LOUSTANAU-LACAU

  Georges Loustaunau-Lacau


Une brillante carrière militaire
Né en 1894, fils d'officier, béarnais, fait ses études secondaires au lycée de Pau. Bachelier ès-sciences, il entre à Saint-Cyr en 1912 et fait partie de la promotion de Montmirail (1912-1914).
Lors de la mobilisation en aout 1914, sous-lieutenant, il est affecté comme officier de liaison au 332e régiment d'infanterie. Il reçoit la croix de chevalier de la Légion d'honneur en juillet 1917 en tant que « commandant d'une compagnie de mitrailleuses, d'une bravoure remarquable ». Plus tard, il sera blessé.

Après la guerre, il rejoint l'École de guerre, où il est le condisciple de Charles de Gaulle. Il sort en tant que major de promotion (De Gaulle sera 13eme). Il appartient ensuite aux états-majors de Weygand et de Lyautey avant de devenir officier détaché à celui du maréchal Pétain entre 1934 et 1938, succédant à de Gaulle au poste d’écrivain d’État-Major.


Activiste d'extrême droite

Initiateur à la fin de 1936 d'un service de renseignement anticommuniste dans l'armée, les réseaux Corvignolles. Ensuite publiant, sous pseudonyme, divers articles critiques sur l'armée, il est sanctionné et placé en position de non-activité le 15 février 1938. Il est en contact avec le Parti populaire français de Jacques Doriot, avec le colonel de La Rocque du parti social français en 1937 et avec Charles Maurras afin d'aboutir à l'union des droites. Il a créé l'Union militaire française (UMF)  en 1938 dont l'objectif était la surveillance et dénonciation de l'infiltration communiste dans l'armée française. Il fonde fin 1938 l'Association de défense de la nation, pour demander l'interdiction du Parti communiste en France.

Il anime aussi une société d'éditions, La Spirale, qui publie deux périodiques, l'un anticommuniste, Barrage, et l'autre antiallemand, Notre prestige, qui fusionnent en novembre 1938 sous le nom de l’Ordre national. Il confie le secrétariat général du groupe de publications à Marie-Madeleine Méric. Il signe ses articles sous le pseudonyme de  "Navarre", un pseudonyme qu'il utilise aussi pour les organisations qu'il anime. Il dénonce à la fois le danger allemand et la menace soviétique et espère que l'Angleterre et la France « chercheront à détruire la monstrueuse puissance d'Hitler ». En 1938, il  publie les ordres de bataille de l'armée d'Hitler, ce qui valut à l'équipe de Loustaunau-Lacau un succès d'estime (ou une certaine jalousie) auprès des services officiels.

Réintégration dans l'armée
Il est réintégré dans l'armée en septembre 1939.  En 1940, il accuse le commandement de trahison, est incarcéré pour son insubordination, le 22 mars 1940, sur ordre de Daladier, président du Conseil, et emprisonné à la forteresse de Mutzig près d’Obernai.
Il est libéré le jour de la Pentecôte 1940, grâce à quelques appuis et prend alors part à la bataille de France dans le secteur de Verdun et revendique la destruction de 22 chars ennemis par les troupes disparates sous ses ordres le 14 juin, jour où il est commotionné puis grièvement blessé et fait prisonnier. Soigné à Châlons-sur-Marne, il parvient, par un coup de bluff (?) , à se faire libérer en août 1940 et rejoint la zone libre.


Vichy
Il ne veut pas rejoindre Londres, préférant Vichy. En effet, Loustaunau-Lacau est un proche de Pétain. Il propose aux autorités de Vichy la création d'un centre d'accueil pour les démobilisés, les évadés et autres réfugiés ou anciens combattants. Il loue l'hôtel des Sports et, son projet accepté par Pétain, met en place son équipe
Il est alors nommé par le gouvernement, Délégué général de la Légion Française des Combattants (LFC) créée par loi publiée le 29 aout 1940, "œil et oreille" du Maréchal. Il y voit le moyen de constituer autour d'officiers le rassemblement de la revanche et de mettre sur pied un  réseau secret de renseignements militaires.  Il agit dans un sens à la fois anti-allemand et  anti-communiste. Il recrute d'abord au sein de la droite nationaliste et de l'armée et demande à Marie-Madeleine Méric, son adjointe, de mettre au point le futur réseau. Elle se met à quadriller la zone non-occupée en secteurs pour acheminer le courrier et observer les Allemands, préparer des filières de passage de la ligne de démarcation et d'évasion vers l'Espagne, orientation des nouveaux arrivants. Fin 1940, l'organisation compte plus de 50 membres

Il envoie également à Londres comme ambassadeur personnel Jacques Bridou, le frère de Marie-Madeleine, bilingue et récemment marié à une Anglaise. Il  assure De Gaulle de sa coopération pour continuer le combat car il  pense qu' un commandement clandestin en France est nécessaire, en effet il ne croit pas en une résistance extérieure, et, de plus, ne veut pas être soumis  à De Gaulle qui, à ses yeux, n' a pas les moyens de l'aider financièrement et  matériellement. De Gaulle refuse toute  coopération. Ses contacts avec Londres pour échanger des informations militaires commencent  à être entendus,  les britanniques souhaitent le rencontrer

Son activisme tapageur n'est pas du goût de Pétain, aussi la rupture est inévitable d'autant  que l'entrevue de Montoire a eu lieu. De plus Loustaunau-Lacau est toujours fiché comme prisonnier de guerre évadé par les Allemands

L'alliance avec les anglais

Loustaunau-Lacau part à Lisbonne en Avril 1941 pour rencontrer l'Intelligence Service. Il rencontre Kenneth Cohen de l'Intelligence service le 14 avril 1941 pour monnayer ses informations. Leur entretien dure trois jours. À la fin de celui-ci, Cohen et lui se sont accordés sur plusieurs points : les Britanniques recevront la primeur des renseignements glanés par le réseau, mais n'en auront pas l'exclusivité, Loustaunau-Lacau souhaitant conserver un lien avec les services gaullistes, auxquels le réseau n'est néanmoins pas rattaché. En contrepartie, le développement du réseau est financé par l'IS.  Loustaunau-Lacau ne donne aux Anglais aucun renseignement sur les personnes qui composent le réseau. Les Anglais fournissent à Loustaunau-Lacau un poste-émetteur, permettant enfin la transmission rapide des informations, ainsi que cinq millions de francs. Le poste est installé dans le nouveau quartier-général, à la villa Etchebaster, à Pau. Pendant ce temps, Marie-Madeleine Méric organise son état-major.


Arrestations

Dès 1941, Loustaunau-Lacau est recherché par les Allemands. Il passe en Afrique du Nord avec Faye pour préparer un soulèvement de de l'armée d'Afrique, il rencontre en mai 1941 les conjurés mais ceux-ci sont en grande partie arrêtés le jour même et le complot démasqué. Loustaunau-Lacau s'échappe grâce au commissaire Achiary, de la Surveillance du Territoire ; Léon Faye est envoyé en métropole, transféré sur à Clermont-Ferrand.
De retour en France, Loustaunau-Lacau écrit à Pétain pour lui exposer ses activités, lui réclamer de l'argent et un poste officiel mais des traces de son nom ont été trouvées à Alger ; aussi doit-il désormais se cacher. . Il est à nouveau arrêté, à Pau le 18 juillet 1941 sur ordre de Darlan, et rejoint ses complices à la prison de Clermont-Ferrand.

Il comparaît en septembre devant le tribunal militaire, aux côtés du commandant Faye : il est condamné à deux ans de prison, Faye à cinq mois. Pendant cette détention, Méric prend le commandement du réseau ; à la libération de Faye, elle en fait son chef d'état-major. Faye tente de monter l'évasion de Loustaunau-Lacau, mais sans résultats.

En octobre 1942, par une réduction de peine, Loustaunau-Lacau sort de la prison de Clermont-Ferrand, pour  un  d'internement administratif à Vals-les-Bains sur ordre de Darlan. Il est transféré ensuite dans un hôtel-prison à Évaux-les-Bains. Il arrive à s'en échapper le 7 novembre 1942, et s'installe à Toulouse. Il peut enfin revoir Méric, et lui confie officiellement le commandement de son réseau ; il est arrêté à nouveau peu après. Son réseau tente à nouveau de le faire évader ; en fuite le 25 janvier, il envoie malheureusement sa femme et sa fille dans une souricière à Toulouse. Il se rend alors pour éviter d'aggraver leur sort. Quant au plan d'évasion monté par le réseau, il tourne mal ; à la suite de la trahison d'un agent double, le secteur de Vichy tombe quasi-intégralement. 


Déportation
Vichy le livre à la Gestapo le 31 mars 1943., avec l'ensemble des prisonniers d'Évaux-les-Bains ; Loustaunau-Lacau demeure six mois dans les caves du capitaine de la Waffen-SS Hugo Geissler, subit cinquante-quatre interrogatoires. Condamné à mort, il est extrait de la prison du Cherche-Midi le 16 septembre 1943126, et déporté « nuit et brouillard », avec d'autres officiers, alors qu'une grande opération menée par l'Abwehr décime son réseau. Envoyé d'abord à Neue Bremm puis, à partir du 16 octobre 1943, à Mauthausen, il est transféré le 24 à Wiener Neudorf, dans un camp-usine destiné à la production d'armement. Jusque dans les camps, le commandant Loustaunau-Lacau s’affirme comme un chef énergique, protégeant ses camarades et n’hésitant pas à parler en leur nom. 
Il parvient à survivre à l'internement, puis à la marche « de la mort » de 11 jours vers Mauthausen lors de l'effondrement de l'Allemagne nazie. Il est libéré en avril 1945, il pèse une trentaine de kilos.

Après guerre


Bien que rescapé des camps, lors des procès de la Libération, il est accusé de complot. Il est aussi inculpé dans le cadre du procès de la Cagoule mais bénéficie cependant d'un non-lieu en février ou mars 1948. Il sera encore arrêté dans une autre affaire de complot anticommuniste qu'l nie et passera même 6 mois en prison en 1947 avant d'être remis en liberté. Il profite de son incarcération pour écrire ses mémoires, publiées en 1948, les Mémoires d'un Français rebelle.

Déposition de Georges Loustaunau Lacau au procès Pétain


Ce sont les anglais qui lui donnent une distinction militaire, les insignes du Distinguished Service Order.
Il fait de la politique, est élu député des Basses-Pyrénées atlantiques comme républicain indépendant , mais ...très à droite. Il sera réhabilité (Légion d'honneur en 1952 et promu général du cadre de réserve en 1955) juste avant sa mort à 60 ans.

L’historien Simon Epstein résumera ainsi ce parcours atypique : “ Nombre d’antifascistes de 1936, basculés collaborateurs en 1940 mais experts à se faire pardonner en 1944, auront connu une Libération plus paisible que celle qui s’acharna sur ce résistant de la première heure, rescapé de Mauthausen et des marches de la mort ”.
En 2016 son nom  donné à une promotion de Saint Cyr fait scandale,  le nom sera suspendu en 2018 par l'armée de terre en raison " de certains aspects controversés du passé"....


SOURCES

Wikipédia

http://www.reseaualliance.org/pages/biographie-des-membres/georges-loustaunau-lacau-bis.html

https://www.lopinion.fr/secret-defense/loustaunau-lacau-etait-considere-comme-un-dingue

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire