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Organisation du réseau Alliance

Le réseau Alliance est implanté  sur toute la France, zone libre comme zone occupée, c'est un réseau qui se consacre uniquement au renseignement.  Il est structuré an niveau du territoire en grandes régions (évolutives), comme "Ouest" divisée en Bretagne et Normandie,  et au niveau suivant  "Ferme" et "Fleuri" pour la Normandie, eux-mêmes divisées en sous secteurs.
Il existe en plus  quelques structures spécifiques, des  "sous-réseaux" et quelques "équipes" dédiées à des  opérations complémentaires au renseignement.

  • ORGANISATION TERRITORIALE
Le Réseau Alliance est organisé en régions et secteurs avec à leur tête un état-major. Il était structuré de telle manière que les responsabilités reposaient sur les épaules de nombreux chefs chacun pour leur secteur et leur spécialité. On compte donc par centaines les chefs de ce réseau, mais seule une dizaine s’occupait du réseau dans son ensemble.


    • État-major:
      La Centrale du réseau (poste de commandement) était mobile à travers la France afin d’éviter d’être localisée. Elle est dénommée "Grand Hôtel, chargée d'assurer et organiser les services communs : radio, opérations d'atterrissage et de parachutage, liaisons marines, auto-défense, fausses identités, finances, évasions, assistance aux familles des disparus, etc.

      L’état-major était constitué de 1 ou 2 chefs de réseau, 1 centrale radio commandement, 1 secrétariat  : dactylos, chiffreurs, expert, 1 PC agent de liaisons, 1 PC trésorier, 1 PC papier d’identité, 1 PC rendez vous et refuges.

      La Centrale du réseau était mobile à travers la France afin d’éviter d’être localisée  (VOIR LES CARTES):
      • Vichy : octobre 1940 / février 1941
      • Pau  : septembre 1940/ novembre 1941
      • Marseille : décembre 1941/ novembre 1942) + Le Lavandou (juillet 1942)
      • Toulouse / Dordogne Alentours d'Ussel / Terrasson / La Roque-Gageac / Cahors / Tulle / Altillac   de novembre 1942 / février 1943
      • Lyon : février / mai 1943
      • Paris : mai 1943 / juillet 1944
      • Aix-en-Provence : juillet 1944
      • Paris : août 1944
      • Verdun Nancy :août - septembre 1944
      • Briey  : novembre - décembre 1944
        .
    • Grandes Régions : Paris, Nord, Centre, Est, Ouest, Sud-Ouest, Midi, Sud-Est 

    • Secteurs géographiques :
      Les noms et  limites des régions ont sans cesse évolué  dans le temps.(Ex: Ouest a été ensuite  divisé en Bretagne et Normandie)
      Les principales :  Paris, Lille, Normandie, Bretagne, Lyon, Autun, Île de France, Verdun, Lyon, Grenoble, Savoie, Vichy, Ussel, Tulle, Dordogne, Bordeaux, La Rochelle, Pau, Bayonne, Lourdes, Toulouse, Pyrénées, Marseille, Provence, Vallée du Rhône, Nice, Italie, Afrique du Nord.
      eux mêmes divisés en sous secteurs comme "Ferme" (Manche Calvados et Seine inférieure)...

      Ces secteurs évolueront avec l'extension du réseau, ainsi en Normandie apparaitront  en plus le secteur "Thésée" (Seine Inférieure et Oise) et Verger (Eure et Oise et Orne) puis "Fleuri" (Orne et Nord Sarthe) en décembre 1943

    • => voir les cartes de localisation et la chronologie

exemple :  Région Ouest : Secteur  Ferme en Normandie

Les régions sont divisées en secteurs comme "Ferme" en Normandie.
En 1941, est créé le secteur Normandie, commandé par Jean Roger dit "Sainteny" ou "Dragon".  Ce vaste secteur est lui même divisé en sous secteurs qui s'agrandiront et évolueront dans le temps:
    • "Ferme" qui correspond à la Manche, Calvados et Seine inférieure
    • "Verger", qui correspond à l'Eure, Orne et Oise sud
    • "Thésée" qui correspond à la Seine Inférieure et Oise
    • "Fleuri" en 1943 qui correspond à l'Orne et au nord Sarthe




Chaque grand secteur comprend des sous secteurs comme le Calvados avec "Jardin" surtout positionné dans le Bessin (Ouest du calvados) qui était lui même composé de plusieurs groupes actifs qui correspondent souvent à un village ou petite ville comme Port en Bessin, Villers Bocage ou le groupe de 3 villages Trévières-Saint Laurent-Vierville.


  • IDENTIFICATION 

    Des membres 
    Début 1941, le réseau se structure et s'allie aux anglais du MI6 (Intelligence Service), par sécurité chaque membre doit avoir un pseudonyme sous forme d'un code avec 3 lettres et 2  chiffres , ainsi  pour MM Méric : "Poz 55",  Coustenoble: Cou 25, Loustaunau Lacanau N1 mais  se fait  appeler : "Navare" Number one ".
    Londres, qui ne connait aucun nom réel de  résistant,  conseillera  une structure plus rigoureuse tel un nombre spécifique en fonction du rôle de l'agent : le chef de secteur (1), l'adjoint (10) le secrétaire (11) l'agent de liaison (12)... Ces codes seront utilisés pour les rapports destinés aux anglais.

     Toutefois, début 1942, suite à la convocation de MM Méric à Vichy, elle comprend la nécessité de changer les pseudonymes, du moins en France,  pour dérouter  les policiers de Vichy. De Marseille, le réseau va se réorganiser, en utilisant de nouveaux codes de  transmissions ;  désormais, les membres du réseau sont désignés par des noms  inspirés d'animaux, plus tard, les services allemands appelleront le réseau  "l'Arche de Noé".
    Souvent les noms, choisis par MM Méric, évoquent un aspect de la personnalité du résistant :
    -MM Fourcade = Hérisson
    -Léon Faye = Lion ou Aigle
    -Loustaunau Lacanau = Coq
    -Edouard Kauffmann = Criquet 
    -Jean Roger  = Dragon
    -Robert Douin = Civette
     (=> voir la liste des  principaux noms d'animaux utilisés)


    Des lieux
    De même, voir la carte ci-dessus, les régions divisées en secteurs  portent  un nom spécifique,  comme "Ferme" en Normandie, "Chapelle" pour la Bretagne, "Hangar" pour le Sud Ouest.
    Les Villes sont également codées par un nom "totem" comme "Bonne mère" pour Marseille, "Donjon" pour Londres ;  des pseudonymes sont donnés  à certaines personnalités comme  "Oncle Berne" pour Churchill et "Carmen" pour Laval.



    Toutefois début 1943, les allemands commencent à connaître ces codes. Une archive concernant le réseau Alliance, secteur Jardin  le montre :

  • voir le dossier de cette archive



  • STRUCTURES   SPECIFIQUES  DECENTRALISEES & AUTONOMES en 1943 
Les grandes régions  avec   leurs sous secteurs, exclusivement consacrées à la spécificité d'Alliance, le renseignement ont une structure hyper centralisée.
En 1943, le réseau est vaste et s'est beaucoup développé. Il connait de nombreuses arrestations dont certaines sont  liées  à cette organisation très centralisée, en effet une arrestation d'un membre porteur de documents  peut avoir comme conséquence d'autres arrestations lointaines, voire au PC même d'Alliance. Sa structure   devient un danger, aussi  les responsables imaginent que, désormais, le développement sera  décentralisé en créant  de nouveaux ensembles autonomes dans leur recrutement,  dans la spécificité du renseignement et  dans la transmission des renseignements ;  Alliance fournit l'argent pour le fonctionnement mais l'administration du groupe est quasi autonome.  Il n'est plus nécessaire d'avoir des agents de liaison.

Ainsi se créent   quelques structures décentralisées  spécifiques :
-quelques "sous-réseaux" que l'on peut définir comme  réseau atypique décentralisé et  spécialisé dans le secteur maritime  "Sea Star", le réarmement de l'armée de l'air "Pompiers de l'air" ou des 17.000 hommes des compagnons de France  "Druide" qui, finalement, ne furent pas armées.
-quelques "équipes" qui ont une activité spécifique autre que le renseignement comme "Les Apaches" pour les opérations de protection et "Avia"  pour les terrains d'atterrissage


LES EQUIPES
  • Equipe "les "Apaches  "Édouard Kauffmann (mars/ septembre 1943) Jean-Philippe Sneyers (adjoint - mars / septembre 1943)
    Equipe chargée des opérations de sécurité, protection et d'action  montée en 1943, sous le commandement de Kauffmann  ("Criquet" pour le réseau) surnommé alors "Grand Manitou" . Les membres, armés,  portent des noms d’indiens ou de tribus indiennes(Sioux, comanche ...) Ce groupe en partie  autonome du réseau est formé essentiellement de jeunes officiers en congé, de Saint-Cyriens et étudiants.
  • Equipe Avia :
     Equipes spécialisées dans les terrains d'aviation, parachutages
    Responsables : Pierre Berthomier(fin 1940 ) | Pierre Dallas  février 1942 / février 1943)   | Arthur Gachet-Crawley (adjoint - juin 1942 / février 1943) | Pierre Berthomier parachutages - février / avril 1943)  | Pierre Dallas : atterrissages - février/ septembre 1943)   | Gabriel Rivière  : atterrissages - mars 1943)  | Henri Cormouls : avril / septembre 1943)  | Élie de Dampierre : Janvier/ avril 1944)
  • Localement, ex : 
    • terrain d'Ussel  Thalamy, équipe composée du capitaine Pierre Dallas "Cornac", de Jean-Baptiste Andreani , du colonel Henri Cormouls  "Pégase", de Jacques Devort, des opérateurs radio Arthur Gachet-Crowley  "Héron" et Ferdinand Rodriguez "Pie" ainsi que du comité de réception local : "Danois", "Fox", "Labrador", "Cigale", André et Henri Belcour .
    • terrain à Jonage, équipe composée Rivière, Dallas et le radio « Cochet »

SOUS RESEAU AUTONOME 
  • Sous-réseau "Sea Star": Joël Lemoigne (février / novembre 1943)  puis François Michel(mars 1944)
    => secteur maritime chargé du renseignement maritime de la marine marchande  implanté à   Lorient, ToulonBordeaux, La Rochelle,  Brest
Début1943 Méric rencontre Lemoigne, qui lui remet une carte de la base de Kéroman, rédigée par l'ingénieur Jacques Stosskopf, reprenant le nombre exact, les caractéristiques et rotations des U-Boot de Lorient ; il lui donne également un rapport sur la flotte sabordée de Toulon élaboré par l'ingénieur Jean-Claude Thorel (« Alose »). Enthousiasmée par les résultats obtenus, et poussée par l'Intelligence Service pour qui le transport maritime est devenue une priorité, Méric fait élaborer à Lemoigne le sous-réseau « Sea Star » qui s'implante à  Lorient, Toulon, mais également Bordeaux (Kœnigswerther) et Brest (Maurice Gillet - « Licorne ») se rattachent à celui-ci, auquel des émetteurs spécifiques sont livrés.
De fait tout le littoral français est surveillé, y compris la Méditerranée (Toulon et Marseille), mais aussi les plus petits ports comme  dans la Manche,  Port en Bessin par Thomine et son équipe de pêcheurs qui appartient au sous réseau Jardin.
Les bases maritimes  et sous marines  de la façade atlantique sont particulièrement surveillées  par Sea Star comme :
-Brest  avec un U-Bunker de 300/175/18 m,  avec 15 bassins qui accueille des u-boote (nom des sous marins allemands),   souvent attaqué par la RAF et USAAF
-Lorient  base bunker sous marine avec une U-flotille. Sur 168 présents à Lorient , 135 seront coulés ! 
La Rochelle : immense blockhaus   de 192/165/19m, destiné à abriter la 3e flottille de U-boots (109 unités) de la Kriegsmarine qui sera également bombardé
-Bordeaux: base de sous marins de 245/162/20m particulièrement protégée. De nombreux raids en 1943/44 mais souvent peu efficaces.

Tous les mouvements de navires et U-boot sont ainsi connus et transmis ainsi que construction et localisation  des bunkers de protection. Les renseignements fournis permettront de détruire de nombreux navires dont  822 U-boote et de bombarder régulièrement les installations maritimes allemandes.


  •  Sous Réseau Druide" : Georges Lamarque (novembre 1942/ septembre 1944) Louis de Clercq (adjoint - août / septembre 1944)
    =>créé dans le but de de faire basculer l'ensemble des Compagnons de France (17.000 hommes), dans la résistance, pour du renseignement, et, surtout,  pour un futur armement et des actions de sabotage et  de filiale d'évasion. En janvier 1944, les Compagnons sont dissous par Vichy, ce qui annule le projet de les armer et de les entraîner en prévision de la Libération. Lamarque, sur ordre de Marie-Madeleine Fourcade, basée à Londres, entreprend de continuer le renseignement avec les « Druides », quadrillant l'ensemble du territoire pour pallier la baisse des effectifs due à la lutte que mènent les Allemands contre l'Alliance et ses membres.


Georges Lamarque
est détaché par son ministère au Centre national des Compagnons de France dont il devient inspecteur général.
Il est recruté par Léon Faye et prend la direction du service radio du réseau après octobre 1942. En novembre, l'idée émerge de faire basculer l'ensemble des Compagnons de France, menacés de dissolution par le régime de Vichy, dans la résistance, potentiellement armée. Guillaume de Tournemire, chef des Compagnons, valide le futur recrutement de ses troupes, qui représentent alors 17 000 hommes ; Lamarque est chargé par la chef du réseau, Marie-Madeleine Fourcade, de prendre la tête de ce sous-réseau, baptisé "Druides", qu'il dirige sous son nouvel alias « Brenn »; il est détaché du service radio début 1943.
Lamarque échappe durant l'année 1943 aux grandes vagues d'arrestation qui frappent le réseau principal. Lorsque l'Alliance est dirigée après septembre par Paul Bernard, ce dernier écarte Lamarque de l'état-major.
En janvier 1944, les Compagnons sont dissous par Vichy, ce qui annule le projet de les armer et de les entraîner en prévision de la Libération. Paul Bernard est arrêté en mars ; Lamarque, sur ordre de Marie-Madeleine Fourcade, basée à Londres, entreprend de continuer le renseignement avec les "Druides", quadrillant l'ensemble du territoire pour pallier la baisse des effectifs due à la lutte que mènent les Allemands contre l'Alliance et ses membres.
Au cours de la Libération de la France, Lamarque suit Fourcade à Paris, puis vers l'Est, où leur PC est transféré ; il s'installe dans la région de Nancy pour continuer le renseignement derrière les lignes ennemies pour renseigner les Alliés par radio. Le 8 septembre 1944, leurs émissions sont repérées dans le village de Luze ; pour éviter des représailles contre les villageois, ils se laissent arrêter volontairement au lieu de s'enfuir et sont fusillés le soir même dans un champ voisin.

  • Sous-réseau "Pompiers de l'air" :   Jean Carayon (juin 1943 / juin 1944)
    => dédié  à la réactivation de l'armée de l'air
Un nouveau sous-réseau est créé en 1943 les "Pompiers de l'air", sous la direction du colonel Jean Carayon (« Phœnix »), nouveau secrétaire général de la Défense aérienne. Il doit préparer la réactivation de l'Armée de l'air, réserves comprises, ainsi que contrer l'action directe (départs) et indirecte (recherche des disparus dans les maquis) du STO ; les enquêtes officielles de la Défense aérienne sur les bombardements alliés sont transmis directement à l'Alliance, tout comme lui sont adressés tous les candidats au départ pour l'Afrique du Nord. Méric, convaincue par Faye, Lamarque et Carayon, doit proposer aux Anglais de prévoir l'armement des « Druides » et des « Pompiers de l'air »  en tout plus de 30 000 combattants potentiels. Cet armement des « Druides » et des « Pompiers de l'air » a été définitivement abandonné par les Alliés en 1944.

Cette nouvelle organisation décentralisée va permettre un accroissement du renseignement, une sécurité renforcée : les  nouveaux membres ne  connaissent pas les responsables d'Alliance, ni les autres structures. Une arrestation n'entraînera plus d'arrestations en chaîne.
Toutefois les arrestations seront encore trop nombreuses,  aussi au PC, on envisage de partager la responsabilité de la direction du réseau (cas de Paul Bernard

  • FINANCEMENT

Si  au départ, la plupart des agents travaillent bénévolement, très vite ils auront besoin de financement  d'abord couvert par l'aide attribuée à Loustaunau Lacau  à Vichy pour la Légion française des combattants.
Les besoins augmentent vite  avec la vie en clandestinité qui nécessite de trouver des logements, des véhicules, des faux papiers. Désormais des résistants sont engagés à plein temps, il faut leur fournir une aide financière  pour couvrir leur frais et protéger leur famille. En 1941 l'alliance avec l'Intelligence Service va permettre de résoudre ce problème financier. L'argent sera versé par divers moyens comme l'utilisation des Lysanders.

L'état major met donc en place un  véritable service financier  ou  "Pc trésorerie" dirigé par Marc Mesnard de Chal (mars 1941/ février 1943)  Félix Cros (mars 1943) Gilbert Beaujolin (avril 1943 / août 1944). 

Chaque mois le réseau reçoit 2 à  3 millions de francs (équivalent relatif à 625000 €) dont 600.000 francs consacrés à une aide aux familles en détresse après une arrestation.  Les fonds sont répartis équitablement en fonction des besoins et remis par l'intermédiaire des agents de liaison.

La somme allouée  est répartie selon des règles très précises en fonction des besoins de chaque région:

-Zone Nord  : 910.000  dont 200.000 pour radio et action, le reste pour 6 secteurs (200.000 pour secteur nord, 200.000 pour secteur nord,-ouest, 50.000 pour secteur Seine ...)
-Zone Sud Est   : 410.000  pour 4 secteurs
-Zone Sud Ouest  : 220.000  pour 2 secteurs
-Centrale : 1.300.000
dont  500.000 pour diverses actions, renseignement, radio, parachutages, atterrissages, sécurité, faux papier, évasions...et  800.000 pour le PC
Total de 2.840.000 francs

A titre d'exemple, pour des responsables clandestins, à plein temps :
- un chef de secteur, d'une grande ville reçoit  mensuellement 20.000 francs dont 5000 pour ses dépenses et  le reste pour  les agents et les frais de transport et autres.
-un opérateur radio  reçoit  mensuellement 2500 à 5000 francs.

MM Méric considère qu'un membre du réseau qui se montre trop attaché à l'argent,  trahira un jour si les allemands lui proposent davantage, aussi demeure-t-elle prudente.

Il faut noter que l'aide anglaise est particulièrement élevée, le BRCA de la France libre ne verse que de petites sommes...ainsi la Confrérie Notre-Dame (CND)ou  CND-Castille, réseau de renseignements français (1544 agents homologués) reçoit 150.000 francs.


Sources variées


Activités du réseau Alliance

Plan

1- LE RENSEIGNEMENT
2- LES COMMUNICATIONS
3- LES ACTIVITES DE RESISTANCE
4- ALLIANCE ET LES SERVICES SECRETS



1- LE RENSEIGNEMENT

Les anglais récoltent les fruits des renseignements  du réseau qui bénéficie d'une aide très importante des services secrets britanniques qui le qualifient de la plus efficace centrale indépendante de renseignements en France occupée.

A l'actif d'Alliance figurent notamment du renseignement militaire sur toit le territoire et en Afrique du Nord

  • Des transmission d'informations et relevés topographiques
    • mouvements, emplacement de bateaux, sous marins (U-Boots)  (activité du sous réseau "Sea Star"  implanté à Lorient, Toulon, Bordeaux, La Rochelle, Brest qui surveille les activités Tous les mouvements de navires et U-boot sont ainsi connus et transmis => voir le dossier organisation du réseau)
    • construction et localisation des emplacements défensifs comme le mur de l'Atlantique
    • activité, mouvement, emplacement des troupes nazies.
    • création de cartes, croquis des installations allemandes dans l'Ouest et sur le littoral atlantique et méditerranéen
    • Transfert d'une carte des côtes de la Manche précisant toutes les forces allemandes ce qui contribua au succès du grand débarquement  (Carte de R Douin)
    • Pendant l'été 1943, le réseau Alliance recueille des informations d'une grande importance sur l'existence d'armes secrètes (V1et V2) avec la découverte du laboratoire en Allemagne et la construction de plateformes de lancement en France. Des raids aériens britanniques détruiront un tiers des installations secrètes allemandes. (Alliance fut un des premiers réseaux à révéler les armes secrètes d’Hitler, les V1 et V2 qui seront lancés sur Londres de juin 44 à mars 45. )

  •  Des opérations en mer
    • bateaux  vers l’Angleterre en Bretagne (réseau Sibiril) en 1942/43
    • sous marins vers Gibraltar (5 et 7 novembre 1942)
    • enlèvement au Lavandou par vedette rapide britannique-février 1944
  • Des missions diverses
    •  l’organisation du passage du général Giraud vers l'Algérie en novembre 1942 et devient l’un des éléments de la résistance giraudiste. 
    • 14 opérations Lysander à Ussel dès avril 1942 (14 opérations, 54 passagers A/R)
    • chaînes de passage par les Pyrénées pour agents via Bézier et Oloron


En Normandie : du renseignement  militaire en particulier sur

2- LES COMMUNICATIONS

Les renseignements recueillis étaient essentiellement transmis aux alliés grâce aux émissions clandestines d'un  réseau d'appareils radios accrochés sur la Centrale de Londres.
Les moyens de communication avec les services alliés  pour transmettre les renseignements sont toutefois variés  mais nécessitent  de prévoir des lieux de parachutages, des terrains pour les atterrissages de Lysander, des lieux surs d’accostage pour des navires ...

Les principaux : 

-le courrier (d'octobre 1940 à avril 1944)  mais, c'est long avant d'arriver  à destination. C'est le premier moyen traditionnel de transmission qui, au début des années 40 s'effectuait soit par mer avec un départ de Bretagne ou Méditerranée, soit par terre en franchissant la frontière suisse ou espagnole avec ensuite un long parcours via le Portugal ou Gibraltar.
Le problème de ces transports étaient leur durée beaucoup trop longue et, de plus, se révélaient peu fiables. Il fallait souvent passer par des diplomates français complices ou par des ambassades

Les documents sont toujours codés :
- à l'encre sympathique était utilisée. Si l'encre sympathique est fournie parles anglais, il est facile de s'en fabriquer avec quelques produits pharmaceutiques.
- codés/chiffrés, souvent en morse avec transposition de lettres et chiffres que MM Méric maîtrise parfaitement. Il existe même de mini dictionnaires de codes  pour les novices.
Dans tous les cas aucun nom réel n'apparait (nom de personnes ou de lieux). Faye a même inventé le "code Corniche" qui cachait dans un texte en clair une phrase. Chiffrer et déchiffrer demandait compétence et efficacité

-Les émissions radio (d'avril 1941 à la Libération), octobre 1941 : 6 postes fonctionnent,  maximum 20  postes de radio en service en 1943. Lire notre Dossier "Radio"

-les parachutages de matériel avec comité de réception  à partir de 1941 (une trentaine en tout), qui   assuraient le ravitaillement en matériel radio, questionnaires, armes fonds, matériel de toutes sortes, livres, vêtements. C'est le nouveau groupe "Avia" qui s'en charge. Ainsi "Bla" l'agent britannique (en, fait, agent double) arrive ainsi le  5 aout 1941.

-Les opérations aériennes de Lysander  (ou Lizzies) permettant d'amener ou d'emmener des agents (Première opération en avril 1942 à Ussel ; au total, 14 opérations effectuées, pour 54 passagers) sont mis en place peu à peu. Le réseau, utilise en tout une dizaine de terrains, qui doivent être souvent abandonnés après une seule opération. Le Lysander est un avion capable de se poser et redécoller sur 300 mètres sur des terrains de fortune. il emportait du courrier, amenait ou expatriait des agents du Réseau ainsi que du matériel. C'est toujours  le nouveau groupe "Avia" qui s'en charge.

-autres moyens les navires,  parfois utilisés ponctuellement, au gré des circonstances : opérations de transfert de personnes par sous-marin (Le Lavandou, Le Cros-de-Cagne) ou par bateau (Carantec, Le Lavandou, Le Cros-de-Cagne), transport de courrier par bateau (Sète - Barcelone avec le "Coëtlogon" et le "Saint Brieuc").


3- LES ACTIVITES et l'ORGANISATION DE RESISTANCE

  • le Recrutement
Le recrutement se fait essentiellement par relation, directe ou indirecte. Toutefois certaines professions en rapport avec l'activité du réseau sont ciblées : officiers de l'armée, cheminots, représentants de commerce, qui voyageaient beaucoup et boutiquiers qui pouvaient servir de boîte à lettres.
Alliance recruta dans tous les milieux sociaux, religieux et politiques, auprès de la droite militaire et nationaliste, des communistes, des hauts fonctionnaires, des cadres, des artisans et des agriculteurs... La moitié des membres appartenait à la fonction publique en raison de leur position stratégique pour obtenir des renseignements, et plus du quart du réseau était composé de femmes .
  • les Activités 
Etre résistant n'est ni un métier, ni une activité ordinaire, aussi l'organisation est-elle spécifique au sein de ces groupes d'hommes et de femmes qui ont choisi de lutter contre l'occupant et s'opposer au gouvernement de Vichy. Comment agir pour une activité clandestine pour laquelle on a reçu aucune formation ? D'ailleurs, le terme même de Résistance n’existe pas.

 Les résistants sont classés selon leur activité :
    • "P0" qualifie les résistants ou agents occasionnels
    • "P1" concerne les résistants réguliers mais qui gardent leurs couverture de travail
    • "P2" qualifie ceux qui devaient entrer complètement en clandestinité , donc sans aucun revenu, aussi dépendaient-ils des aides financières du réseau
    • "sympathisant" est un terme ambigu qui concerne une personne plus ou moins proche d'un résistant (famille, ami, voisin, collègue) qui peut avoir fourni ponctuellement un service.

Le mot d’ordre est de conserver une vie banale pour préserver le plus longtemps possible les siens, aussi faut-il limiter les allées et venues trop nombreuses qui éveillent la curiosité de collègues ou de voisins. Ne rien faire pour se faire remarquer : recevoir trop de visites à des heures inhabituelles (donc avoir recours à des lieux neutres tels que des cafés pour se réunir). Changer d’adresse, revêtir une fausse identité devient le lot commun du résistant ce qui complique la tâche quand on sait que le système de cartes se généralise pour le ravitaillement, l’habillement… Pour circuler, le résistant adopte le mode de locomotion privilégié à l’époque : la bicyclette qui permet aussi de camoufler mots d’ordre et messages dans les pneus ou le guidon.

Les résistants ont des activités personnalisées et spécifiques :
    • chef de secteur : le responsable du petit groupe local : Caby à Villers Bocage

    • agent de renseignement : activité de base pour le résistant d'Alliance. La plupart des résistants cités sont des agents de renseignements. Il faut noter que pour certains leur métier favorise ce type d'activité : facteurs, pêcheurs, agriculteurs...
Exemples de documents réalisés par des agents de renseignements
 (ne proviennent pas du secteur Jardin)


relevé topographique d'atterrissage de Bouilhancy



Défenses allemandes de Saint Valéry

    • agent de liaison: personne qui transporte et délivre des messages (verbaux, instructions, rendez-vous, lettres souvent codés) donc c'est une sorte de facteur ! Ce sont souvent des jeunes gens âgés (18/25 ans) qui se déplacent discrètement à pied, à bicyclette, et par les transports publics dans des lieux qu'ils connaissent parfaitement. Par sécurité on accepte pas les retards de plus d'un 1/4 d'heure. Ces agents de liaison déposent leur message dans "les boîtes aux lettres". Discrétion, courage, disponibilité, rapidité, sont autant de qualités requises. C’est pourquoi ce sont presque toujours de jeunes garçons et filles capables de passer leurs journées en courses harassantes ou de faire des voyages longs et pénibles dans les trains où ils doivent se méfier de leurs voisins.
 Jean Truffaut alias "Tadorne" est l'agent de liaison du groupe, il en a le profil type : jeune (22 ans) célibataire, résidant à Carentan mais étudiant à Paris qui doit donc se déplacer entre ses villes.


exemple de message décodé




    • la "boîte aux lettres" C'est le complément indispensable de l'agent de liaison. Elle est réalisée par un résistant dont le métier est compatible avec cette activité comme commerçant qui a des contacts fréquents. Cette boîte vivante reçoit et transmet le message à un autre agent, souvent un responsable. Cette boîte peut être "statique" ou "morte", sous la forme de l'habituelle boîte à lettre d'un couloir d'immeuble par exemple ou dans une cachette à la campagne. L'agent de liaison peut aussi être une femme qui n'attire pas l'attention

       Maurice Primault est la boîte aux lettres à Caen, il a le profil type : chef de service du rayon marine de la quincaillerie Legallais-Bouchard à Caen aussi voit-il passer beaucoup de monde dans ce grand magasin très connu.

    • opérateur Radio : un rôle stratégique et fondamental qui nécessite des compétences spécifiques pour communiquer avec Londres. Ainsi Jean Caby par son métier est à la fois opérateur à Villers Bocage et le dépanneur radio du groupe.  Ferdinand Rodriguez dit Pie, est le responsable des transmetteurs pour la France, il transporte un peu partout en France des émetteurs radio (à Bayeux). Il assure ses propres émissions du PC et met au point un un système de coordination entre le PC et chaque secteur, ce qui se révèle très efficace. Robert Douin émettait également en radio vers Londres via un émetteur radio dans le clocher de l’église Saint-Nicolas, à Caen.
exemple de message codé transmis par radio



    • autres activités spécifiques comme 
      •  "agent de sécurité"
      •  "agent d'hébergement" 



4- ALLIANCE ET LES SERVICES SECRETS

L'objectif principal est  le renseignement, mais  qui renseigne-t-on ?

  • Alliance et les services secrets
    • les services secrets français

      • Le deuxième bureau
        Il est en charge du renseignement sur les autres nations. Après la défaite de juin 1940, le gouvernement de Vichy continua d’utiliser ces services, entre autres pour la répression des résistants et communistes. Cependant, nombre d’agents des services de renseignements eurent tôt fait de jouer un double jeu dès 1941. Ils aidaient la cause des Alliés soit en les renseignant, soit en nuisant aux activités de l’occupant. 

      • Le Bureau Central de Renseignement et d'Action (BCRA)  à Londres
         De leur côté, les Français libres créent le BCRA ( Bureau Central de Renseignement et d’Action ) à Londres en communication continue avec les gaullistes. Finalement, tous les services de renseignement des Français libres furent fusionnés dans la Direction générale des Services Spéciaux, sous l’autorité de Jacques Soustelle. Après des discussions à Londres Marie Madeleine Méric-Fourcade décide de rejoindre le BCRA, dirigé par le colonel Passy. L'intégration eu lieu en mars 1944, lors de la fusion entre les services d’Alger et ceux de Jacques Soustelle Londres. 

    • Les services secrets anglais

      •  le  Special Operations Executive (SOE) , est créé en juillet 1940, destiné à l'action. Il existe plusieurs sections contrôlant l'action en France, principalement la section F, la section RF et AMF.
        La  section F, qui agit sans coordination avec la France libre, est confiée en  novembre  1941  à  Maurice Buckmaster . Des agents parachutés recrutent de nombreux agents en France qui dépendent directement des Britanniques tout au long de la guerre. La section  F  a suscité la colère du général de Gaulle, qui a demandé, en vain, sa suppression. De Gaulle ne supportait pas qu'il y eût des réseaux agissant en France hors du contrôle de la France libre. La section  RF, créée plus tard, coopère avec le  BCRA. La section  AMF, basée à  Alger, après avoir brièvement collaboré avec les giraudistes, se met au service des gaullistes.
        Selon l'historien britannique Michael R. D. Foot, le SOE a envoyé en France  1  800  agents, dont  1  750  hommes  et cinquante femmes, pendant la durée du conflit.. Les agents du SOE ont armé  250  000  résistants  français, et se sont livrés à d'efficaces opérations de sabotage. . 
      •  le  M16  (l’Intelligence Service) a pour mission le renseignement. Une partie des services  travaille directement avec le BRCA, et, un autre, dirigée par Kenneth Cohen agit directement avec plusieurs réseaux en France et les soutient, notamment  Alliance. 

      •  le  MI9  est chargé des évasions des soldats alliés.

    • Qui profite des renseignements d'Alliance ?

       Loustaunau-Lacau se rend à Lisbonne,  pour rencontrer Kenneth Cohen, du MI6   le 14 avril 1941, la négociation dure  trois jours.  "Crane"  (nom de code de Cohen) souhaite que le réseau s'occupe avant tout de renseignements, Loustaunau-Lacau obtient que les services britanniques avancent les sommes nécessaires au développement du réseau. Loustaunau-Lacau explique également qu'il continuera à aider les envoyés de De Gaulle, et qu'il le tiendra au courant des activités du réseau, par l'intermédiaire de Fourcaud. Crane accepte ces requêtes, à condition que les Britanniques soient toujours les premiers informés des renseignements obtenus. Un nouveau système de récolte d'informations codées est mis au point. Les Anglais fournissent à Loustaunau-Lacau un poste-émetteur, permettant enfin la transmission rapide des informations, ainsi que cinq millions de francs. Toutefois, par sécurité, . Loustaunau-Lacau ne donne aux Anglais aucun renseignement sur les personnes qui composent le réseau.

      En 1942, Faye rencontre de Gaulle  ce qui améliore les rapports entre Alliance et les gaullistes, toutefois  les autres réseaux critiquent leur  (ancienne) proximité  avec  Vichy et leur  leur soumission à l'autorité britannique...

      En 1943,  Marie-Madeleine Méric  à Londres, a de mauvais rapports avec les différents services de renseignements de la France libre : d'une part, le BCRA reproche à l'Alliance de ne jamais directement fournir de renseignements à la résistance gaulliste ; d'autre part, les services giraudistes estiment qu'ils n'ont pas à apporter de moyens à une organisation dont ils récupèrent de toute manière les renseignements par l'entremise de l'IS. Les relations entre les membres du réseau établis à Londres et les représentants de la France libre sont donc plutôt antagonistes, au mieux inexistantes...

      En Mai 1944, le réseau Alliance s’unit au B.C.R.A.  de De Gaulle  de la France libre qu’au moment de la fusion entre les services d’Alger et ceux de Londres.

Historique du réseau Alliance, secteur Ferme & Jardin

Il s'agit, ici, d'une  présentation  du Réseau Alliance, essentiellement au niveau local  "Secteur Ferme" (Calvados). Pour approfondir  au niveau national, consulter  notre histoire du réseau Alliance et le dossier complet du fonctionnement du réseau Alliance . En effet l'histoire de ce vaste réseau est complexe, très tôt les allemands procèdent à des arrestations, aussi est-il  souvent réorganisé, trahi, reconstruit...

Le réseau "Alliance", réseau de renseignements français et filière d'évasion lié aux britanniques (MI 6), a été fondé en 1940 par Georges Loustaunau-Lacau dit "Navarre" ou "Coq", arrêté en 1941, puis repris par Marie Madeleine Méric (Fourcade) dit "Hérisson" (1941-1943, recherchée, elle part à Londres). Ensuite se succèdent Léon Faye dit "Aigle" puis Paul Bernard dit "Martinet" enfin Marie Madeleine Méric repend la tête du réseau jusqu' à la Libération.
Les services allemands appellent ce réseau "l'Arche de Noë " en raison des pseudonymes de ses agents avec un nom d'animal: Civette, Bison noir...

Le réseau "Alliance" est un réseau spécifique, orienté vers le renseignement, non armé, financé et équipé en matériel de radio par le MI6 (Intelligence Service) qui recevait directement les informations. Il a démarré en zone libre (sud-ouest de la France), puis son activité s'est rapidement étendue à l'ensemble de la France, et donc, dans le Calvados, en particulier dans l'Ouest, le "Bessin" avec le sous secteur Jardin

1 - LA CREATION
  • Jean Roger dit Sainteny, le Fondateur
 Jean Roger dit  "Sainteny" ou "Dragon" 
  est démobilisé alors qu'il travaillait dans les secteur bancaire. Il est contacté dès octobre 1940 par le commandant Georges Loustaunau-Lacau, qui est en train de monter un réseau de renseignement. Jean Roger possède une résidence secondaire à Aignerville, dans le Bessin où il a des   contacts avec les locaux, ainsi il crée rapidement une petite base de résistants au cœur de la Normandie, dans le Bessin et le Cotentin.
 Le 1° septembre 1941 Jean Roger est arrêté par la GFP (Geheime Feld Polizei) à Colleville sur mer alors qu'il fait des relevés sur les dispositifs allemands. Incarcéré 12 ours à la prison de Caen, traduit devant la cour martiale, il est relâché faute de preuves un mois plus tard.
Il continue son action et franchira  13 fois la ligne de démarcation. Les anglais  s'inquiétant  de l'activité militaire allemande sur les côtes (stations radars, rampes de lancement de fusées, batteries...)  alertent Marie Madeleine Méric qui demande à Sainteny de structurer localement  une  équipe Alliance.

En décembre 1940, il adopte le nom clandestin de Sainteny et met son organisation au service de MM Méric  pour créer le vaste secteur "Ferme",  qu'il dirige depuis Aignerville.  Sainteny va fédérer son équipe avec d'autres résistants du Bessin. Dés 1941, le secteur Ferme sera divisé en  plusieurs  autres sous secteurs dont le "Calvados ou Jardin".  Jean Roger va multiplier les contacts pour développer le réseau en Normandie (Roger Tillois artisan menuiser à Cherbourg et Antoine de Touchet, commandant d'aviation en retraite à Baron sur Odon)
 En 1941, Léon Faye met en place de vastes secteurs sur l'ensemble du territoire, aussi charge-t-il Sainteny de s'occuper de la région Normandie.

  • Création du secteur Ferme
     En 1941,  Jean Roger dit  "Sainteny" ou "Dragon"  crée le  secteur Normandie. Ce vaste secteur est lui même divisé en sous secteurs qui s'agrandiront et  évolueront  dans le temps:
    • "Ferme" qui correspond  à la Manche, Calvados et Seine inférieure
    • "Verger", qui correspond  à l'Eure, Orne et  Oise sud
    • "Thésée" qui correspond à la Seine Inférieure et Oise
    • "Fleuri" en 1943  qui correspond à l'Orne et au nord Sarthe

eux-mêmes divisés en sous secteurs locaux comme "Jardin" pour le Calvados


  • Organisation du Secteur "Ferme" 








2 - HISTORIQUE DU SOUS SECTEUR FERME : "JARDIN" 

Le  sous  secteur Ferme : "Jardin"  est localisé dans l'ouest du Calvados, essentiellement  dans le  Bessin.

  • Marcel Couliboeuf, le premier responsable
Jean Roger se met d'abord en contact avec l'instituteur de Formigny, Marcel Couliboeuf  dit "Bison noir" ( fausse identité  "Maurice Colas") qui, dés le début de  1941, a créé un réseau dans le Bessin sur un secteur allant de Grandcamp à Arromanches, donc dans la zone interdite où les allemands sont très actifs sur le littoral.
Après plusieurs rencontres, car Couliboeuf se révélant très prudent,  ils décident de travailler ensemble pour faire du renseignement  militaire sur les fortifications allemandes, champs de mines, construction du mur de l'Atlantique...
Couliboeuf obtient des moyens pour la réalisation des objectifs présentés par Sainteny. Couliboeuf   est en contact avec d'autres secteurs de la Manche, en particulier avec Raymond Haugmard "Babouin" de Carentan  et recrute autour de lui :
-André Lesomptier de Trévières prisonnier de guerre rapatrié le 27 mars 1941. Il est chargé de trouver des zones de parachutage.
-Georges Thomines ("Cachalot") pêcheur avec son frère Auguste sur le bateau "La belle effeuillée" qui, à son tour, recrute, un autre pêcheur  Paul Bernier ("Petit Gris") et son père Arsène ("Corydon").

  • Robert Douin, l'artiste dessinateur de cartes
De son côté Robert Douin, artiste peintre et directeur des Beaux Arts à Caen, est résistant dès 1940 dans l’organisation "l’Armée des Volontaires", il  collecte des renseignements sur l’armée allemande et les usines travaillant pour le Reich. En désaccord politique, il vient de quitter ce groupe. A la recherche d'un autre réseau, par l'intermédiaire  du restaurateur Jeanneaux de Bayeux,  il obtient un rendez-vous avec Couliboeuf  qui le met  en contact avec Jean Sainteny. Il reçoit une lettre de Sainteny qui lui donne rendez-vous à la gare de Caen  et lui explique son réseau en relation directe avec les britanniques..  Après réflexion et  plusieurs échanges avec Sainteny, il se décide  à rejoindre Alliance dont il sera désormais le responsable,  du secteur de Caen, en parallèle avec Couliboeuf,   responsable du secteur Grancamp-Port.
Ce vaste sous secteur  s'étendant de Ouistreham à Grandcamp,  est nommé  "Jardin". Robert Douin dit "Civette, centralise tous les renseignements.  A partir de 1943, le choix des côtes normandes étant réalisé pour le débarquement,  l'Intelligence service demande au réseau Alliance, secteur Ferme,  de recueillir le maximum d'informations sur le  littoral. 
Robert Douin utilise son métier et sa passion, la peinture pour se déplacer avec son chevalet et sa toile pour se promener sur la côte, se faisant souvent accompagné de son fils Rémy. Bien entendu, toutes les constructions ennemies et chaque détail, sont précieusement notés.  Douin sollicite activement  les agents du sous secteur "Jardin"  pour compléter ses renseignements afin de dresser des cartes  très précises localisant toutes les activités et constructions allemandes de la région, d'autant plus difficile  à réaliser que le littoral est une "zone interdite".  Il réussira a créer une carte de 17 m de long au 1/10.000 qui parviendra en Angleterre.

  • Secteur Jardin : Un réseau  qui tisse sa toile
 Le réseau Alliance, secteur Jardin, en 1943 est parfaitement organisé localement, bien réparti pour observer l'ensemble des défenses allemandes avec plus d'une quarantaine de membres actifs répartis en sous secteurs, et, avec  un  jeune agent de liaison entre  Paris et le Calvados,  Jean Truffaut alias.  "Tadorne". Tous les membres ont un rôle précis en charge de renseignement  sur les endroits stratégiques  pour les alliés, ils forment une vaste  toile d'araignée dans le Bessin avec des  "Groupes opérationnels" sur le terrain et et en complément, les villes (Bayeux et Caen) servent souvent  de lieu  de regroupement d'informations.

Les principaux : 
    • Caen avec Robert Douin, suppléé par Antoine de Touchet, commandant d'aviation en retraite, qui vit dans son château à Baron/Odon et qui est propriétaire d'une maison près de la gare de Caen et déjà  membre de l'ORA (Organisation de Résistance de l’armée), cet  ancien officier, spécialiste du renseignement, regroupe les informations.

    • Bayeux, centre stratégique du groupe, sorte de quartier général, qui regroupe les informations, sous la responsabilité de  Couliboeuf (jusqu'à l'automne 1943) . La Maison des gouverneurs à Bayeux, où vivent les deux "colombes de la tour", Germaine Limeul (32 ans en 1940) et Julia Picot (38 ans en 1940) institutrices à Bayeux sert à la fois de boîte aux lettres et de centre d'émission radio  qui a été organisé par Fernand Rodriguez,  (25 ans en 1940) dit "Pie", agent britannique, responsable en France de l'implantation de radios pour émettre vers Londres.



      Émetteur MKII  installé et utilisé par Rodriguez "Pie"
      lire le dossier Rodriguez Pie pour mieux connaitre  les transmissions radio

    • Port en Besssin  avec  Georges Thomine dit "Cachalot" qui dirige un groupe de pêcheurs  :   Paul Bernier ("Petit Gris") agent de liaison, Léon  Payen,  André Tabouret, Auguste Thomine, les trois frères Pierre, Léon et Edouard Cardron.  Par leur métier, des renseignements fondamentaux sur les défenses allemandes observées de la mer seront transmis.
      Thomine sera également contacté par Joël Lemoigne en juillet1943  dans le cadre du sous réseau  "Sea Star" spécialisé dans la collecter de renseignements militaires maritimes. De plus Thomine retrouve son cousin René Leseigneur de la Glacerie (Cherbourg)  employé à l'arsenal  qui est devenu agent de renseignement et dont le domicile sert de point de radio.

    •  Villers Bocage dirigé par Jean Caby dit "Emouchet" (29 ans en 1940), artisan radio est également fort actif. Bien qu'il passe pour être proche des allemands (ou qu'il l'aurait été autrefois), ce qui lui sert de couverture, il a recruté divers amis pour constituer une équipe complète qui effectue surtout du renseignement et parfois du sabotage. Le recrutement, est actif notamment chez les quelques rescapés du réseau Hector, démantelé fin 1941. Le réseau comprend Jean Lebaron, René Loslier, Margerie ErnestMarcel MariéJoseph Langeard . Caby est le "pianiste" du groupe car il envoie par radio, de divers endroits où se situent ses agents, des renseignements.
      Il peut compter aussi sur l'appui de Guy de Saint Pol , exploitant agricole à Amaye sur Seulles, très actif également, qui a recueilli et hébergé  des aviateurs américains qu'l a fait exfiltrer via l'Espagne et qui peut réaliser des liaisons radio de sa résidence d'Amaye.  De plus André Aubin du groupe OCR est en contact régulier avec Caby.
    • Ouistreham : Le boucher A Duval et le cantonnier C Buecchi observent l'embouchure du canal.

    • Saint Laurent-Trévières qui est représenté par des facteurs  qui peuvent facilement faire des relevés d'emplacement de matériel ou troupes. 
      • Robert Boulard est facteur à Trévières et habite Vierville, au hameau de Vacqueville. Recruté par Couliboeuf, il est agent de renseignement du "Groupe Alliance", et a aussi été arrêté le 5 mai 1944  (voir son interrogatoire) et fusillé le 6 juin 1944 à la Prison de Caen.
      • Désiré Lemière habite le hameau de Fosses Taillis à Saint-Laurent-sur-Mer. Agriculteur sans terres, puisque les les Allemands les avaient en partie réquisitionnées, il est devenu facteur à St-Laurent. Depuis janvier 1943, suite à sa proximité avec Robert Boulard,  il fait partie du "Groupe Alliance"  dont il est un membre actif. Il a été arrêté le 5 mai 1944 par la Gestapo (voir son interrogatoire), puis fusillé le 6 juin 1944 à la Prison de Caen.
      • Albert Anne forgeron à Asnières,  est recruté par Lemière comme  agent de renseignement du "Groupe Alliance", et a aussi été arrêté le 5 mai 1944 (oir son interrogatoire)et fusillé le 6 juin 1944 à la Prison de Caen.

      • Si parfois  le nom de Charles Olard,  receveur du bureau de poste de St Laurent, apparait, en fait, il n' a jamais appartenu au réseau Alliance comme résistant.  Il connait parfaitement les résistants locaux  qui sont  à la fois, Caby son beau frère à Villers Bocage,  ses voisins et collègues de travail de la poste (Lemière et Boulard)
         Il habite au hameau de Fosses-Taillis à Saint Laurent, comme Désiré Lemière. Il a été, comme les autres, arrêté le 5 mai 1944, mais a été rapidement  libéré sans interrogatoire car les allemands estimaient qu'il n'était pas membre du réseau. 


    • Secteur Jardin : Un réseau  organisé

      L'activité du réseau est essentiellement le renseignement ( localisation troupes, matériel et défenses allemandes). Ces informations  variées  sont  recueillies  pour être retransmises  par divers moyens: 

      • par radio de  Bayeux   ou de Caen par  Douin via un émetteur radio dans le clocher de l’église Saint-Nicolas ou, encore,  d'Amaye  par l'intermédiaire de  De Saint Pol.
        A noter que les transmissions radio sont facilitées par la présence d'un réparateur Jean Caby de  Villers Bocage  artisan radio-électricien et par la venue ponctuelle de Fernand Rodriguez  "Pie", agent britannique, responsable national  de l'implantation de radios pour émettre vers Londres qui circule partout en France.. D'autres postes de radio fonctionnent  à Cherbourg et Carentan.

      • par les "boîtes aux lettres
        • de Bayeux : Germaine Limeul  et Julia Picot institutrices logées à la maison des Gouverneurs, également lieu discret de rendez-vous.
        •  à Caen par l'intermédiaire de Maurice Primault employé chez Legallais Bouchard qui retransmet à Douin

      • par l'agent de liaison,  Jean Truffaut alias "Tadorne" entre  Paris et la Normandie. En effet il a la tache de s'occuper des liaisons entre  les différents secteurs normands (Ferme, Jardin, Thésée...). Jean Sainteny lui procure un logement discret au dessus du restaurant le Cap de Chien à Paris. Il circule sous le nom de  Jean Jacque Travers.

    Les cellules en Normandie : le littoral du Bessin est bien représenté

    • Secteur Jardin : Un réseau  menacé 

      • Au niveau national : une année 1943 terrible
        Le réseau Alliance  est constamment menacé.  En 1942 Hitler confie la conduite de la répression à la Sipo-SD. Les moyens mis en œuvre par l'occupant pour rechercher et démanteler les réseaux de résistants ont été considérables.
        Avec l'arrestation en novembre 1942 de Ferdinand Dellagnelo à Strasbourg, les services secrets allemands comprennent que le réseau Alliance est une organisation de renseignements au bénéfice de l'Angleterre. Pour se renseigner sur ce réseau et le démanteler, ils emploieront tous les moyens : infiltration par des espions qui se faisaient passer pour des résistants, retournements d'agents du réseau qui sont des traîtres, perquisitions chez des agents et arrestations avec interrogatoires parfois extrêmement violents.
        En  1943 de grandes rafles ralentissent les activités du réseau. Les déplacements de plusieurs chefs du réseau et de nombreux agents furent connus et ont entraîné notamment 
      • Au niveau local
        A l'automne 1943 suite aux nombreuses arrestations en Bretagne, et dans la région parisienne,  Jean Sainteny  donne des dispositions à prendre localement via Jean Truffaut qui alerte Couliboeuf et Jean  Caby de l'hécatombe. Des dispositions sont immédiatement prises: 
        • Couliboeuf, alias" Bison noir" doit prendre la clandestinité.  Il quitte brusquement son poste d'instituteur à Formigny. Il trouve refuge dans le Poitou et, par la suite, formera un petit groupe de résistants qui rejoindra les maquis de Saint Savin et Nalliers en juin 1944. On ne sait pas ce qu'il est devenu.

        • Germaine Limeul et Julia Picot perdent donc tout contact  avec Alliance et décident alors de rejoindre l'OCM, dont le responsable local est Guillaume Mercader, marchand de cycles et ancien champion cycliste bien connu.

        •  Jean Caby  subit  à son domicile une perquisition  allemande, sans résultat, suivie d'une convocation qui ne donne rien.

    • L'activité su secteur Jardin continue avant son coup d'arrêt définitif
    Malgré ces menaces, et une courte période d'inactivité, le réseau poursuivit activement sa mission dans le renseignement.
    Georges Thomine  avec Eugène Cauvin, un collègue manœuvre à Port,  recueille des informations sur le mouvement des vedettes ennemies.
    Jean Caby fait part de ses difficultés dans l'utilisation du poste de radio aussi reçoit-il l'aide de Pierre Dahlen "manchot".
     Robert Douin avec son fils Rémy âgé de 17 ans peaufine ses cartes  qu'il agrandit au 1/10.000°  (10 cm pour 1 km) en y précisant tous les emplacement des défenses militaires allemandes sur la côte ( batteries, mitrailleuses, champs de mines...) ainsi tout le secteur du  futur débarquement d'Omaha est parfaitement cartographié. Début 1944, le travail de cartographie de Douin est terminé : au final une carte de 17 mètres de long est remise à Marie-Madeleine Fourcade par Jean Roger Sainteny par l'intermédiaire de Jean Truffaut (Tadorne) agent de liaison les emporte par morceaux à Paris d'où ils repartent vers Londres

    Les infiltrations allemandes et la présence d'agents doubles (Leblond, alias Gilbert et Ganhubert, recrutés début mai 1944 comme opérateur radio et estafette) vont porter leur fruit.Les allemands continuèrent leurs investigations sous le nom de dossier "Alliance II". Une deuxième grande période de rafles s' engage. Elle commence en décembre 43 mais redouble d'intensité et gagne plusieurs régions de février à mai 1944, notamment Paris et l'Ile de France, avec 36 agents du réseau arrêtés, ainsi que Paul Bernard le 17 mars 44, chef du réseau à l'époque.


    Le 9 mars 1944 Tadorne séjourne chez Drouin et repart vers Paris ; le 14 mars 1944, Jean Truffaut alias "Tadorne", porteur de nombreux documents (plans sur Cherbourg et son arsenal, renseignements divers) et d'une somme de  3825 francs  est arrêté par les Allemands à Paris en compagnie d'autres agents de liaison.  Il est arrêté au moment ou il frappe à la porte de la concierge  Madame  Bourgeaux, lieu où sont entreposés de nombreux documents (liste et lieux  de rendez-vous des agents) qui sera  perquisitionné. Truffaut  va subir de terribles épreuves lors d'interrogatoires particulièrement violents.
    Les allemands peaufinent leur connaissances sur le secteur Ferme. En conséquence, le réseau  va subir en Normandie une répression impitoyable : tout le groupe Jardin sera arrêté. 

    Lire la suite dans l'article dédié => Les arrestations de  1944 du groupe Jardin du réseau Alliance

    Sources partielles et documents :
     -Exposition Réseau Alliance
    - Le réseau alliance de G Caraes Ed O-France

      Histoire du réseau ALLIANCE

      Alliance est un réseau de renseignement militaire de la résistance intérieure française pendant la Seconde Guerre mondiale, financé et équipé en matériel  radio par le MI6 anglais (Intelligence Service). Il a démarré en zone libre, puis son activité s'est rapidement étendue à l'ensemble de la France, Alliance devient le réseau de renseignement le plus important pendant la guerre. 
      En particulier, il fut un des premiers réseaux à révéler les armes secrètes d’Hitler, les V1 et V2 qui seront lancés sur Londres de juin 44 à mars 45. Les renseignements fournis par le réseau permirent de :
      - détruire au sol bombes et rampes de lancement
      - couler des navires et U-Boot allemands
      - faire parvenir  en Angleterre de très  nombreux renseignements  sur l'emplacement des troupes et du matériel allemand, dont la fameuse carte manuscrite de  17 m de long  des côtes du Calvados de R Douin du secteur Jardin.

      Fondateur          
      Dirigeants
      & codirection
      Georges Loustaunau-Lacau 

      Marie-Madeleine Méric (1940-1943 

      Léon Faye (1941-1943)

      Paul Bernard (1943-1944)

      Marie-Madeleine Méric &  Jean Sainteny (1944-1945)

      => Voir en-dessous de cet article des extraits d'archives nationales sur la création du réseau et sa chronologie

      Plan 

      1- 1940 : Fondation
      2- 1941 : Soutien britannique. Première vague d'arrestations. Réorganisation
      3- L'organisation du réseau Alliance
      4- 1942 : L'apogée du réseau mais arrestations et trahisons se multiplient
      5- 1943 : Le réseau devenu "Alliance" se décentralise et fournit des renseignements inédits mais toujours très durement frappé : Meric et Faye  à Londres, 
      6- 1944 : Reprise du renseignement en direct avec les alliés
      7- Alliance après la guerre
      8- Bilan humain
      9-Un réseau méconnu: Pourquoi ?


      1- 1940 : Fondation

      Fondé par Georges Loustaunau-Lacau, officier politiquement situé à l'extrême-droite, anticommuniste, anti-allemand et antisémite, qui a créé l'Union militaire française (UMF)  en 1938 dont l'objectif était la surveillance et dénonciation de l'infiltration communiste dans l'armée française. En 1940, il accuse le commandement de trahison, est incarcéré pour son insubordination, libéré le 10 mai 1940, il repart au front,  blessé, il est fait prisonnier mais s'évade.

      Il ne veut pas rejoindre Londres, préférant  Vichy En effet, Loustaunau-Lacau est un proche de Pétain. Il est alors nommé par le gouvernement, Délégué général de la Légion Française des Combattants ( LFC) créée par loi publiée le 29 aout 1940, "oeil et oreille" du Maréchal avec une aide de 300.000 francs. Il y voit le moyen de constituer autour d'officiers, le rassemblement de la revanche,  avec des  démobilisés, réfugies, évadés...
       Loustaunau-Lacau rédige  un manifeste  "Croisade"  qui appelle à "résister" et qui prévoit une "alliance" avec les anglais ;  ce qui amène  la création d'un réseau de résistance  nommé "'Croisade" (qui deviendra "Alliance" en 1943), aussi s'éloigne-t-il de Pétain.
      Il demande à Marie-Madeleine Méric, son adjointe, de mettre au point le futur réseau et commence à établir des contacts avec Londres pour  informer les Britanniques de la création du réseau, et assurer de Gaulle de sa coopération pour la poursuite des combats. Il pense qu' un commandement clandestin en France est nécessaire.


      2- 1941-Soutien britannique. Première vague d'arrestations. Réorganisation

      Marie-Madeleine Méric quadrille la zone non-occupée en secteurs pour acheminer le courrier et préparer des filières de passage de la ligne de démarcation et d'évasion vers l'Espagne. Elle multiplie les contacts (souvent des officiers) pour faire un large recrutement, fin 1940 l'organisation compte déjà 50 membres dont Léon  Faye. Si De Gaulle refuse d'aider ce groupe, les anglais eux, seraient d'accord après une rencontre à Lisbonne. Déjà à Vichy des traîtres apparaissent dans "Croisade" ce qui incite Méric à partir sur Pau rejoindre Georges Loustaunau-Lacau.

      Ce dernier rencontre les anglais à Lisbonne (MI6) qui aideront financièrement le réseau (5 millions de francs et un poste émetteur) et qui seront les premiers informés, avant de Gaulle ! Toutefois, il ne sera donné aucun renseignement sur les membres du réseau.

       Loustaunau-Lacau et Faye embarquent pour Alger, le 22 mai afin de déclencher la dissidence de l'armée d'Afrique mais c'est un échec : Faye est emprisonné et Loustaunau-Lacau s'évade. Vichy avec son nouveau chef du gouvernement François Darlan  procède à des arrestations et Loustaunau-Lacau est arrêté à Pau devenue la centrale du réseau ou il se cache. Méric annonce qu'elle reprend le commandement. Le 15 octobre 1941, le jugement est rendu :
      Loustaunau-Lacau est condamné à 2 ans de prison puis transféré en hôtel prison. Il s'échappe en 1942 mais se rend pour éviter des ennuis à sa famille, Vichy le livre à la Gestapo en mars 1943, torturé interrogé 54 fois en n’ayant jamais livré la moindre information, il est déporté en 1943 à Mauthausen.
       Faye est condamné à  5 mois de prison. Les membres du réseau savent que désormais Pétain joue à fond la collaboration.


      Suite à l'amplification des activités du réseau, les services britanniques décident d'envoyer du meilleur matériel, ainsi qu'un instructeur et envoyé spécial, « Bla » En octobre, six postes fonctionnent : Pau, Marseille, Nice, Lyon, Normandie, Paris. Mais de nombreuses arrestations se déroulent à Lyon , Pau...  Marie-Madeleine Méric, prévenue, part en Espagne et tente de reformer le réseau, espérant que  Faye, qui vient de sortir de prison, les rejoindra, ce qu'il fera au retour de Méric en France fin décembre 1941, en proposant de recruter des officiers d'active.
      Faye devient son chef d’état major. Il recrute notamment en début 1942, le colonel Edouard Kauffmann, alias "Manitou" et "Criquet" officier d'aviation qu'il a connu au Maroc et qui est resté un grand ami. Kauffmann, aura un rôle important pour la protection de  MM Méric, fin 42 début 43, alors qu'elle était vivement recherchée, dans les relations avec l'Afrique du Nord pour l'extradition du général Giraud, et pour l'animation du réseau du grand sud-ouest et du centre. Il sera arrêté le 21 septembre 1943, quelques jours après Faye, fusillé à la prison de Fribourg le 28 nov. 1944 après avoir été abominablement maltraité.

      Une réorganisation s'effectue : MM Méric prend le nom de code « Hérisson », Faye celui d’« Aigle » il devient le responsable militaire du réseau et de fait,  il codirige le réseau.  Les villes et régions sont désignées sous des noms de codes, Marseille devient le centre névralgique du réseau (Nov 1941 à Nov 1942), les liaisons avec l'Espagne sont renforcées.  Début 1942, Jean Roger (« Dragon ») met à disposition du réseau son petit groupe de Normandie.

      En 1942, Faye  impose un découpage quasi militaire de la France, il la divise en grandes régions ou secteurs. 

      3- L'organisation du réseau Alliance

      Localisation du PC d'Alliance et principaux responsables ( voir article complet)




      Le Réseau Alliance est organisé en régions et secteurs avec à leur tête un état-major. Il était structuré de telle manière que les responsabilités reposaient sur les épaules de nombreux chefs chacun pour leur secteur et leur spécialité. On compte donc par centaines les chefs de ce réseau, mais seule une dizaine s’occupait du réseau dans son ensemble.




        • État-major:
          La Centrale du réseau (poste de commandement) était mobile à travers la France afin d’éviter d’être localisée. Elle est dénommée "Grand Hôtel, chargée d'assurer et organiser les services communs : radio, opérations d'atterrissage et de parachutage, liaisons marines, auto-défense, fausses identités, finances, évasions, assistance aux familles des disparus, etc.

          L’état-major était constitué de 1 ou 2 chefs de réseau, 1 centrale radio commandement, 1 secrétariat  : dactylos, chiffreurs, expert, 1 PC agent de liaisons, 1 PC trésorier, 1 PC papier d’identité, 1 PC rendez vous et refuges.

          La Centrale du réseau était mobile à travers la France afin d’éviter d’être localisée :
          • Vichy : Octobre 1940 / février 1941
          • Pau  : Février 1941 / Novembre 1941
          • Marseille : Décembre 1941/ Novembre 1942) + Le Lavandou (Juillet 1942)
          • Toulouse / Dordogne Alentours d'Ussel / Terrasson / La Roque-Gageac / Cahors / Tulle / Altillac   de Novembre 1942 / Février 1943
          • Lyon : Février / Mai 1943
          • Paris : Mai 1943 / Juillet 1944
          • Aix-en-Provence : Juillet 1944
          • Paris : Août 1944
          • Verdun Nancy : Août - Septembre 1944
          • Briey  : Novembre - Décembre 1944
            .
        • Grandes Régions : Paris, Nord, Centre, Est, Ouest, Sud-Ouest, Midi, Sud-Est 

      Secteurs géographiques :Paris, Lille, Normandie, Bretagne, Lyon, Autun, Île de France, Verdun, Lyon, Grenoble, Savoie, Vichy, Ussel, Tulle, Dordogne, Bordeaux, La Rochelle, Pau, Bayonne, Lourdes, Toulouse, Pyrénées, Marseille, Provence, Vallée du Rhône, Nice, Italie, Afrique du Nord.
      eux mêmes divisés en sous secteurs comme "Ferme" (Manche Calvados et Seine inférieure)...

      Ces secteurs évolueront avec l'extension du réseau, ainsi en Normandie apparaitront  en plus le secteur "Thésée" (Seine Inférieure et Oise) et Verger (Eure et Oise et Orne) puis "Fleuri" (Orne et Nord Sarthe) en décembre 1943


                                        Région Ouest : Secteur  Ferme en Normandie


      =>En complément lire le dossier consacré au   Fonctionnement du réseau Alliance : organisation, renseignement, communications, activités

      4- 1942-L'apogée du réseau  mais arrestations et trahisons se multiplient


      Début 1942:Vichy tente de récupérer le réseau Alliance
      Vichy sait, par Gavarni, l'existence d'organisations secrètes,  et de plus réussit à   récupérer des archives  à Tarbes appartenant à MM Méric Le responsable du contre espionnage, Rollin, veut  l'interroger en espérant la convaincre de  pratiquer une résistance modérée (contre les communistes) au profit de Vichy. 
      Méric est donc sommée de se livrer à la police par son beau-frère Georges-Picot, elle hésite et finalement accepte ;  la confrontation avec les autorités de Vichy tourne en la faveur de Méric  qui ruse, ment, feint d'accepter ce qui permet  la libération des prisonniers d'Alliance. Relâchée, elle retourne  sur la  Côte d'Azur, mais mais surveillée par la police, elle affiche une vie bien calme.
      Le retour en avril de Pierre Laval à la tête du gouvernement les plongent à nouveau dans la clandestinité totale.

      1942 :  L'apogée du réseau

      MM Fourcade part vers Toulouse pour faire soigner sa fille  à la clinique du Dr Charry qui la protège. Elle en profite pour réorganiser et étendre le réseau.  Il se développe dans le Sud Ouest  dans 7 départements autour de Toulouse, avec l'appui de policiers, en effet le réseau Alliance compta 5% de policiers dans ses rangs. Elle établit un refuge isolé en Corrèze et en  profite pour créer un terrain d'atterrissage isolé  près d'Ussel. 

      Jamais le réseau n'a connu une aussi vaste implantation : aux régions anciennes de  Marseille, Nice,  Lyon, Grenoble s'ajoutent  le midi toulousain, la Dordogne, la Corrèze, la Normandie avec Jean Sainteny,  le littoral atlantique avec  Bordeaux, La Rochelle et même le Nord (Pas de Calais, Lille, Boulogne).  A l'été 1942, elle rejoint Marseille où Faye a lui aussi beaucoup recruté  de jeunes comme Fourcade, développé  la transmission du courrier. Un recrutement très efficace se confirme dans les ports bretons avec des repérages de sous marins,  dépôt  de munitions.
      A Marseille, il faut déménager le PC à la Villa de la Pinède. MM Fourcade s'entoure de nombreuses femmes pour travailler, telle sa fidèle secrétaire Hermine. Le réseau Alliance est le réseau qui eut dans ses rangs le plus grand nombre de femmes (1/4 ?).
      Toutes les transmissions et  liaisons se perfectionnent, le réseau utilise régulièrement  les liaisons aériennes  avec le Lysander pour des parachutages et  le transport de passagers dans les deux sens. De même les liaisons radio sont améliorées, parfaitement mises au point avec de nombreux émetteurs clandestins, les nouveaux postes (MKII) se miniaturisent et facilitent les déplacements nécessaires pour émettre en tranquillité, toutefois la goniométrie allemande, elle aussi s'améliore, aussi une prudence extrême est nécessaire.

      Toutefois de nombreuses trahisons sont révélées : Bla, l'anglais, est un agent double, il sera enlevé par le réseau à Marseille et exécuté ; Alamichel, chef du secteur de Paris, propose à Méric de prendre à eux deux la tête du réseau, écartant Faye et passant totalement sous le contrôle de De Gaulle. Méric y voit des ambitions personnelles et écarte Alamichel de Paris qui crée un réseau parallèle.

      Une fin d'année 1942  compliquée :

      -L'évasion de Giraud par Alliance
      En avril  1942, MM Méric reçoit un message confidentiel lui  indiquant qu'elle devra contacter "un général". Il s'agit du général Henri Giraud incarcéré à Dresde qui s'en échappe, grâce à un complot, le 17 avril 1942, il s'installe près de Lyon, sous la surveillance de Pétain qui ne ne veut pas le livrer aux allemands. MM Méric s'inquiète, ne souhaitant pas  être mêlée  à la "politique", en effet les américains cherchent un autre général français à mettre en place en Afrique du Nord après le futur débarquement de novembre 1942, il doit être antigaulliste, antiallemand, et ne pas avoir collaboré : Giraud est le meilleur profil ! Il faudra donc l'extrader de France et le MI6 pense aussitôt au  réseau le plus efficace, Alliance. On envoie Maurice de Mac Mahon comme envoyé à Giraud qui, bien sûr, accepte et se voir déjà chef de la résistance et  des forces d'Afrique du Nord, ce que MM Méric trouve délirant et prétentieux.
      Faye, à son retour de Londres et Alger fin septembre 1942 est au courant : Alliance doit organiser l'opération "Minerve" pour  la fuite de Giraud par un sous-marin . Ce sont les spécialistes Bernis et Dallas qui choisissent Lavandou comme lieu d'embarquement, prévu le 4 ou 5 novembre, ce qui est accepté par les britanniques. Giraud demande et obtient, par l'intermédiaire de Faye un second sous-marin pour d'autres généraux français...
      Toute l'équipe d'Alliance se rend au Lavandou pour superviser l'embarquement  qui ne se déroule pas dans la nuit du 4 au 5 novembre 1942, mais la nuit suivante en raison d'une mer agitée qui se calme vers minuit. Un pêcheur avec Dallas, emmène le groupe jusqu'au HMS Seraphplus tard Giraud sera transporté en hydravion à Gibraltar pour rencontrer Eisenhower. Les entrevues seront orageuses car Giraud a des prétentions (diriger l'opération Torch !) qu' Eisenhower refuse en menaçant de se séparer de lui  ; Giraud est contraint de se ranger aux arguments d'Eisenhower

      -Arrestations en cascade suivies d'une évasion rocambolesque !
      Le lendemain, 6 novembre, au  PC de Marseille MM Méric apprend par un message que Le Lavandou ne peut plus  être utilisé en raison de la présence de nombreux allemands : il faut trouver un site de secours, ce sera Cagnes entre Cannes et Nice. De plus il faut prévenir Londres du changement, or d'une  la radio dysfonctionne et, d'autre part, on sait qu'à proximité des fourgons allemands  (radiogoniométrie ?)  se promènent dans le secteur. Comme il est vitale de prévenir Londres, la radio continue à émettre et réussit le contact.
      Au même moment, la villa est investi par la police française accompagnée d'allemands: Méric, Faye, et autres membres sont arrêtés, suite aux écoutes de la radiogoniométrie allemande.  MM Méric cache ce qu'elle peut, mâche du papier lorsqu'un inspecteur de police (J Boubil) lui chuchote qu'il est un ami contraint d'escorter les allemands et l'aide à cacher des documents. Un autre policier,  Xavier Piani, ordonne à l'Abwher de partir puisque la mission est réussie et que c'est à la police de gérer les prisonniers et les documents.  Sept membres d'Alliance sont emmenés en prison (L'évéché) à  Marseille dont MM Méric, Faye, Bridou, Bontick, le radio ...

      Dans la journée, Boutron arrive à Marseille et apprend les arrestations. Dallas et Bernis vont s'occuper de la deuxième opération sous-marine pour 7 passagers (seulement 3 proches de Giraud, Boutron, 3 agents d'Alliance) opération qui se passe bien.

      Le lendemain matin, tout le monde se réjouit d'apprendre le débarquement allié en Afrique du Nord  (opération Torch) le 8 novembre 1942, mais  l'armée allemande envahira le 11 novembre la zone libre.
      Le commissaire de police, J Léonard, est chargé de demander à Faye de rejoindre Vichy pour les aider  à comprendre la situation, ce qu'il accepte à l'étonnement de MM Fourcade.  Léonard indique à MM Méric qu'il doit  remettre les documents saisis  aux allemands, elle réussit  à le convaincre de trier les documents et d'en  modifier pour  y glisser de de fausses informations, ce qui prendra la journée. Elle apprend d'une part, que les allemands ont  demandé  à Vichy son  extradition vers la prison de Castres avant de partir à  Fresnes, et, d'autre part, que Faye a été mis en prison à Vichy. Très tôt, le 11 novembre au matin  Léonard annonce le départ qui se fera accompagné de son adjoint Léon Théus (en fait membre du réseau Ajax il cofondera Ajax) et de Piani qui indique à MM Méric que le fourgon de police sera attaqué par des agents d'Alliance ! Au point de rendez-vous, elle est libérée et les policiers  qui les accompagnent décident de rejoindre le réseau Alliance, MM Méric leur promet de les aider.

      Le 23 novembre 1942, Faye s'évade à son tour.

      -Les conséquences  de l'occupation de la zone libre
      Désormais, depuis  le 11 novembre 1942,  la  zone sud est occupée par les allemands (opération Anton) et, la flotte s'est sabordée  à Toulon.
       Trouver des protections et des caches devient problématique, l'ennemi est omni présent. Le PC du réseau menacé est contraint pendant l'hiver 42/43 de se réfugier et se déplacer  souvent dans de petites villes, villages isolés de Dordogne, Lot et Corrèze. MM Méric, qui change sans cesse d'identité,  estime que la mobilité garantit la survie, et qu'il est nécessaire à la fois de savoir donner sa confiance et se défier sans cesse.
      MM Méric retrouve Faye le 17 décembre 1942  à Terrasson mais se séparent pour assurer leur sécurité. Si les activités  sur le littoral atlantique  sont très efficaces, le Nord et Paris sont touchés par des arrestations, les agents sont fusillés à Fresnes.


      5- 1943 : Meric et Faye  à Londres, le réseau devenu "Alliance" se décentralise et fournit des renseignements inédits mais toujours très durement frappé

      Le réseau devient "Alliance"

      Faye arrive à Londres en janvier 1943, et rencontre De Gaulle  qui le reçoit très mal, reprochant au réseau l'absence de renseignements sur Giraud mais les tensions s'apaisent vite, le réseau lui transmettra désormais ses informations.  Faye part ensuite pour Alger, où il va obtenir de Giraud, devenu commandant en chef des forces civiles et militaires, que le réseau soit bientôt militarisé.  Faye  à son retour en mars 1943 annonce l'officialisation du nom "Alliance" pour le réseau. Il revient avec de bonnes nouvelles : deux millions alloués au réseau tous les mois, des parachutages de matériel nécessaires au réseau sont accordés, et un nouvel agent spécialiste radio « Pie »

      Pourquoi le réseau s'appelle Alliance ?

      Le réseau s'est d'abord implanté en zone sud, sous le nom de "Croisade", en novembre 1940. Il se rattache à l'Intelligence Service (MI 6) des britanniques  en avril 1941. Ensuite , il n' a pas de nom officiel, ainsi personne ne peut dire  à quel réseau il appartient,  cette absence de nom relève donc d' une attitude de prudence de MM Fourcade.   
      C'est Faye, en mars 1943,  de retour d'Angleterre,  qui annonce à Marie-Madeleine Méric que leur réseau a été baptisé "Alliance"  au nom de l'alliance avec les services  anglais qui apportent  soutien matériel et financier mais qui ne donnent pas d'ordre.


      Toujours des arrestations
      Méric, enceinte, doit faire face à une série d'arrestations qui sont, selon elle, dues en grande partie au retournement probable du commandant Alamichel, devenu agent double  (toutefois, non lieu en 1947).  
      Ils envisagent de cloisonner davantage le réseau en raison de nombreuses infiltrations et de nombreuses arrestations à Marseille, Nice...tout le midi tombe ! cela s'explique à la fois par des trahisons, présence d'agents doubles mais surtout par les progrès de la radiogoniométrie allemande d'autant que Laval en juillet 1942 autorise les allemands  à installer leurs bases mobiles en zone sud.
       Les interrogatoires montreront que les Allemands ont en main la structure du réseau d'avant novembre 1942. Le PC doit être coupé en deux, en séparant les activités de Faye de celles de Méric, mais aussi leur lieu de résidence. La sécurité à Lyon devient problématique, aussi faut-il partir vers Paris. MM Méric doit donc se résoudre envoyer ses enfants en Suisse, afin de les mettre définitivement à l'abri des menées allemandes contre sa famille.

      Décentralisation du réseau
      Faye décide de cloisonner l'ensemble du réseau, jugé désormais par Méric trop vaste pour rester en l'état (voir le dossier "Organisation du réseau" sur la décentralisation mise en place).
      Des  arrestations  sont liées à l'organisation très centralisée, en effet une arrestation d'un membre porteur de documents peut avoir comme conséquence d'autres arrestations lointaines, voire au PC même d'Alliance. Sa structure devient un danger, aussi les responsables décident  que, désormais, le développement sera décentralisé en créant de nouveaux ensembles autonomes dans leur recrutement, dans la spécificité du renseignement et dans la transmission des renseignements ; Alliance fournit l'argent pour le fonctionnement mais l'administration du groupe est quasi autonome. Il n'est plus nécessaire d'avoir des agents de liaison.
      Ainsi se créent quelques structures décentralisées spécifiques :
      -quelques "sous-réseaux" que l'on peut définir comme réseau atypique décentralisé et spécialisé dans le secteur maritime "Sea Star", le réarmement de l'armée de l'air "Pompiers de l'air" ou des 17.000 hommes des compagnons de France "Druide" qui, finalement, ne furent pas armées.
      -quelques "équipes" qui ont une activité spécifique autre que le renseignement comme "Les Apaches" pour les opérations de protection et "Avia" pour les terrains d'atterrissage.

      Des informations  de grande importance 
      C'est pendant l'été 1943 que le réseau Alliance, grâce à ses sous réseaux, recueille des informations d'une grande importance : mouvements de troupes  allemandes en Europe, emplacement des sous marins (U-Boots) et surtout l'existence d'armes secrètes (V1et V2) avec la découverte du laboratoire en Allemagne et  la construction de plateformes de lancement en France. Des raids aériens britanniques détruiront un tiers des  installations secrètes allemandes.

       Faye avec d'autres, est arrêté par la police de Vichy le 19 mai mais réussit à s'évader  aidé par un inspecteur de police. Méric rejoint Paris et rencontre Rodriguez (Pie)  qui lui présente le nouveau plan de radio, disperser les émetteurs à des endroits différents, sur lesquels on n'utilise pas deux fois de suite le même jeu de quartz

      Préparatifs  en vue du départ à Londres
       Le 16 juillet 1943, dans une grande réunion à Paris, le plan  de réorganisation est présenté aux chefs de secteur : l'approche descendante entre le PC et les secteurs, et la transmission directe des secteurs à Londres sont validées. La résistance en France qui  vient de se structurer avec le CNR (27 mai 43) qui regroupe les principaux mouvements  et non pas les réseaux  inquiète  les responsables d'Alliance  qui ne veulent  rallier  ni  De Gaulle, ni Giraud ;  lors de cette réunion MM Méric  ne veut pas  politiser le réseau et prône d'une part l'attente et, d 'autre part,  l'union des membres. MM Méric, trop exposée, doit partir à Londres, Faye prend le commandement, le renseignement étant confié à Paul Bernard, que Méric a choisi comme successeur.

      Méric, part à Londres le 18 juillet 1943 ; en août,  Faye rejoint Méric à Londres, les services britanniques leur recommandent de ne pas retourner en France,  Faye, insiste et accepte des conditions de sécurité drastiques, mais dès son retour, le 16 septembre 1943, il est capturé dans le train à Aulnay-sous-Bois par les services allemands qui l'emprisonne. Au même moment,  Loustaunau-Lacau est déporté « nuit et brouillard ».
       Paul Bernard ("Martinet") prend le relais pour remplacer Faye jusqu'à son arrestation le 17 mars 44  suivie de sa déportation " Nuit et brouillard" dont il reviendra vivant de Berlin en 1945.


      De nombreuses arrestations affaiblissent le réseau
      De Londres, Méric donne des ordres de confinement maximum, mais les arrestations sur la province sont déjà prêtes : des arrestations se déroulent à Vichy, Autun, Paris, en Bretagne à Brest et Rennes : 300 à 400 membres du réseau sont arrêtés. C'est Lien, agent double de l'Abwehr, qui a provoqué cette hécatombe, avec d'autres agents français de la Gestapo.  Lien est un résistant devenu agent double en 1941 qui a infiltré en 1943 le réseau Alliance et a permis l'arrestation de Faye suivie de près de plusieurs centaines d'arrestations. La Gestapo interroge ses prisonniers, si elle obtient certains aveux, certains résistent toujours aux interrogatoires. Une tentative d'évasion de Faye, se solde par un échec  qui provoque la déportation précoce de  Faye le 27 novembre suivant.
      Ainsi, 1943 est une année difficile pour Alliance qui réduit son activité et influence, les services britanniques poussent Méric à se rapprocher du BCRA.

      En effet, à Londres, Marie-Madeleine Méric a des rapports compliqués avec les différents services de renseignements de la France libre : le BCRA reproche à l'Alliance de ne jamais directement fournir de renseignements à la résistance gaulliste ; d'autre part, les services giraudistes estiment qu'ils n'ont pas à apporter de moyens à une organisation dont ils récupèrent de toute manière les renseignements par l'entremise de l'IS. Méric doit reconstruire l'état-major,  Paul Bernard l'informe de l'adoption de la décentralisation complète du réseau, l'état-major se limitant désormais à une seule personne, la sienne.


      6. 1944 : Retour de MM Méric et reprise du renseignement en direct avec les alliés

      L'hécatombe
      Les groupes locaux continuent de fonctionner, ainsi le 16 mars un avion apporte une carte complète de 17 m de m de long créée par Douin (Alliance Ferme, Calvados) signalant chaque défense sur les futures plages du débarquement. A la suite d'une trahison, Paul Bernard ('"Martinet") est arrêté à Paris le 17 mars.
      Au printemps 1944, les arrestations se continuent un peu partout : les réseaux tombent  en Bretagne, Normandie (tout le sous réseau jardin dans le Calvados est arrêté), Bordeaux.  La situation n' a jamais été aussi mauvaise pour Alliance, le réseau est démantelé, c'est l'hécatombe: il reste moins d'une centaine d'agents actifs, surtout dans le Sud.

      Pourtant, il faut continuer.  Méric reprend la tête du réseau depuis Londres, répartissant l'opérationnel entre le nord (Jean Roger), le sud-ouest (Henri Battu) et le sud-est (Helen des Isnards) — et laissant à Georges Lamarque le commandement du sous-réseau Druides


      Rattachement au BRCA
      Fin mars, le rattachement de l'Alliance au BCRA (Bureau central de renseignements et d'action De Gaulle)  est validé, union vivement approuvée par les Britanniques. En Mai 1944, le réseau Alliance est officiellement uni au B.C.R.A.  de de Gaulle. Toutefois , les mauvaise nouvelles continuent, ainsi les auteurs de la fameuse carte du Cotentin sont également arrêtés : Robert Douin (« Civette »)305 et une vingtaine d'autres membres du réseau Secteur Jardin. Ailleurs, le réseau continue de fonctionner comme à Aix, Marseille, Lyon, Toulon, Montpellier, Limoges et Toulouse, et dans les secteurs du Centre ;

      Méric, en mai, qui a subi ne transformation physique totale, envisage de repartir en France sous une nouvelle identité. Le 6 juin, elle apprend le débarquement, à ce moment, l'organisation du réseau est au plus bas, avec 75 agents principaux et 800 secondaires.

      Retour de MM Méric

      Méric arrive en France le  juillet 1944  et doit repartir vers dans le sud-est mais elle sera arrêtée à Aix-en-Provence ; elle parvient à s'évader tout de suite et prend le maquis. Ensuite elle part pour Paris pour organiser le renseignement direct avec les troupes alliées, notamment avec Roger, fraîchement évadé, et suivent l'avance des troupes de libérationJean Roger (alias « Dragon» ou «Sainteny») prit la codirection du réseau avec Marie Madeleine Méric de septembre 1944 jusqu’à la libération.
      Elle rejoint la ligne de front dans l'Est,  jusqu'au Luxembourg et  se livre à des missions de renseignements en avant de l’armée Patton.

      A partir du printemps 1944, les services allemands jugent les membres d’Alliance arrêtés, la plupart sont condamnés à mort  comme les 106 massacrés au Struthof  ou   Faye qui sera exécuté le 30 janvier 1945 à Sonnenburg. ( Lire le dossier "Traque et déportation des résistants")

      Après l'armistice, Marie-Madeleine Méric accompagnée de Rodriguez "Pie"parcourt les prisons allemandes pour retrouver la trace des membres de l'Alliance disparus : en mai 1945, 700 sont encore portés manquants. Toutefois, Loustaunau-Lacau  déporté « nuit et brouillard »parvient à survivre à la marche « de la mort » de 11 jours vers Mauthausen.

      7. Alliance après la guerre

      Marie-Madeleine Méric crée en 1945 l'Association amicale Alliance (AAA), dont elle assure la présidence, elle fait établir la liste des 432 morts et disparus parmi le millier d'arrestations sur les 3000 membres du réseau, qu'elle publie dans le « Mémorial de l'Alliance » en 1947. Elle s'occupe également de faire homologuer chaque membre et apporte un soutien aux familles de résistants plongées dans les difficultés matérielles afin de leur fournir une aide.

      En 1947, sur sa demande, Alamichel est inculpé puis jugé en 1948 par les autorités militaires pour intelligence avec l'ennemi, mais il bénéficiera d'un non-lieu en  1949.

      Elle publie en 1968, sous le titre « L'Arche de Noé », ses souvenirs de résistance pendant la guerre.  Une nouvelle  Association Alliance a été créée en 2000. 


      8.-Bilan humain 

      Les données, selon les sources, se recoupent approximativement mais manquent de précision : c'est normal, une comptabilité est délicate à réaliser par la structure du réseau, par les  3 catégories de résistants classés selon leur activité ( P0, P1, P2) par les nombreuses disparitions et arrestations, par le recrutement qui se renouvelle sans cesse.

      SOURCES

      Données de Wikipédia "Alliance"

      • Alliance compte jusqu'à 1 000 membres permanents, revendiquant à la fin de la guerre plus de 2 400 recrutements, dont 431 personnes qui perdront la vie durant la guerre
      • Fin 1940, l'organisation compte plus de 50 membres
      • En mai (1941), le réseau compte une centaine d'agents
      • Avant le départ de Faye(1942), Méric et lui font le point : le réseau compte un millier de personnes,
      • Méric fait établir notamment la liste de l'entièreté des 432 morts et disparus, qu'elle publie dans le « Mémorial de l'Alliance » en 1947

      Données de l'ouvrage (2021)  "Le réseau Alliance" de Guy Cares Ed O-France (page 529)

      • 2827 membres affiliés
      • Fin dec 1941 : 17 P2 (agents permanents)
      • Avril  41 : 64 P2 (donc 47 nouveaux)
      • Fin 1942: 280 P2
      • 1943 : 1300 agents dont 489 P2
      • 1944 : recrutement de 283 nouveaux P2
      • TOTAL : 2820 agents dont 1062 P2 + 945 P1  + 813 P0       dont 364 femmes (13%)
      • à la Libération :  recensement de 2827 agents
      • 437 morts fusillés, exécutés ou morts en déportation (d'après SHD Vincennes)


      Données sur Pointer-alliance.fr

      • "revendique 3000 membres"
      • agents de 100 en mai 1941 à  900 en juin 1944
      • La trahison de de JP Lien fait tomber 150 membres en automne 1943
      • Le réseau compte 431 morts
      • Le dossier de "liquidation du réseauconservé au SHD de Vincelles (cote 17P 72 DMI) indique : 2407 agents (1118 gradés et 1289 sans grade)  dont 
        1048 P2 : permanents donc clandestin
        912   P1 : agent habituel mais qui garde son travail comme couverture
        442   P0 : agent occasionnel de base

      Données sur PDF "65-76 Alliance"

      • 15 mai 1941 100 agents
      • le réseau comprendra 3000 agents et dénombre 438 morts sur 1000 arrestations

      Données de Claire Andrieu Les résistantes, perspectives de recherche"

      • Morts réseau alliance : 438 dont 35 femmes (8%)
      • Marie-Madeleine Fourcade, mère de deux jeunes garçons et chef d'un réseau de 3000 agents
      • Marie-Madeleine Fourcade, en revanche, n'a pas hésité à commander à des hommes en succédant à son chef qui venait d'être arrêté. Elle avait cependant conscience de franchir une limite puisqu'elle a caché son identité féminine à l'Intelligence Service (56).
      Données du Memorial de l'Alliance

      432 morts, sous L'étiquette "Organisation française d'espionnage Alliance "  


      BILAN SYNTHESE 

      MEMBRES du  réseau Alliance
      • 1940 :   50 dont 17 P2 (permanents)
      • 1941 :   100 dont 64 P2
      • 1942 : 1000 dont 282 P2
      • 1943 : 1300 dont 489 P2
      • 1944 :  900 dont 283 nouveaux P2
      TOTAL
      • 2820 agents (dont 364 femmes soit 13%)
        • 1062 P2 (permanents donc clandestins)
        • 945 P1 (réguliers)
        • 813 P0 (occasionnels)

      • Environ 1000  arrestations 

      • 555  membres du réseau ont été déportés vers un  camp de concentration ou parfois dans une prison allemande. (lire le dossier)
        • 375 sont morts (décès  ou exécutions ou  disparus) soit 68%
        • 180 retours (1/3 de femmes) soit 32%


      • 437 agents d'Alliance sont officiellement reconnus morts pour la France (fusillés, exécutés, massacrés, disparus) soit 16% morts dont
        •  35 femmes 
        • 189  qui n'ont pas trente ans.


      -Fin 42/début 1943 : environ 3000 membres  (P0 P1 P2)  dont 1000 P2  "permanents" y consacrent l'essentiel de leur activité  et 1/4 de femmes Les autres (P0et P1) sont informateurs, boîtes aux lettres, offrent l' asile..


      9.- Un réseau méconnu  :Pourquoi ?


      SOURCES

      Ce texte est essentiellement une synthèse des articles de Wikipédia :


      Compléments : quelques extraits des archives nationales

      • Cliquer sur le lien ci-dessus pour accéder à toutes les archives nationales disponibles en ligne
      • Ci-dessous, quelques extraits
      NOTE SUR LE RESEAU ALLIANCE




      CHRONOLOGIE DU RESEAU