qui lui apporte régulièrement des nouvelles,
notamment sur les mouvements de troupes, soit lui-même, soit par l'intermédiaire de Le Baron.
Primault, d'abord boîte aux lettres, a été ensuite de plus en plus abandonné, bien que Douin lui ait versé un total de 1000 frs. pour ses services. (page 11 et 12 du A.)

Dans l'organisation, Douin avait le nom de code "Civette. Douin n'est entré en contact qu'une seule fois avec un membre du groupe du Département Seine Inférieur avec le pseudonyme "Cactus", mais sans pouvoir donner plus de détails.

Selon la structure du service de renseignement Giraud pour le département du Calvados, connue parles informations du colonel Faye, le chef, avec le numéro de code F3, est censé être un capitaine à la retraite à Caen. (p.4 d.A.) Truffault al. Tadorne, qui, du fait de son activité de coursier, connaissait toute l'organisation, comme le révèlent ses informations, semble cependant également incapable d'indiquer qui est ce capitaine à la retraite.

Douin, pour sa part, interrogé explicitement ( p. 13 du A.), a déclaré que Roger lui avait dit, lorsqu’il avait pris la direction du groupe local, que s'il avait des difficultés, il devait contacter un officier à la retraite nommé de Touchet, qui vivait près de la gare de Saint-Martin à Caen.

Douin affirme de manière crédible qu'il n'a jamais été en contact avec ce dernier, mais il est
fermement convaincu qu'il était membre de la même organisation à un niveau supérieur.




2/ Ce de Touchet (p 25-26 de l'A.) s'est avéré être le

    Marquis Antoine de Touchet, né le O3/02/86 à Paris
    marié, 6 enfants, major à la retraite,
    domicilié à Caen , Place St Sauveur 15,

qui a en fait été en retraite comme Cpt et élevé au rang de Major pour de simples raisons
financières.

De Touchet a nié catégoriquement avoir jamais travaillé dans une organisation de renseignement, ni connaître aucun des membres du service de renseignement Giraud dans la région, dont les noms, soit dit en passant, lui étaient montrés sans exception. Malgré des jours d'interrogatoire, il n'y avait aucun moyen de prouver qu'il était membre.

Les informations de Douin, sur la base desquelles l'arrestation de de Touchet a eu lieu, sont
cependant en rapport avec l'affirmation du colonel Faye, si sérieuses que Touchet, malgré son
démenti persistant, semble lourdement incriminé.
ll faut dire explicitement qu'à Caen, comme dans tout le département, il n'y a pas d'autre de Touchet
qui ait jamais été soldat. Par conséquent, seul Antoine de Touchet arrêté peut être mis en cause.



3 /Outre Douin, le ressortissant français

    Jean Caby, né le 08/12/08, à Paris
    Technicien de radio, marié, 2 enfants,
    domicilié à Villers-Bocage,
    a été particulièrement actif.

Il est d'abord membre du "Groupe Collaboration", mais ensuite, ayant prétendument ressenti très fortement la résistance de son entourage sur le plan économique, il affirme avoir suivi une autre voie, hostile à l'Allemagne, qui le conduit à rejoindre le service d'information de Giraud dès avril/mai 1943. Il est également amené parle professeur Couliboeuf, qui s'est enfui en septembre et qui est alors chef de service. Couliboeuf lui présente également Roger à Paris, qui souhaite que Caby, qui est technicien radio, soit formé comme opérateur radio. Caby a refusé, car la possession d'un émetteur secret lui semblait trop dangereuse, mais en principe il a immédiatement accepté d'effectuer toutes les réparations sur les émetteurs et aussi de prendre des cours de radio avec un représentant de l'organisation. (p.14/15 de l'A.). Dans le temps qui a suivi, Caby a hébergé à deux reprises l'opérateur radio du Dragon au nom de code "Manchot" (Morel), qui lui a également donné des cours de radio.

Cela aurait révélé que Caby était incapable de capter le code Morse audible. Manchot a également effectué deux transmissions au domicile de Caby.

Depuis septembre 1943, Caby est actif dans le domaine du renseignement. Il avoue ( p.16 des AA) avoir recueilli des nouvelles militaires dans les environs de Villers-Bocge et avoir incité Le Baron à faire de même en ce qui concerne les mouvements de troupes, l'armement et le moral des troupes allemandes. ll a soit donné cette information au Douin lui-même, soit l'a fait transmettre par Le Baron. La boîte aux lettres Primault était relativement peu utilisée par lui, et lorsqu'elle l'était, c'était uniquement dans le but d'informer le Douin.

Après un arrêt temporaire en octobre/novembre 1943, Caby reprend ses anciennes activités en
janvier 1944, dans une mesure encore plus grande qu'auparavant; de plus, il contacte désormais de nombreuses connaissances afin de les convaincre de rejoindre l'organisation. Il affirme avoir gagné les ressortissants français Loislier, Margerie, Longeard, et surtout Le Baron et Robert (p. 18 de l'A.), et qu'ils doivent sans exception jouer un rôle bien défini dans le cas du débarquement anglais. ll avoue avoir demandé à Le Baron de rechercher des personnes pour le groupe, lui aussi.

En tant que sous agent de renseignement, Caby ne donne que Le Baron et le comte de St Pol, (p.18 de l'A.). Il résulte de ce qui précède que Caby a développé une activité très intensive, tant sur le plan du renseignement pur que sur celui du recrutement d'hommes pour le débarquement des Anglais, comme le montre, entre autres, surtout le plan trouvé avec lui au moment de son arrestation (annexe a). Il s'y décrit comme un chef de section qui est responsable de |'exécution des ordres. Il s’agissait avant tout d'attaques contre des postes individuels énumérés au point ll.

La liste complète, qui selon Caby devait être soumise à Douin pour approbation, est la meilleure
preuve de l'intensité avec laquelle il a travaillé pour tous les objectifs de l'0rganisatíon. Caby avait le nom de code" Emouchet " dans l'organisation. Par ailleurs, il devait également recevoir un émetteur secret avec un opérateur radio en cas d'urgence.




4/ Une importance tout aussi grande que celle que Caby avait sans doute, surtout dans les premiers temps, le pêcheur

    Georges Thomine, né le 25/06/06 à Port-en-Bessin,
    marié, 2 enfants,
    domicilié à Port en-Bessin.

Il était déjà membre du service de renseignements Giraud depuis mars 1943, avec le représentant du Douin, Coulibeouf, qui, comme le montre surtout l'interrogatoire de Thomine, avait été très actif. C'est Couliboeuf qui l'a également mis en contact avec le Roger après peu de temps.

Selon ses propres aveux, Thomine avait déjà recueilli des renseignements sur les fortifications
côtières depuis l'époque de Coulibœuf, en particulier dans la région d'Arromanches, de
Grandcamp et d'lsigny, et les avait transmis à Coulibœuf. (p. 20 du A.).

En dehors de cela, il a également fait un travail considérable en termes d'organisation. Il a avoué, par exemple, avoir gagné le Primault comme boîte aux lettres et l'avoir proposé à Couliboeuf.

Il a en outre (p. 21 de l'A.) mis en relation un certain Cauvin avec Tadorne à Cherbourg, où il était allé avec T., prétendument parce que Roger cherchait par tous les moyens une traversée vers 'Angleterre. Dans le doute, cependant, la raison aura été une autre. D’ailleurs, le service de

renseignement Giraud s'est beaucoup intéressé à la station maritime de Cherbourg où travaillait le Cauvin. Le doute sur la justesse des déclarations de T. est renforcé par ses propres aveux (p. 22 d.A.),puisqu’il déclare lui-même que Cauvin et Tadorne avaient parlé de diverses installations de la station.

À la demande de Couliboeuf, il recrute également un autre agent à Ouistreham pour l'organisation, à savoir Duval, dit F 37, à qui il propose d'ailleurs immédiatement un travail de renseignement contre l'Allemagne. (p. 22 du A.)

Au fait, il est intéressant de noter que Roger voulait nommer le Th. avant tout pour chercher une
traversée vers l'Angleterre, une demande que Thomine prétend avoir refusée en raison du prétendu danger de l'entreprise.

Déjà, d'après la déclaration de Thomine selon laquelle Couliboeuf était avec lui presque chaque
semaine pour lui parler de la situation générale (p.20d. A.), ainsi que d'après les conclusions
susmentionnées de l'activité organisée de Th., il s'ensuit parfaitement qu'il a joué un rôle dans le cadre général de l'organisation qui ne doit pas être sous-estimé, d'autant plus qu'il semble avoir eu des relations très intimes avec Roger et Tadorne, qui lui ont rendu visite personnellement à plusieurs reprises. Tous les voyages, d'ailleurs, ont été payés directement parle service de renseignement.


Derrière les précédants, le ressortissant français


    Maurice Primault, né le 27/11/09 à Bayeux,
    vendeur, marié, 2 enfants âgés de 12 et 4 ans,
    domicilié à Caen.

En septembre 1943, Thomine lui demande d'accepter ou de livrer des lettres pour une organisation de renseignement sous un certain mot de code, dont le contenu doit être soustrait à tout contrôle, si possible. (p. 28d.A.) Ce sont surtout Thomine et Couliboeuf qui ont fait un usage assez actif de la boîte aux lettres. Caby, Le Baron et Douin y avaient également chacun remis 2 ou 3 fois des lettres qui, dans la mesure où elles étaient destinées au responsable de l'organisation, portaient l'inscription "Dragon". Thomine s'est également rendue à plusieurs reprises à Primault pour récupérer des lettres marquées "pour Georges" (prénom de Thomine).

Primault avoue avoir reçu de Douin un total de 1000 frs. pour ses services. L'activité de boîte aux lettres de Primault a cessé vers octobre 1943, Tadorne le remplaçant comme courrier en
direct. Primault avait le nom de code "Dirat" dans l'organisation (p.29 d.A.)



5/      Guy, Alfred, Marie Saint Paul,
        Né le 22/3/14. à Curcy (Calv.)
        Propriétaire terrien, marié, 2 enfants, catholique,
        Domicilié à Amayé s/ Seulles(Calv.)


avait été désigné comme passeur d'agents dans le télex du BdS. du 163.44 n° 22097 (p. 1 de l`A.).
ll avoue - après un interrogatoire très difficile - avoir su que Havart, alias Hilaire, également arrêté en tant qu'agent, avait déjà été membre d'un groupe de résistance et était en fuite lorsqu'il est venu le voir en octobre 1943.
Il l'a hébergé en toute connaissance de cause.
Entre-temps, Caby avait déjà établi un contact plus étroit avec lui, de sorte que Paul a pris
conscience du mouvement de résistance de Caby. (p.30 du A.)

P. admet qu'il était en principe disposé à se mettre à la disposition de l'organisation en cas d'urgence, mais nie avoir donné à Caby des informations militaires ou autres d'importance militaire (p. 30).

Cette déclaration est manifestement fausse, et surtout contredit le témoignage de Caby (p.18.dA.),
présenté avec une certitude et une crédibilité absolues, selon lequel le comte de Saint-Paul devait
être l'un de ses sous-agents.

Il ne peut y avoir aucun doute, malgré la contradiction de Paul, quant à l'exactitude des déclarations de Caby selon lesquelles St Paul lui a également donné des renseignements militaires, notamment sur les mouvements de troupes.


6/ Le citoyen français, qui a également été arrêté

    Jean Le Baron, né le 21.801 à Bayeux,
    agent d'assurance, marié, 2 enfants, catholique,
    vivant à Villers-Bocage,

a déjà été recruté par Caby pour |'organisation.

C'est à lui, cependant, que l'on doit la transformation de Caby de collaborateur à espion. Baron
l'admet. (p 31)
Dès décembre 1943, il est présenté au chef de Caen Douin, par Caby, comme agent de liaison (p 32 d.A.).
Il avoue avoir travaillé comme sous-agent de Caby et lui avoir également donné des informations militaires sur les mouvements de troupes, l'armement, l'emplacement, etc. (p. 32 du A.) Il admet également avoir remis plusieurs lettres contenant du matériel d'espionnage directement à Primault ainsi qu'à Douin au nom de Caby.

Avec la reprise générale des activités de l'organisation dont il est question ici en janvier 1944, il
reprend également ses activités d'espionnage, il tente d'ailleurs également de recruter des membres pour le cas d'urgence conformément à la demande de Caby (p. 32 de l'A.). Le Baron a avoué avoir recruté Marié d'Epiny s/Odon, d'ailleurs ancien officier de réserve, pour l'organisation.

Bien que l'on puisse supposer qu'il a également parlé à Thorel et Chiron dans l'intention de les
persuader de rejoindre le groupe, cela ne peut être prouvé.

Au total, Le Baron affirme avoir collecté et transmis des messages militaires avec une intention
d'espionnage une dizaine de fois. (p. 32 d.A.)




7/ Le ressortissant français

    Auguste Duval, né le 29.5.06 à Ronville la Place (Manche),
    domicilié à Ouistreham, marié, 1 enfant, catholique,

figure dans l'organigramme sous le nom de" Boucher F 37 "_

Il avait déjà été recruté par Thomine à l'automne 1942 pour le service de renseignements, alors en cours de création à l'initiative de Couliboeuf. (p. 34 du A.)

Par ailleurs, Dragon a également dit à Douin qu'il avait un homme de confiance en Duval au cas où il aurait besoin de renseignements sur la région de Ouistreham. (p.13 du A.). Douín, cependant, prétend n'avoir jamais exigé de renseignements de Duval.

Duval avoue néanmoins appartenir au groupe de Thomine, dont il sait qu'il est dirigé contre la

Wehrmacht allemande. Il s'attendait, en outre, en cas de débarquement, à des instructions spéciales sur ce qu'il devait faire. (p.34 de l'A.)




8/      Robert Eugène Boulard
        Né le 15.11.00. à Caen, facteur rural,
        marié, 4 enfants âgés de 6 à 20 ans,
        catholique, domicilié à Trevieres (Calv.),
figure dans l’organigramme du service de renseignement en tant que facteur rural Nr F 351.

Il est recruté par Couliboeuf dès août 1943. Il avoue avoir immédiatement rejoint le groupe de
résistance.
Il admet également avoir fourni des informations sur les mouvements de troupes allemandes, leur armement et d'autres objets militaires dans la zone côtière.

De plus, sur les instructions de Couliboeuf, il avait formé son propre groupe de 3 hommes, qui devait manifestement aussi être utilisé à des fins de renseignement. À ce groupe appartenaient les citoyens français Lemière, Anne et Baranchon. (Les deux premiers ont été arrêtés, le troisième a quitté le département en septembre dernier). Comme Couliboeuf s'est soudainement enfui, le groupe a
manifestement perdu le contact et le pilotage, il est donc possible que Boulard n'ait pas continué à travailler sur le renseignement. D'autre part, on peut supposer que, comme Lemière et Anne (p. 44 et p. 46 de l'A.), il s'attendait à recevoir des instructions pour l'urgence, afin de les mettre en œuvre selon les instructions reçues en cas de débarquement anglais.


9. Le citoyen français

    Octave Joseph Langeard,
    Né le 6.2.09 à Sermentot (Calv.)
    agriculteur, marié, sans enfants,
    domicilié à Villy- Bocage (Calv.)

En février de cette année, Caby a demandé à Langeard de rejoindre son groupe de résistance, qui devait aider les Anglais et les Américains en cas de débarquement anglais. (p.37 d.A.) Langeard, selon ses propres déclarations, devait servir de sous agent entre Caby et deux quartiers généraux. Que les activités de l'ensemble du groupe, surtout en cas d'urgence, étaient dirigées contre les forces d'occupation allemandes, était bien sûr parfaitement clair pour lui. (p. 37 du A.).


10/ Le citoyen français

    Ernest Margerie, né le 28.4.11 à Mondrainville (Calv.)
    domicilié à Anctoville, marié, 2 enfants

a été sollicité par Caby dès juillet dernier pour recueillir des renseignements sur les mouvements de troupes et les parachutages anglais, mais il a refusé cette offre. Ce n'est que sur une plus longue insistance de Caby qu'il s'était déclaré prêt à aider en cas de débarquement dans le cadre de l'organisation. (p. 39 du A) . Il savait que l'organisation était dirigée contre la puissance occupante allemande, comme le montre clairement sa déclaration explicite.


11/ Le citoyen français

    André Robert, né le 21.9.15 à Mevaines (Calv.),
    Domicilié à Longvilles (Calv.), célibataire, catholique,

Il a également été recruté par Caby, dès septembre dernier. Il avait pour tâche de stocker des vivres en cas de débarquement des Anglais, et même avant, et de les leur fournir en cas de débarquement des Anglais. Il a immédiatement accepté cette mission et a accepté de la remplir en conséquence en cas d'urgence. (p. 40/41 des A.A.). On peut supposer que Caby lui a également demandé des renseignements sur les mouvements de troupes, puisqu'il lui a aussi transmis à l'occasion des informations sur les mouvements de troupes.


12/ Le citoyen français

    René Loislier, né le 20.3.13 à Caen,
    Électricien, domicilié à Jurques, marié, 3 enfants

affirme avoir rejoint l'organisation de Caby, dont il savait qu'elle était dirigée contre la puissance
d'occupation allemande, dès 1½ ans plus tôt, à l'instigation de Caby. (p.42 du A.) Il a également accepté de servir d'agent intermédiaire en cas de débarquement anglais, mais aussi d'aider les puissances ennemies de toute autre manière.


13/ Le citoyen français

    Albert Anne, né le 23.8.08 à Asnier-en-Bessin,
    forgeron de chariots, domicilié au même endroit,
    marié, 3 enfants âgés de 2 à 9 ans

À la demande de Lemière (p.44 de l'A.), Anne avait déjà rejoint un groupe de résistance dirigé contre les forces d'occupation en août 1942. En cas de débarquement anglais, il devait repérer les abris allemands, les unités de troupes et leurs positions et transmettre ces renseignements à Lemière.
D'après ses propres aveux, il était bien conscient de l'ampleur de ces actions. (p. 44 du A.).



14/ Le citoyen français

    Désiré Lemière, né le 9,121.97 à Louvieres,
    Domicilié à Viervilles/mer, agriculteur, marié,
    3 enfants âgés de 3 à 17 ans

a rejoint le groupe des trois à l'instigation de Boulard. ( p. 47 de l'A.), et cela en pleine conscience de l'objectif du groupe de résistance dirigé contre la puissance occupante allemande. Il était conscient d'avoir assumé une activité spéciale en cas d'urgence et se sentait également lié par les instructions générales indiquant l'urgence.


15/ Le citoyen français

    Edouard Marié, né le 19.5.06 à Paris,
    Domicilié à Epinay sur Odon, célibataire, catholique

est recruté par Le Baron, qui lui demande de rejoindre un groupe de résistance. Il a répondu à cette invitation. Il se sentait également lié aux objectifs du groupe de résistance dirigé contre la puissance occupante. (p. 48 du A.)

Bien que Marié affirme ne pas avoir connu sa mission pour l'urgence, il faut supposer, surtout sur la base du plan de mission pour l'urgence trouvé avec Caby, sur lequel Marié est désigné comme chef de section et responsable de l'exécution des ordres, que Marié était exactement informé des détails de son activité qu'il devait montrer dans l'urgence, d'autant plus qu'il savait en tant qu'ancien officier de réserve exactement quel type d’action était impliqué et quel comportement et quelles mesures devaient être montrés.


Dans l'ensemble, même les personnes susmentionnées, qui ont seulement admis avoir appartenu à un groupe de résistance, ne doivent pas être sous-estimées dans leur importance.

Du fait que certains admettent, comme Robert, Lemière et Boulard, avoir défini avec précision les instructions pour l'urgence, il faut également supposer, pour les autres, qui nient cette instruction, qu'ils avaient déjà reçu des règles de conduite pour l'urgence.

Dans la mesure où ce n'est pas le cas, l'émission d'instructions précises était imminente, comme le montre clairement le plan trouvé chez Caby.


Le plan (annexe A) permet de tirer des conclusions très importantes, c'est-à-dire, en termes
allemands, la dangerosité de chaque personne. Par exemple, Jean (Le Baron) devait être l'agent de liaison entre Caby et les sections. Marié et St Paul seront ses patrons et responsables de l'exécution des ordres. Margerie et Langeard ont également été affectés à un rôle spécifique de plus grande importance selon le plan.

Outre le fait que le groupe était principalement intéressé par les emplacements de canons, les
poches de résistance et les obstacles, le plan montrait également que le groupe de résistance de
Caby était le plus susceptible d'être déployé militairement sur les instructions des chefs parisiens,
dans des attaques au corps à corps contre des postes isolés et dans des attaques directes contre des formations de troupes et des postes allemands plus petits.


Note de fin :

L'organisation d'espionnage " Lepeu ", qui a été capturée il y a quelques semaines dans la zone de service local, s'occupait de l'espionnage dans la zone côtière entre l'embouchure de l'Orne et
Honfleur. Le groupe " Alliance Il ", aujourd'hui dissous, déploie ses hommes dans l'autre moitié de la zone côtière, entre l'embouchure de l'Orne et Isigny. Le danger, cependant, n'est en rien comparable à celui de l'organisation Lepeu contrôlée par l’Angleterre, ni en force ni en intelligence des agents.


Il ne fait bien sûr aucun doute que le quartier général du service de renseignements Giraud a reçu des messages, surtout par Douin, pour la zone côtière susmentionnée jusqu'à une largeur de 2 km, avec des entrées de positions militaires jusqu'à environ février 1943. Néanmoins, selon les propres aveux des accusés, les informations ont dû être, dans l'ensemble, très vagues et insuffisantes. En tout cas, on peut affirmer sans hésitation que, sur le plan du renseignement, dans sa constitution jusqu'à, le service de renseignement Giraud du département du Calvados n'était pas très dangereux. Il ne faut cependant pas nier que, selon toute probabilité, une augmentation considérable du nombre d'agents et une densification du réseau auraient pu être attendues dans un avenir proche si l'intervention n'avait pas été faite. En même temps, comme cela était déjà évident dans la région de Villers-Bocage, un réseau de groupes de résistance à but purement militaire s'était formé dans la moitié ouest du Calvados, qui devait être doté d'un émetteur secret et qui aurait très probablement été utilisé, au moins en partie, à des fins de renseignement.

Chef de service.


Commentaires de Marc-Antoine de Saint Pol

Au sujet de Truffault cité dans l'introduction de ce rapport, je rappelle que Truffault n'a jamais été considéré comme un traître, il a été perquisitionné et soumis à d'extrêmes violences, comme beaucoup d'autres agents du réseau.

Dans cette synthèse il y a souvent des références entre parenthèse, exemple : (p. 4 du A). De quel document s'agit-il ? On cite plusieurs lois une Annexe qui serait le plan élaboré par Caby en cas de débarquement des anglais dit-on trouvé chez lui lors d'une perquisition. Ce plan a-t-il réellement existé ?

Note de fin du rapport: Les conclusions en fin de rapport sont assez étonnantes, car si le réseau Alliance a été considéré par les services centraux du renseignement allemand comme l'un des plus dangereux des services secrets "l'ennemi N°1 à abattre" a écrit Marie-Madeleine Fourcade, les services secrets allemands de la région normande semblent méconnaître le rôle important de ce qu'ils appellent le "service de renseignement Giraud". Dans le Calvados, ses agents auraient été peu opérants, voir inaptes à faire du renseignement, et non dangereux !!! Caby serait un radio en formation !!!

Il est vrai que dans les interrogatoires les résistants ont peu de fois parlé de renseignements militaires, les services allemands semblent en avoir été convaincus. Les informations des prisonniers portent très souvent sur leur recrutement pour donner un appui aux anglais lorsqu'ils débarqueront.

D'après le rapport, seule l'importance de l'activité de Caby dans le recrutement pouvait devenir inquiétante car il formerait un groupe sur Villers-Bocage qui se serait constitué dans un but purement militaire. Groupe armé seulement d'un émetteur !!!

Le résultat est tout autre, quand la rafle de mars à mai a été lancée la carte des défenses allemandes était confectionnée et depuis quelques mois entre les mains du MIG, remise directement par Marie Madeleine Fourcade qui était à Londres à l'époque : LA MISSION ETAIT ACCOMPLIE.

Le danger d'après ce rapport final serait venu du groupe d'espionnage "Lepeu" qui œuvrait sur la rive droite de l'0rne, de Cabourg à Honfleur, sous le nom du responsable local du "réseau ZERO France ". Il a été totalement démantelé entre mars et juillet 1944 (ZERO France Vie et mort d'un réseau de résistance à Dives, publié en 1994 par le collège de la Divette de Cabourg avec l'aide de Jean Quellien).