- Né le 25 juin 1906 à Port-en-Bessin (38 ans)
- fils de Alphonse Georges, marin et de Louise Armande Delain, sans profession.
- Profession :Patron pêcheur
- Marié le 14 mai 1927 à Octeville (Manche) avec Fernande Laurence Héron, il était père de deux enfants.
- Résidant à Port en Bessin
- Contacté par R Douin, il devient Résistant au sein du réseau Alliance dont il est un agent de renseignement très actif, en particulier sur les fortifications côtières. Responsable du secteur de Port en Bessin. Toujours en vadrouille sur son vélomoteur, tout le monde pense qu’il fait du marché noir alors qu’il travaille pour son réseau.
- Il recrute un groupe actif de pêcheurs : Paul Bernier ("Petit gris") agent de liaison avec la Manche, Léon Payen, André Tabouret, Gaston Chauvin, Auguste Thomine, les 3 frères Pierre, Léon et Edouard Cardron
- En juillet 1943, il est contacté par Joel Lemoigne pour renseigner la nouvelle branche d'Alliance " Seastar", spécialisée dans le renseignement et informations marines.
- Arrêté le 17 mars 1944 par les auxiliaires français de la Gestapo et incarcéré à la maison d’arrêt de Caen. Il était accompagné de son fils Georges âgé de 16 ans (agent occasionnel) arrêté aussi mais qui sera relâché un mois plus tard, faute de preuves.
- Fusillé le 6 juin 1944, dans une cour de la Prison de Caen. Inhumé provisoirement dans la cour de la prison puis le 30 juin exhumé et transporté par les allemands dans un autre endroit inconnu. Les corps des victimes du massacre n’ont pas encore été retrouvés.
- Obtient
- la mention « Mort pour la France »,
- la Croix de Guerre avec Palme
- la croix de Chevalier de la Légion d’honneur à titre posthume.
- homologué comme membre des Forces françaises combattantes (FFC) et reçut le titre de Déporté et Interné résistant (DIR).
- Son nom figure sur le monument commémoratif des déportés et fusillés, résistants de Bayeux et du Bessin, à Bayeux et sur et sur le monument aux morts, à Port-en-Bessin (Calvados).
Blitz-Paris Nr. 22 097, 16.03.44, 1315 – Rue
Au commandant de la police de Sécurité (Sip0) et au service de sécurité (SD) de Rouen - secret
Objet :
cas d'espionnage "Alliance"
.../...
Les personnes suivantes sont membres de l'organisation ND
(ND-Organisation) :
Agent : THOMINE. Georges, nom de code "Cachalot", domicilié
à Port-en-Bassin, 5 rue de la mer, Calvados.
Caen, le 18 mars 1944
Les personnes suivantes ont été arrêtées le 16.3.44 suite au télex du BdS N° 22097 :
DOUIN, Robert, né
le 4.7.91 à Caen, domicilié à Caen, 33 rue de Geole
CABY, Jean, né le
8.12.11 à Paris, domicilié à Villers-Bocage
THOMINE, Georges, né
le 25.6.06 à Port-en-Bessin, domicilié à Port-en-Bessin
SAINT PAUL, Guy, né
le 22.3.14 à Curcy, domicilié à Amayé-sur-Seulles
Son interrogatoire dut être très violent, en effet, c'est le seul ou est indiqué par trois fois "sous la menace" ce qui signifie qu'il a été torturé.
-"Couliboeuf" "a également présenté COULIBOEUF, dont je savais qu'il appartenait à l'organisation de résistance ROGER. J'ai également appris que Couliboeuf était chargé de Roger d'organiser un service de renseignement aux environs de Port-en-Bessin."qui est en fuite depuis 1943."
Enfin, toujours sous la torture, il reconnait : "avoir recruté le DUVAL de Ouistreham pour l'organisation ... qui a immédiatement accepté de travailler pour l'organisation."
Au total c'est une dizaine de personnes qui sont citées sous la torture. Il faut absolument remarquer que G Thomines ne cite pas un seul nom de son groupe de Port en Bessin, il n'y aura aucune arrestation.
Jean Thomine est lui même cité par 6 personnes:
Truffaut : "En tant qu'agent de l'organisation à Caen je connais un autre homme nommé THOMINE Georges, marin, alias "Cachalot ", âgé d'environ 25-35 ans, domicilié à Port-en- Bessin, rue de la Mer."
Caby :"un jeune homme m'a contacté et m'a montré une lettre de Thomine et m'a demandé de l'accompagner d'abord à Caen puis à Paris."...".m'a suggéré de recueillir des informations sur les mouvements de troupes pour Couliboeuf ou Thomine"
Douin : "Le pêcheur Thomine, qui avait également été arrêté, m'a été présenté à la gare de Caen à peu près au même moment."...". Thomine m'a également envoyé deux fois des informations sur les fortifications côtières."
Primault : "En avril 1943, Thomine m'a demandé d'accepter des lettres de temps en temps et de les rendre à certaines personnes qui me demandaient un pull bleu pour marin. Cette demande fonctionnaitcomme mot de couverture."..."Thomine, pour sa part, est venu me voir deux fois pour récupérer des lettres"
Duval : "En 1942, j'ai rencontré le Français Georges Thomine, qui vit à Port-en-Bessin. Thomine m'a dit qu'il était en train de créer un groupe de résistance et m'a demandé de rejoindre cette organisation. Au début, j'ai refusé, mais ensuite j'ai rejoint l'organisation." ...."Thomine m'avait également dit qu'en cas de débarquement anglais, je recevrais d'autres instructions et que je devrais être prêt à tout moment"
Lemière : "À Port-en-Bessin vivait un pêcheur nommé Thomine...j'ai immédiatement demandé à Thomine son avis sur la possibilité de faire passer un français en Angleterre...Thomine a répondu que c'était très difficile...il est venu chez moi et m'a laissé l'emmener chez Caby à Villers Bocage. ...Après avoir donné des instructions à Thomine, je suis retourné à mon appartement. ...Je ne sais pas ce qui a été discuté entre Thomine et Caby."
RAPPORT FINAL ALLEMAND traduit
4/ Une importance tout aussi grande que celle que Caby avait sans doute, surtout dans les premiers temps, le pêcheur
Georges Thomine,
né le 25/06/06 à Port-en-Bessin,
marié, 2 enfants,
domicilié à Port
en-Bessin.
Il était déjà membre du service de renseignements Giraud depuis mars 1943, avec le représentant du Douin, Coulibeouf, qui, comme le montre surtout l'interrogatoire de Thomine, avait été très actif. C'est Couliboeuf qui l'a également mis en contact avec le Roger après peu de temps.
Selon ses propres aveux, Thomine avait déjà recueilli des renseignements sur les fortifications côtières depuis l'époque de Coulibœuf, en particulier dans la région d'Arromanches, de Grandcamp et d'lsigny, et les avait transmis à Coulibœuf. (p. 20 du A.).
En dehors de cela, il a également fait un travail considérable en termes d'organisation. Il a avoué, par exemple, avoir gagné le Primault comme boîte aux lettres et l'avoir proposé à Couliboeuf.
Il a en outre (p. 21 de l'A.) mis en relation un certain Cauvin avec Tadorne à Cherbourg, où il était allé avec T., prétendument parce que Roger cherchait par tous les moyens une traversée vers 'Angleterre. Dans le doute, cependant, la raison aura été une autre. D’ailleurs, le service de renseignement Giraud s'est beaucoup intéressé à la station maritime de Cherbourg où travaillait le Cauvin. Le doute sur la justesse des déclarations de T. est renforcé par ses propres aveux (p. 22 d.A.),puisqu’il déclare lui-même que Cauvin et Tadorne avaient parlé de diverses installations de la station.
À la demande de Couliboeuf, il recrute également un autre agent à Ouistreham pour l'organisation, à savoir Duval, dit F 37, à qui il propose d'ailleurs immédiatement un travail de renseignement contre l'A|lemagne. (p. 22 du A.)
Au fait, il est
intéressant de noter que Roger voulait nommer le Th. avant tout pour
chercher une traversée vers
l'Angleterre, une demande que Thomine prétend avoir refusée en
raison du prétendu danger de l'entreprise.
Déjà, d'après la
déclaration de Thomine selon laquelle Couliboeuf était avec lui
presque chaque semaine pour lui
parler de la situation générale (p.20d. A.), ainsi que d'après les conclusions susmentionnées de
l'activité organisée de Th., il s'ensuit parfaitement qu'il a joué
un rôle dans le cadre général de l'organisation qui ne doit pas
être sous-estimé, d'autant plus qu'il semble avoir eu des relations
très intimes avec Roger et Tadorne, qui lui ont rendu visite
personnellement à plusieurs reprises. Tous les voyages, d'ailleurs,
ont été payés directement parle service de renseignement.
INTERROGATOIRE traduit
Interrogatoire.
De la KWHA (prison de la Wehrmacht) Caen présentée apparaît le ressortissant français
THOMINE, Georges,
né le 25/06/06 à Port-en-Bessin,
Fils du pêcheur Alphons Thomine et de sa femme Louise, née Delain,
Marié à Fernande, née Hernon,
2 enfants, âgés de 16 et 6 ans, catholique
N'aurait pas été condamné auparavant,
Et, averti de devoir dire la vérité, dit ce qui suit:
Sur la personne:
J'ai fréquenté l'école de Port-en-Bessin jusqu'à l'âge de 14 ans. Par la suite,je suis allé pêcher
régulièrement avec mon père. Aujourd'hui encore, je gagne ma vie avec la pêche côtière. En 1926,j'ai fait mon service militaire en tant que médecin, et c'était dans la marine. Pendant cette guerre, j'étais d'abord censé être mobilisé, mais pour une raison que j'ignore, cela ne s'est pas fait. Ce n'est que lors de l'évacuation de Dunkerque que j'ai été mis en charge d'une flottille composée de 5 bateaux pour amener les soldats français en Angleterre.
Sur le sujet:
En mars 1943, lors d'une conversation dans le port de Port-en-Bessin, un certain Paul BERNIER alias ARSEN me demanda si je voulais rejoindre un groupe de résistance. À l'époque, je n'ai pas
directement refusé, mais je n'ai pas non plus accepté. Peu de temps après, il m'a présenté un certain JEAN, que j'ai connu plus tard sous le nom de ROGER. Nous avons longuement discuté tous les deux, mais il n'a pas été question d'espionnage. Il s'intéressait surtout à la possibilité de se rendre en Angleterre par barge. Je lui ai expliqué que cela était impossible, qu'en raison de la surveillance des ports et des champs de mines, un passage était dangereux.
Entre-temps, Bernier a également présenté COULIBOEUF, dont je savais qu'il appartenait à
l'organisation de résistance ROGER. J'ai également appris que Couliboeuf était chargé de Roger
d'organiser un service de renseignement aux environs de Port-en-Bessin.
J'ai rencontré Roger environ quatre semaines plus tard chez Couliboeuf, près de Formigny. Bernier a également participé à cette conversation. Au cours de la conversation, il m'a dit que si j'avais des informations sur la côte, je devrais les donner au Couliboeuf. J'ai revu Roger quatre fois dans la période suivante, dont une fois à Paris. Couliboeuf est venu me voir presque chaque semaine jusqu'à son évasion fin septembre 1943.
Auf Vorhalt: (sous la menace)
J'avoue que pendant la conversation, je lui ai aussi donné des informations sur les défenses côtières que je connais. En avril 1943, j'ai également rencontré GABY, son beau-frère OLARD et LEMIERE, ce dernier m'a dit que Gaby voulait s'échapper. J'ai maintenu un lien avec Gaby par la suite, mais il n'a jamais reçu de messages de ma part.
Interrogé, je déclare que c'est moi qui ai donné l'adresse du PRIMAULT au Couliboeuf comme boîte aux lettres pour la transmission des messages. Je connaissais le Primault pour son travail de vendeur dans un magasin de matériel de pêche.
En janvier 1944, Gaby m'a présenté le DOUIN à Caen. Je l'ai revu deux fois dans la période suivante, mais sans lui donner de l'information.
Auf Vorhalt: (sous la menace)
Je dois avouer que je lui ai parlé en détail des fortifications côtières de ma région. l'étais conscient que ces informations touchaient à d'importants secrets militaires.
Je connaissais aussi TRUFFAUT alias TADORNE de l'organisation, qui m'a été présentée par un certain MARIUS de Carentan (Manche). Je l'ai vu trois fois en tout, la dernière fois quelques jours avant mon arrestation. Selon les instructions que Roger lui avait données, il tenait à obtenir une connexion avec l'Angleterre par mon intermédiaire. Je ne sais pas si c'était dans le but de distribuer du courrier ou de faire passer des hommes là-bas.
J'ai rencontré MOREL alias MANCHOT un jour chez Couliboeuf. Autrement, je n'ai eu aucun contact,avec lui. En janvier 1944, Tadorne m'a donné l'ordre de me rendre à Paris. J'ai rencontré Roger au restaurant "La Pipiníere" dans la rue du même nom à la gare St. Lazare. Il m'a dit qu'il avait maintenant assez d'argent pour acheter un bateau pour la traversée vers l'Angleterre. Je lui ai répondu que rien n'avait changé dans mon opinion précédente, car la traversée était devenue encore plus dangereuse entre-temps. Roger m'a donné S00 frs pour les frais de voyage.
En février, j'ai mis en relation une ancienne connaissance du nom de CAUVIN avec Tadorne à
Cherbourg, où j'étais allé avec Tadorne, car Tadorne cherchait un moyen de traverser par tous les moyens. Cependant, Cauvin lui a expliqué en ma présence que ce n'était pas possible pour le
moment. Comme Cauvin travaillait à la Gare Maritime de Cherbourg, Tadorne s'intéressait beaucoup à lui. Ils ont également parlé immédiatement après des différentes installations de la station, mais je ne sais pas si Tadorne l'a inclus dans l'organisation. Tadorne a payé les frais de voyage pour le voyage à Cherbourg.
Je ne connais pas d'autres personnes qui appartiennent ou pourraient appartenir à l'organisation. Je ne peux pas non plus donner plus de détails sur le lieu où se trouvent les anciens membres qui ont fui.
J'étais moi-même membre de l'organisation de résistance et d'espionnage depuis début avril 1943, recruté par Couliboeuf et Bernier. Mon nom de code était CACHALOT depuis le mois d'août de cette année-là. Hormis les différents voyages que j'ai effectués au nom de l'organisation à Paris, Caen et Carentan, dont les frais m'ont été remboursés, je n'ai jamais reçu aucune somme à titre de rémunération ou de récompense.
J'étais bien conscient de la nature dangereuse de mon travail, d'autant plus qu'on nous avait dit
expressément lors de l'évasion de Couliboeuf qu'il fallait rester calme pendant un certain temps.
L'ordre de reprendre l'ancienne activité a été donné par Douin en janvier 1944 et peu après par
Tadorne.
Auf Vorhalt: (sous la menace)
J'avoue que j'ai aussi recruté le DUVAL de Ouistreham pour l'organisation. Environ en juin de l'année dernière, je cherchais, selon l'ordre, un homme pour Couliboeuf à Ouistreham et je l'ai trouvé en Duval, qui a immédiatement accepté de travailler pour l'organisation.
Je ne peux pas donner plus de détails sur la question, j'assure que j'ai dit la vérité.
Le procès-verbal ci-dessus m'a été traduit en français et je reconnais son exactitude par ma
signature.
Responsable de service.
INTERROGATOIRE : ARCHIVE ORIGINALE
SOURCES :
- http://maitron-en-ligne.univ-paris1.fr - DAVCC, Caen, Notes de Thomas Pouty
-Centre de recherche d’histoire quantitative de l’Université de Caen, Quellien J. [dir.], Livre mémorial des victimes du nazisme dans le Calvados, Caen, Conseil Général du Calvados : Direction des Archives Départementales, 2004, 240p.
-https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article166863
-Archives sur les fusillés de la prison de Caen le 6 juin 1944 – SHD Vincennes GR 28 P3 71 » publication de Marc Antoine de Saint Pol
