SAINT POL GUY de

SAINT-POL Guy (Comte de)                              
Résistant Secteur Ferme, "Jardin" groupe de Villers Bocage 
  • SAINT-POL Guy, Alfred, Marie (Comte de)
  • Né le 22 mars 1914 à Curcy-sur-Orne (Calvados) (30 ans)
  • fils d’André, Joseph, « Mort pour la France » le 7 septembre 1914 à Rembercourt (Meuse) et d’Yvonne Senot de La Londe, domiciliés au château de Cropton.
  • Profession :  propriétaire terrien et exploitant agricole, à Amayé-sur-Seulles (Calvados). (a fait l’école des Officiers de Réserve)
  • Marié le 3 novembre 1936 à Yolande Marie Josèphe Gazet du Chatelier, née à Saint-Léger-les-Vignes (Loire-Inférieure) 2 enfants nés en 1937 et 1942.
  • Résidant à Amayé-sur-Seulles (Calvados).
  • Mobilisé le 2 septembre 1939, il rejoint dans le secteur de Verdun le 505ième R.C.C. A la fin de l’année 1939 il est affecté au 503ième R.C.C. à Satory. Le 11 juin 1940, ordre est donné au régiment de rejoindre le dépôt de chars du 503ième R.C.C. situé à Castelnau-Magnoac près de Tarbes. Plusieurs fois mitraillé par l’aviation allemande, le convoi met un mois pour atteindre sa destination. Démobilisé il est de retour dans son foyer le 11 septembre 1940.
  • Résistant au sein du réseau Alliance depuis 1942,  Agent de renseignement P2, chargé de missions de 3ème classe (C.M.3, sous-lieutenant). Il est rattaché à l’une des deux équipes de Robert Douin dit « Civette », chef du secteur de Caen.  Il est particulièrement actif :
  • Réalise à plusieurs reprises des liaisons-radio  de chez lui à Amayé. Il effectue des gardes de nuit sur des voies ferrées parfois à plus de 20 kms de chez lui, pour relever les convois ennemis de troupes et de matériel. Il fournit des renseignements sur les défenses côtières allemandes, et contribue ainsi à la réalisation, par Robert Douin de la carte des côtes normandes transmise à l’I.S.Britannique (Intelligence Service) pour le débarquement. Marie-Madeleine Fourcade écrira plus tard, au sujet de Guy de Saint Pol, « agent d’un grand courage ayant fourni des documents exceptionnels ».
  •  En mai 1943 il a reçu trois fois la visite des allemands qui ont fouillé de fond en comble sa maison
  • Aides diverses : Durant l’été 1943, il héberge deux « requis », venus de la région de Nantes, Jean et Pierre Wichasky, qui se cachaient pour fuir le S.T.O. En octobre 1943, il héberge chez lui deux aviateurs américains, les capitaines Harold Curtiss et Harold Helstrom, dont l’avion avait fait un atterrissage forcé près de chez lui. Il les cache et les introduit dans une filière d’évasion dont il avait connaissance.  A l’été 1946, son épouse, reçoit une lettre de ces officiers provenant des Etats Unis, preuve qu’ils avaient pu regagner l’Angleterre via l’Espagne.
  • A hébergé en octobre.1943 pendant plusieurs semaines un agent du réseau Alliance Havart alias "Hilaire" recherché par la gestapo.
  • Arrêté le 17 mars 1944 à son domicile d’Amayé-sur-Seulles (Calvados) par la Gestapo et incarcéré à la maison d’arrêt de Caen.(avec Robert Douin, Jean Caby,) Voir ci-dessous  le détail de son emprisonnement.
  • Fusillé le 6 juin 1944, dans une cour de la Prison de Caen. Inhumé provisoirement dans la cour de la prison puis le  30 juin  exhumé et transporté par les allemands dans un autre endroit inconnu. Les corps des victimes du massacre n’ont pas encore été retrouvés.
  •  Décorations à titre posthume :
    • Medal of Freedom du 18 octobre 1946 décernée par le Général d’Armée D.Eisenhower avec citation dont voici la traduction : « Guy de Saint Pol, Citoyen Français,
      A combattu de la façon la plus courageuse pour la cause de la liberté en fournissant une aide d’une importance exceptionnelle à des membres des forces armées Américaines et Britanniques qui évitèrent d’être capturés dans les pays d’Europe occupés par l’ennemi. Le courage, la bravoure et la dévotion exceptionnelle à la cause commune de la liberté dont a fait preuve cette personne en faisant des actions aussi périlleuses, tout en connaissant le prix à payer en cas d’arrestation, ont apporté une contribution essentielle à la fin des hostilités dans ce théâtre d’opérations, méritant ainsi le plus haut degré d’admiration ».
    • Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.
    • Croix de Guerre avec palme.
    • Médaille de la Résistance.
    • Certificat de Services décerné par le Field Marshal Montgomery.
    • la mention « Mort pour la France » le 20 avril 1947 
    •  homologation comme membre des Forces françaises combattantes (FFC).
    • Son nom figure sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative 
      • dans l’église à Amayé-sur-Seulles (Calvados)
      •  sur le monument aux morts de Thouaré-sur-Loire (Loire-Atlantique), ainsi que sur la stèle de l’Église.

TEMOIGNAGE
Lire  le  Témoignage  de la famille de Guy de Saint Pol  qui explicite son activité de résistant et son emprisonnement.


EMPRISONNEMENT
Il est mis, comme Douin et Caby, dans un cachot insalubre, sans lumière ni aération, avec pour seule nourriture de la soupe au chou et un quignon de pain. Il n’en sort que pour subir des interrogatoires particulièrement éprouvants. Guy de Saint Pol, fervent chrétien, puise dans la prière la force de résister.

La gestapo n’obtient aucun renseignement de ces agents. Guy de Saint Pol au bout de 47 jours regagne une cellule « normale ». Il communique alors avec son épouse par des petits messages écrits avec une mine de crayon sur du papier fin glissé dans la doublure de ses manches de chemises, les prisonniers ayant le droit de transmettre du linge à leur famille pour qu’il soit lavé. Ainsi, il rapportera qu’Il participait à la vie de la collectivité comme balayeur de son étage, le 3ième, ou comme « soupier ». Ceux qui ont échappé au massacre diront qu’allant de cellule en cellule, il encourageait ses camarades. L’aumônier confira plus tard : « Il est de ceux que l’on n’oublie pas ». Il attendait avec grande confiance le grand jour de la libération par les Alliés, jour qui pour lui devait être proche.

Le jour du massacre du 6 juin 1944 a été très bien décrit dans le livre « Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen », de Jean Quellien et Jacques Vico. Guy de Saint Pol est de la deuxième vague des fusillés. Le temps pour lui de distribuer la soupe de midi et d’encourager chacun à faire face à l’épreuve finale. Vers 15h la fusillade reprend jusqu’à la fin de l’après-midi.



INTERROGATOIRE : SYNTHESE
Dans le rapport final allemand, il est indiqué "après un interrogatoire très difficile" ce qui signifie clairement qu'il a été torturé, bien que cela ne soit pas indiqué, comme parfois,  dans le rapport d'interrogatoire "sous la menace"
Il reconnait avoir hébergé un jeune en homme en fuite, en fait un résistant et avoir sympathisé avec le groupe de résistance de Caby à Villers-Bocage.  Il reconnait avoir accepté d'être disponible pour Caby en cas de débarquement anglais, mais  nie avoir fourni des informations militaires et n' avoir pris part a aucune action active.
Guy de Saint Pol n'indique que le nom de Caby et, Caby, le cite brièvement également :"Pendant cette période, j'ai également vu TRUFFAUT alias TADORNE, qui a emmené HAVARD, qui habitait chez le comte SAINT POL à Paris." ... "Comme sous-agents pour l'espionnage, je n'avais que Le Baron et le Comte de Saint Pol."

En fait G de Saint Pol a très peu parlé, il a indiqué le minimum qu'il ne pouvait pas nier et que les allemands connaissaient.




RAPPORT FINAL allemand traduit


5/ Guy, Alfred, Marie Saint Paul,

Né le 22/3/14. à Curcy (Calv.)
Propriétaire terrien, marié, 2 enfants, catholique,
Domícilié à Amayé s/ Seulles(Calv.)

avait été désigné comme passeur d'agents dans le télex du BdS. du 163.44 n° 22097 (p. 1 de l`A.).

ll avoue - après un interrogatoire très difficile - avoir su que Havart, alias Hilaire, également arrêté en tant qu'agent, avait déjà été membre d'un groupe de résistance et était en fuite lorsqu'il est venu le voir en octobre 1943.
Il l'a hébergé en toute connaissance de cause.

Entre-temps, Caby avait déjà établi un contact plus étroit avec lui, de sorte que Paul a pris conscience du mouvement de résistance de Caby. (p.30 du A.)

P. admet qu'il était en principe disposé à se mettre à la disposition de l'organisation en cas d'urgence, mais nie avoir donné à Caby des informations militaires ou autres d'importance militaire (p. 30).

Cette déclaration est manifestement fausse, et surtout contredit le témoignage de Caby (p.18.dA.), présenté avec une certitude et une crédibilité absolues, selon lequel le comte de Saint-Paul devait être l'un de ses sous-agents.

Il ne peut y avoir aucun doute, malgré la contradiction de Paul, quant à l'exactitude des déclarations de Caby selon lesquelles St Paul lui a également donné des renseignements militaires, notamment sur les mouvements de troupes.



INTERROGATOIRE  traduit en  français


                                                                                                                                                                                 Caen, le 13 mai 1944

Interrogatoire

A la KWHA (prison de la Wehrmacht) Caen présente apparaît le ressortissant français

DE SAINT-POL, Guv, Alfred Marie, né le 22/3/1914 à Curcy /Calvados, propriétaire

foncier, marié, 2 enfants âgés de 6 et 11 ans, Catholique, domicilié a Amayé sur Seulles / Calvados et déclare, avant été élucidé sur le sujet de l'interrogatoire et averti de devoir dire la vérité, ce qui suit :

Sur la personne :

Je suis né, comme indiqué plus haut, fils du comte Andre de Saint*Pool et de son épouse Yvonne, née Senot de la Londe. J'ai fréquenté l'école supérieure pendant 10 ans sans me préparer a une profession en particulier. De 1934 à 1936, j'ai accompli mes 18 mois de service militaire au sein du 505e régiment des chars à Vannes /Morbihan et j'ai été déchargé en tant que sous officier. Au cours de cette guerre, j'ai été appelé à Rouen pour rejoindre le 513e régiment de chars. Je n'ai pas pris part aux opérations de combat parce que mon unité n’était pas déployée. Je n'ai pas de casier judiciaire.


Sur l'affaire :

Fin octobre 1943. un jeune homme est venu me voir et m'a demandé un logement et du travail.
Selon son apparence, je le considérais comme un homme qui essayait de se cacher pour une raison quelconque. Je l'ai accueilli et l'ai hébergé chez moi pendant environ 3›4 semaines. Au cours de nos conversations, il m'a dit qu'il s'appelait Harvard, qu'on pouvait aussi l’appeler "Hilaire" et qu'il avait fait partie d'un groupe de résistance à Paris et qu'il était en fuite. Comme je sympathisais déjà avec le groupe de résistance des Caby à Villers-Bocage, j'avais une compréhension totale pour Harvard. Harvard ne m'avait pas dit le nom de son groupe de résistance à Paris. Après son séjour de trois semaines chez moi, un jour, Caby m'a téléphoné et a demandé a Harvard de venir à Villers-Bocage, où un homme de Paris l'attendait. Je n'étais pas chez moi à ce moment-la et Caby avait lui-même parlé au téléphone avec Harvard. Harvard m’avait dit où il allait avant de partir. Je ne connais pas le nom de l’homme de Paris, je n'ai rien à voir avec lui. J'avoue que j'ai accepté d'être disponible pour Caby en cas de débarquement anglais. Mais je nie avoir donné à Caby des informations militaires ou autres informations pertinentes. Je n'ai encore pris part a aucune action active d'aucune sorte contre la puissance occupante. Il est vrai que j'avais demandé à Harvard de contacter Caby pour qu'il le ramène dans un groupe de résistance, ce qui s'est produit, comme indiqué plus haut.

Je ne peux pas donner plus de détails sur la question. L'interrogatoire a été mené en français et je reconnais son exactitude.


St. Unterschadùhrer






INTERROGATOIRE : ARCHIVE ORIGINALE






SOURCES :
  • Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J2.
  • Marie-Madeleine Fourcade : L’Arche de Noé, Paris, éd. Plon 1989.
  • Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, Nantes, 2001.
  • Mémorial de l’Alliance, 1948.
  • L’Avenir de l’Ouest, 4 juin 1945 ("Le Comte de Saint-Pol a continué la tradition de ses ancêtres").
  • Site internet Le forum du débarquement et de la bataille de Normandie.
  • Site Pierfit geneanet.
  • Mémorial GenWeb.
  • Archives sur les fusillés de la prison de Caen le 6 juin 1944 – SHD Vincennes GR 28 P3 71 » publication de Marc Antoine de Saint Pol
  • Archives familiales (lettres, témoignages, coupures de presse, attestations diverses…).
  • Archives sur le Réseau Alliance.
  • Livre de Jean Quellien et Jacques Vico, « Massacres en Normandie, les fusillés de la prison de Caen » aux Editions Charles Colet.
  • https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article196117&id_mot=13626
  • Archives sur les fusillés de la prison de Caen le 6 juin 1944 – SHD Vincennes GR 28 P3 71 » publication de  Marc Antoine de Saint Pol (son fils) avec un dossier complémentaire consacré à son père

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