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SAINT POL GUY de

SAINT-POL Guy (Comte de)                              
Résistant Secteur Ferme, "Jardin" groupe de Villers Bocage 
  • SAINT-POL Guy, Alfred, Marie (Comte de)
  • Né le 22 mars 1914 à Curcy-sur-Orne (Calvados) (30 ans)
  • fils d’André, Joseph, « Mort pour la France » le 7 septembre 1914 à Rembercourt (Meuse) et d’Yvonne Senot de La Londe, domiciliés au château de Cropton.
  • Profession :  propriétaire terrien et exploitant agricole, à Amayé-sur-Seulles (Calvados). (a fait l’école des Officiers de Réserve)
  • Marié le 3 novembre 1936 à Yolande Marie Josèphe Gazet du Chatelier, née à Saint-Léger-les-Vignes (Loire-Inférieure) 2 enfants nés en 1937 et 1942.
  • Résidant à Amayé-sur-Seulles (Calvados).
  • Mobilisé le 2 septembre 1939, il rejoint dans le secteur de Verdun le 505ième R.C.C. A la fin de l’année 1939 il est affecté au 503ième R.C.C. à Satory. Le 11 juin 1940, ordre est donné au régiment de rejoindre le dépôt de chars du 503ième R.C.C. situé à Castelnau-Magnoac près de Tarbes. Plusieurs fois mitraillé par l’aviation allemande, le convoi met un mois pour atteindre sa destination. Démobilisé il est de retour dans son foyer le 11 septembre 1940.
  • Résistant au sein du réseau Alliance depuis 1942,  Agent de renseignement P2, chargé de missions de 3ème classe (C.M.3, sous-lieutenant). Il est rattaché à l’une des deux équipes de Robert Douin dit « Civette », chef du secteur de Caen.  Il est particulièrement actif :
  • Réalise à plusieurs reprises des liaisons-radio  de chez lui à Amayé. Il effectue des gardes de nuit sur des voies ferrées parfois à plus de 20 kms de chez lui, pour relever les convois ennemis de troupes et de matériel. Il fournit des renseignements sur les défenses côtières allemandes, et contribue ainsi à la réalisation, par Robert Douin de la carte des côtes normandes transmise à l’I.S.Britannique (Intelligence Service) pour le débarquement. Marie-Madeleine Fourcade écrira plus tard, au sujet de Guy de Saint Pol, « agent d’un grand courage ayant fourni des documents exceptionnels ».
  •  En mai 1943 il a reçu trois fois la visite des allemands qui ont fouillé de fond en comble sa maison
  • Aides diverses : Durant l’été 1943, il héberge deux « requis », venus de la région de Nantes, Jean et Pierre Wichasky, qui se cachaient pour fuir le S.T.O. En octobre 1943, il héberge chez lui deux aviateurs américains, les capitaines Harold Curtiss et Harold Helstrom, dont l’avion avait fait un atterrissage forcé près de chez lui. Il les cache et les introduit dans une filière d’évasion dont il avait connaissance.  A l’été 1946, son épouse, reçoit une lettre de ces officiers provenant des Etats Unis, preuve qu’ils avaient pu regagner l’Angleterre via l’Espagne.
  • A hébergé en octobre.1943 pendant plusieurs semaines un agent du réseau Alliance Havart alias "Hilaire" recherché par la gestapo.
  • Arrêté le 17 mars 1944 à son domicile d’Amayé-sur-Seulles (Calvados) par la Gestapo et incarcéré à la maison d’arrêt de Caen.(avec Robert Douin, Jean Caby,) Voir ci-dessous  le détail de son emprisonnement.
  • Fusillé le 6 juin 1944, dans une cour de la Prison de Caen. Inhumé provisoirement dans la cour de la prison puis le  30 juin  exhumé et transporté par les allemands dans un autre endroit inconnu. Les corps des victimes du massacre n’ont pas encore été retrouvés.
  •  Décorations à titre posthume :
    • Medal of Freedom du 18 octobre 1946 décernée par le Général d’Armée D.Eisenhower avec citation dont voici la traduction : « Guy de Saint Pol, Citoyen Français,
      A combattu de la façon la plus courageuse pour la cause de la liberté en fournissant une aide d’une importance exceptionnelle à des membres des forces armées Américaines et Britanniques qui évitèrent d’être capturés dans les pays d’Europe occupés par l’ennemi. Le courage, la bravoure et la dévotion exceptionnelle à la cause commune de la liberté dont a fait preuve cette personne en faisant des actions aussi périlleuses, tout en connaissant le prix à payer en cas d’arrestation, ont apporté une contribution essentielle à la fin des hostilités dans ce théâtre d’opérations, méritant ainsi le plus haut degré d’admiration ».
    • Croix de Chevalier de la Légion d’Honneur.
    • Croix de Guerre avec palme.
    • Médaille de la Résistance.
    • Certificat de Services décerné par le Field Marshal Montgomery.
    • la mention « Mort pour la France » le 20 avril 1947 
    •  homologation comme membre des Forces françaises combattantes (FFC).
    • Son nom figure sur le monument aux morts et sur la plaque commémorative 
      • dans l’église à Amayé-sur-Seulles (Calvados)
      •  sur le monument aux morts de Thouaré-sur-Loire (Loire-Atlantique), ainsi que sur la stèle de l’Église.

TEMOIGNAGE
Lire  le  Témoignage  de la famille de Guy de Saint Pol  qui explicite son activité de résistant et son emprisonnement.


EMPRISONNEMENT
Il est mis, comme Douin et Caby, dans un cachot insalubre, sans lumière ni aération, avec pour seule nourriture de la soupe au chou et un quignon de pain. Il n’en sort que pour subir des interrogatoires particulièrement éprouvants. Guy de Saint Pol, fervent chrétien, puise dans la prière la force de résister.

La gestapo n’obtient aucun renseignement de ces agents. Guy de Saint Pol au bout de 47 jours regagne une cellule « normale ». Il communique alors avec son épouse par des petits messages écrits avec une mine de crayon sur du papier fin glissé dans la doublure de ses manches de chemises, les prisonniers ayant le droit de transmettre du linge à leur famille pour qu’il soit lavé. Ainsi, il rapportera qu’Il participait à la vie de la collectivité comme balayeur de son étage, le 3ième, ou comme « soupier ». Ceux qui ont échappé au massacre diront qu’allant de cellule en cellule, il encourageait ses camarades. L’aumônier confira plus tard : « Il est de ceux que l’on n’oublie pas ». Il attendait avec grande confiance le grand jour de la libération par les Alliés, jour qui pour lui devait être proche.

Le jour du massacre du 6 juin 1944 a été très bien décrit dans le livre « Massacres nazis en Normandie. Les fusillés de la prison de Caen », de Jean Quellien et Jacques Vico. Guy de Saint Pol est de la deuxième vague des fusillés. Le temps pour lui de distribuer la soupe de midi et d’encourager chacun à faire face à l’épreuve finale. Vers 15h la fusillade reprend jusqu’à la fin de l’après-midi.



INTERROGATOIRE : SYNTHESE
Dans le rapport final allemand, il est indiqué "après un interrogatoire très difficile" ce qui signifie clairement qu'il a été torturé, bien que cela ne soit pas indiqué, comme parfois,  dans le rapport d'interrogatoire "sous la menace"
Il reconnait avoir hébergé un jeune en homme en fuite, en fait un résistant et avoir sympathisé avec le groupe de résistance de Caby à Villers-Bocage.  Il reconnait avoir accepté d'être disponible pour Caby en cas de débarquement anglais, mais  nie avoir fourni des informations militaires et n' avoir pris part a aucune action active.
Guy de Saint Pol n'indique que le nom de Caby et, Caby, le cite brièvement également :"Pendant cette période, j'ai également vu TRUFFAUT alias TADORNE, qui a emmené HAVARD, qui habitait chez le comte SAINT POL à Paris." ... "Comme sous-agents pour l'espionnage, je n'avais que Le Baron et le Comte de Saint Pol."

En fait G de Saint Pol a très peu parlé, il a indiqué le minimum qu'il ne pouvait pas nier et que les allemands connaissaient.




RAPPORT FINAL allemand traduit


5/ Guy, Alfred, Marie Saint Paul,

Né le 22/3/14. à Curcy (Calv.)
Propriétaire terrien, marié, 2 enfants, catholique,
Domícilié à Amayé s/ Seulles(Calv.)

avait été désigné comme passeur d'agents dans le télex du BdS. du 163.44 n° 22097 (p. 1 de l`A.).

ll avoue - après un interrogatoire très difficile - avoir su que Havart, alias Hilaire, également arrêté en tant qu'agent, avait déjà été membre d'un groupe de résistance et était en fuite lorsqu'il est venu le voir en octobre 1943.
Il l'a hébergé en toute connaissance de cause.

Entre-temps, Caby avait déjà établi un contact plus étroit avec lui, de sorte que Paul a pris conscience du mouvement de résistance de Caby. (p.30 du A.)

P. admet qu'il était en principe disposé à se mettre à la disposition de l'organisation en cas d'urgence, mais nie avoir donné à Caby des informations militaires ou autres d'importance militaire (p. 30).

Cette déclaration est manifestement fausse, et surtout contredit le témoignage de Caby (p.18.dA.), présenté avec une certitude et une crédibilité absolues, selon lequel le comte de Saint-Paul devait être l'un de ses sous-agents.

Il ne peut y avoir aucun doute, malgré la contradiction de Paul, quant à l'exactitude des déclarations de Caby selon lesquelles St Paul lui a également donné des renseignements militaires, notamment sur les mouvements de troupes.



INTERROGATOIRE  traduit en  français


                                                                                                                                                                                 Caen, le 13 mai 1944

Interrogatoire

A la KWHA (prison de la Wehrmacht) Caen présente apparaît le ressortissant français

DE SAINT-POL, Guv, Alfred Marie, né le 22/3/1914 à Curcy /Calvados, propriétaire

foncier, marié, 2 enfants âgés de 6 et 11 ans, Catholique, domicilié a Amayé sur Seulles / Calvados et déclare, avant été élucidé sur le sujet de l'interrogatoire et averti de devoir dire la vérité, ce qui suit :

Sur la personne :

Je suis né, comme indiqué plus haut, fils du comte Andre de Saint*Pool et de son épouse Yvonne, née Senot de la Londe. J'ai fréquenté l'école supérieure pendant 10 ans sans me préparer a une profession en particulier. De 1934 à 1936, j'ai accompli mes 18 mois de service militaire au sein du 505e régiment des chars à Vannes /Morbihan et j'ai été déchargé en tant que sous officier. Au cours de cette guerre, j'ai été appelé à Rouen pour rejoindre le 513e régiment de chars. Je n'ai pas pris part aux opérations de combat parce que mon unité n’était pas déployée. Je n'ai pas de casier judiciaire.


Sur l'affaire :

Fin octobre 1943. un jeune homme est venu me voir et m'a demandé un logement et du travail.
Selon son apparence, je le considérais comme un homme qui essayait de se cacher pour une raison quelconque. Je l'ai accueilli et l'ai hébergé chez moi pendant environ 3›4 semaines. Au cours de nos conversations, il m'a dit qu'il s'appelait Harvard, qu'on pouvait aussi l’appeler "Hilaire" et qu'il avait fait partie d'un groupe de résistance à Paris et qu'il était en fuite. Comme je sympathisais déjà avec le groupe de résistance des Caby à Villers-Bocage, j'avais une compréhension totale pour Harvard. Harvard ne m'avait pas dit le nom de son groupe de résistance à Paris. Après son séjour de trois semaines chez moi, un jour, Caby m'a téléphoné et a demandé a Harvard de venir à Villers-Bocage, où un homme de Paris l'attendait. Je n'étais pas chez moi à ce moment-la et Caby avait lui-même parlé au téléphone avec Harvard. Harvard m’avait dit où il allait avant de partir. Je ne connais pas le nom de l’homme de Paris, je n'ai rien à voir avec lui. J'avoue que j'ai accepté d'être disponible pour Caby en cas de débarquement anglais. Mais je nie avoir donné à Caby des informations militaires ou autres informations pertinentes. Je n'ai encore pris part a aucune action active d'aucune sorte contre la puissance occupante. Il est vrai que j'avais demandé à Harvard de contacter Caby pour qu'il le ramène dans un groupe de résistance, ce qui s'est produit, comme indiqué plus haut.

Je ne peux pas donner plus de détails sur la question. L'interrogatoire a été mené en français et je reconnais son exactitude.


St. Unterschadùhrer






INTERROGATOIRE : ARCHIVE ORIGINALE






SOURCES :
  • Arch. Dép. Loire-Atlantique, 305 J2.
  • Marie-Madeleine Fourcade : L’Arche de Noé, Paris, éd. Plon 1989.
  • Jean-Pierre Sauvage, Xavier Trochu, Mémorial des victimes de la persécution allemande en Loire-Inférieure 1940-1945, Nantes, 2001.
  • Mémorial de l’Alliance, 1948.
  • L’Avenir de l’Ouest, 4 juin 1945 ("Le Comte de Saint-Pol a continué la tradition de ses ancêtres").
  • Site internet Le forum du débarquement et de la bataille de Normandie.
  • Site Pierfit geneanet.
  • Mémorial GenWeb.
  • Archives sur les fusillés de la prison de Caen le 6 juin 1944 – SHD Vincennes GR 28 P3 71 » publication de Marc Antoine de Saint Pol
  • Archives familiales (lettres, témoignages, coupures de presse, attestations diverses…).
  • Archives sur le Réseau Alliance.
  • Livre de Jean Quellien et Jacques Vico, « Massacres en Normandie, les fusillés de la prison de Caen » aux Editions Charles Colet.
  • https://fusilles-40-44.maitron.fr/spip.php?article196117&id_mot=13626
  • Archives sur les fusillés de la prison de Caen le 6 juin 1944 – SHD Vincennes GR 28 P3 71 » publication de  Marc Antoine de Saint Pol (son fils) avec un dossier complémentaire consacré à son père

Témoignage de la famille de Guy de Saint Pol

 Famille de Guy de Saint Pol,

par Marc-Antoine de Saint Polmadesaintpol@orange.fr


NOTES

Le livre "Massacre en Normandie ", donne déjà des éléments sur la vie de résistant et de prisonnier de mon père. Sur le site de l'Association L'ALLlANCE (reseaualliance.org) figure une biographie de Guy de Saint Pol. Mes parents ont laissé beaucoup d'archives écrites. Ma mère ne nous a pas laissé de témoignages oraux puisqu'elle est décédée accidentellement le 20 juin 1950. Les éléments que je communique maintenant sont moins connus et peuvent intéresser d'autres familles. Mon père approché par Caby qu'il connaissait bien est entré dans le réseau en mai 1942. En mai 1943 il a reçu trois fois la visite des allemands qui ont fouillé de fond en comble la maison, sans succès. La ferme voisine de Piquenard a subit les mêmes fouilles.
Dans la retranscription n° 22097 Guy de saint Pol y est désigné comme intermédiaire (passeur d'agent). Cela fait allusion au passage de Havart chez mon père. Mais durant cette guerre, un certain nombre de personnes sont passées chez lui à Amayé sur Seulles.


1 / En juin 43, mon père a hébergé deux frères, Jean et Pierre Wichasky qui fuyaient le STO. Il les connaissait car ils venaient de Thouaré sur Loire où habitait sa mère (Loire-Atlantique). En septembre, leur présence commençant à se savoir, Ils décidèrent de partir et vécurent dans la clandestinité jusqu'en 1944, année durant laquelle ils s'engagèrent dans l'armée française.
Ma grande mère, très éprouvée par les deux guerres, n'a pas eu le cœur de m'en parler. Je |'ai appris en décembre 2009 et j'ai pu échanger avec l'un d'entre eux.

2/ La présence d'Havart chez Guy de Saint Pol est pour moi une découverte. Comment Havart qui fuyait sa région d'Amiens où il était activement recherché par la gestapo, est-il arrivé chez mon père à Amayé ? D'après l'interrogatoire ils ne se connaissaient pas. Il avait sans doute su que Guy de Saint Pol était agent du même réseau et habitait dans un lieu suffisamment isolée pour qu'il puisse y trouver refuge quelque temps. Havart est resté 3 à 4 semaines dans la ferme de Livry.

La dénomination de "ferme de Livry " que l'on trouve dans des rapports allemands, n'est pas exacte. Il était réfugié dans une petite ferme appartenant à G.de Saint Pol située sur la commune d'Amayé sur seulles au lieudit "la vallée "en bordure de la Seulles laquelle délimite les deux communes d'Amayé et de Livry. De là, le centre du bourg de Livry est plus proche que le centre du bourg d'Amayé, d'où sans doute la dénomination de "ferme de Livry".


3/ Le 4 octobre 1943 un bombardier américain B 17, à cour de carburant, s'est écrasé sur la commune de Cahagnes mitoyenne de la commune d'Amayé sur Seulles. Mon père a recueilli, caché, habillé et nourri deux aviateurs, Harold Curtis et Harold Helstrom, durant quelques jours. Ensuite l'instituteur, Julien Favre, les aurait cachés 60 jours dans les locaux de la mairie à Onde-Fontaine. Ils regagnèrent l'Angleterre via Paris et l'Espagne, vraisemblablement par la filière du Réseau Marie-Odile. Nous sommes sûrs de leur retour aux États Unis car le 3 juillet 1946, H. Curtis écrivait à ma mère pour la remercier, ayant appris le massacre de Caen. Suite à leur demande mon père reçu à titre posthume la "Médaille de la Liberté". Les informations sur l'histoire de l'équipage de ce bombardier B-17, «Badger's Beauty V ", et sur les réseaux d'exfiltration qui œuvraient en Normandie, m'ont été communiqués par le Professeur Gérard Fournier (Cf La conférence qu'il a donné le 13 octobre 2020).




TEMOIGNAGES


  • Période internement.
Lorsque mon père partait faire de l'observation notamment la nuit sur la ligne de chemin de fer Caen-Cherbourg ou des relevés de défenses ennemies, il allait généralement se reposer chez son ami Guy du Plessis qui était directeur du Trésor à la Banque de France de Caen de 1939 à 1945. Parlant l'allemand, ce dernier s'est rendu plusieurs fois à la prison pour apporter des colis de nourriture à mon père. Il fût l'interprète de ma mère auprès de l'aumônier de la prison qui était allemand. Durant la période d'interrogatoire, mon père fût mis à l'isolement, comme Caby et Douin, dans un cachot insalubre, sans aération ni lumière. Dans le rapport final (paragraphe 5), l'interrogatoire de mon père est qualifié de très difficile. Il écrira avoir beaucoup souffert de la faim, mais je pense que les prisonniers évitaient de dire à leur famille les violences qu'ils subissaient. Beaucoup de prisonniers communiquaient avec leur famille par des petits papiers de toilette griffonnés avec une mine de crayon et glissés dans les doublures des chemises car on pouvait donner son linge à laver à sa famille et recevoir des colis de nourriture par l'intermédiaire d'un gardien appelé PP (petit père). Après avoir passé 47 jours à l'isolement avec pour nourriture jus de choux et pain sec, il écrira avoir regagné une cellule "normale" avec d'autres prisonniers. J'ai découvert en 1998, grâce à Jean-Pierre Hébert, que "H ", mentionné dans les écrits de mon père, était son oncle Jean Hébert(1). A travers les écrits "chiffonnés " de "H " et de mon père il est difficile de s'y retrouver sur l'occupation des cellules "5" et "28", car les écrits ne correspondent pas toujours. D'après les écrits de J. Hébert, dans la "5" il y aurait eu à un moment lui-même, Camille Blaisot (2), et Fernand Coudrey (3). C. Blaisot serait parti le 20 mai en même temps qu'André Coudrey (4) pour le camp de Compiègne. De là ils seront déportés en Allemagne. D'après ses écrits, mon père serait arrivé le 3 mai dans une cellule (la "28 " m'apprendra Jean-Pierre Hébert) où il y avait André Coudrey (mon père cite aussi Fernand Coudrey ?) et "H" arrivé plus tard. Il y a eu des transferts entre les cellules "5"vet "28 ".

Ce qui est sûr c'est que Jean Hébert et mon père étaient à partir du 24 mai seuls dans la cellule "28" suite au départ de Fernand Coudrey directement pour l'Allemagne le 23 ou 24 mai. Mon père écrira que ses camarades de cellule "F.C." et "A.C" › et "J.H." l'ont remis sur pieds grâce aux plats qu'ils recevaient de leurs familles, notamment le lapin préparé par la mère de Jean que mon père appréciait particulièrement. Mon père écrira le 24 mai que c'était le "grand confort" car il était seul avec "H". Il demandera à ma mère de contacter la mère de Jean pour lui remettre un mot de son fils, l'adresse devant lui être donnée par Madame Lallier ou le Curé de Saint Jean-Eudes. Ce doit être le courrier que détient Jean-Pierre Hébert. D'après mon père, les Frères Coudrey étaient contents de quitter la prison de Caen car ils estimaient que cela leur donnerait l'occasion de s'évader. D'autres prisonniers comme mon père vivaient plutôt dans l'espoir de la libération par les Alliés qu'il pensait très prochaine, et ne souhaitait pas être transféré.


Mon père et son camarade Jean, passèrent travailleur au 3ème étage pour balayer et laver. Cela, écrit-il, lui donne plus de liberté. Il le devait au P.P. un des gardiens français de la prison que ma mère connaissait.

Dans l'extrait du livre "Massacres nazis en Normandie" page 55 : "Vers midi, la soupe est distribuée aux survivants par Guy de Saint Pol, accompagné d'un jeune homme poussant la roulante ", le jeune homme n'est autre que Jean Hébert. Tous deux, occupèrent seuls la cellule "28" jusqu'au drame. Ensemble ils partagèrent la nourriture transmise par leurs familles, ensembles ils priaient, ensembles le 6 juin 44, ils quittèrent la cellule et l'un derrière l'autre ils descendirent les dernières marches conduisant à la courette.



(1)Jean Hébert, né le 13.1. 1926 est entré dans le groupe FTP de Caen à la fin de l'année 1943, il n'avait pas 18 ans. Il est arrêté le 11 février 1944 par un inspecteur de police français, et livré aux allemands. Avec Désiré Renouf et Colbert Marié ils furent à 18 ans les trois plus jeunes résistants fusillés le 6 juin. Jean Hébert n'a pas de lien familial les autres résistants "Hébert" figurant dans le "Livre Mémorial" du Conseil Général du Calvados, ni avec la famille Hébert de la ferme de Maizières (Cf. livre «Si près de la Liberté " par Gérard Fournier).
(2) Camille Blaisot, député du Calvados, ministre, arrêté le 2 mars 44, il meurt à Dachau le 24janvier 45.
(3) Fernand Coudrey né le 3.6.1898 était aussi du réseau «Zéro France " et d'autres réseaux O.M.C., Centurie, arrêté le 12 oct. 43, déporté et libéré au printemps 45. Fernand Coudrey rentré de déportation témoignera de la présence de Jean Hébert à la maison d'arrêt de Caen.
(4) André Coudrey né le 11.7.1910 était du réseau "Zéro France", arrêté le 25 avril 44, déporté, meurt le 24 avril 45 à Saschsenhausen.



Voici un autre témoignage, assez surprenant de mon père qui avait organisé une visite de sa femme à la prison pour la voir de loin,... .Je cite : "Si tu viens lundi à Caen pour le colis, je pourrai te voir par la fenêtre de ma nouvelle cellule. Tu prendras la rue à gauche juste avant celle de ... Je vois par la fenêtre la maison n°21, tu passeras donc sur ce trottoir. Je suis à la première fenêtre du 3ème étage à partir de l'angle des 2 corps de bâtiments. Je te ferai donc signe entre 2 et 3 heures à cette fenêtre. Ne fais aucun signe surtout (tu te ferais arrêtée). Fais semblant de ramasser quelque chose à terre, ce sera le signe que tu m'as vu. Ne reste pas longtemps. Passes deux fois c'est tout. Si je ne te vois pas le lundi 29, ce sera le jeudi après le colis de linge. Mais je compte sur toi le lundi. Je te verrai certainement mieux que tu me verras. Ce sera une telle joie pour moi, petite chérie ! ...." .
On n'a jamais su s'ils s'étaient entrevus.




  • Après le 6 juin 44.
Dans le triangle, Villers-Bocage, Caumont l'Eventé et Tilly sur Seulles, les combats furent particulièrement violents et ma grand-mère dira avoir vu passer et repasser les soldats allemands et les anglais en quelques jours. La propriété de mes parents était située entre les hauteurs du bourg d'Amayé et de celles du bourg d'Anctoville. Les tirs d'obus passaient au-dessus, sauf un "un raté" qui traversa le toit. En juin 44 il y avait 26 personnes réfugiées dans les sous-sols de la propriété de mes parents, des familles de Villers-Bocage et d'Amayé : famille Levêque grands-parents, parents, enfants, famille Weiman, famille Delalande, famille Level, des personnes qui travaillaient pour ma mère sur l'exploitation, ma sœur de 5 ans de plus que moi et ma grand-mère Saint Pol venue chez ma mère pour la seconder depuis l'arrestation de son fils. Dans ce sous-sol aux trois- quarts enterré avec des soupiraux, tous les soirs on étalait les matelas. Heureusement il y avait pour tous les produits de la ferme, lait, beurre, volailles, fruits et légumes du jardin.


L'exode.
 La bataille dite "Bataille de Villers", dont on ne manque pas de récit ("La percée du Bocage" Album Mémorial Stéphane Jacquet éditions Heimdal) était si intense que les habitants d'Amayé et d'autres communes voisines reçurent par l'intermédiaire de leur Maire, Monsieur Delalande à Amayé sur Seulles, l'ordre d'évacuer le 7 juillet 44. Un convoi de 23 personnes du village s'était constitué avec pour matériel une carriole attelée avec le cheval de M. Delalande, des petites charrettes à bras et une vache pour nourrir les plus petits dont je faisais partie. ll se dirigeait vers Pont d'Ouilly dans l'Orne de l'autre côté du mont Pinçon, point culminant du Calvados (365m), où nous avions de la famille. Arrivés à Cahan, pour être à l'abri des bombardements nous dormions dans un petit tunnel qui servait à alimenter en eau un bras artificiel du Noireau, qui pour la circonstance avait été asséché. Ce n'est qu'à la mi-septembre que nous, grand-mère, mère, sœur et moi, regagnâmes Amayé.


L'annonce du massacre.
La Croix-Rouge avait pour mission d'effectuer les recherches sur les personnes disparues. Une sœur de ma grand-mère fit une demande auprès du délégué départemental de la Croix Rouge qu'elle connaissait en Loire-inférieure. Elle obtint une réponse par un message télégraphique le 23 août 44 : "Guy de Saint Pol libéré en juillet à Compiègne et évacué dans le Nord ".
Le 13 septembre ma grand-mère reçoit le courrier de confirmation qu'elle réexpédie à sa fille, ma mère. Elle le reçoit le 18 septembre tout juste rentrée l'exode, et c'est au même moment qu'elle appris, je ne sais comment, ni par qui, la nouvelle du massacre. Elle écrivit au délégué de la Croix Rouge le 30 septembre qui lui fit une réponse d'excuses. Tout cela laisse à penser de la grande confusion qui régnait à cette époque.


Le dossier de veuve de guerre.
Il n'est pas inutile de rappeler ce que fût le long et douloureux parcours des veuves de guerre pour obtenir la reconnaissance de leur statut. A titre d'exemple celui de ma mère:

Décembre 44, premier contact avec le service social du réseau, 63 avenue des Champs Elysée, Association Amicale Alliances, A.A.A.
Une première aide financière en février 1945. Ma mère était aidée par au moins deux personnes pour le travail de l'exploitation.
Pour la constitution du dossier elle a dû aller au moins deux fois à Paris. Comme toutes les autres familles, il lui fallait justifier de son statut de veuve de guerre, ce qui n'est pas facile quand il n'y a pas de certificat de décès :
-Attestation d'appartenance au réseau mars 1946 par Marie-Madeleine Fourcade.
-Certificat de service du 6 mai 1946, signé du Field Marschal Montgommery.
-Certificat du surveillant de la maison d'arrêt, Pierre Mahé, de novembre 1946.
-Certificat du surveillant chef du7 nov.1946 : "M. de Saint Pol détenu par les allemands et fût vraisemblablement exécuté par ces derniers le 6 juin 1944... "

Il y a toujours un papier qui manque !!!
-Certificat de non divorce décembre 1946.
-Notification du Ministère de la défense nationale (F.F.C.l.) du 4 mars 1947 de l'homologation du grade de sous-lieutenant par décret du 12 février 1947.
-Avis Officiel de Décès-Mort pour la France- du 6 août 1947.
Information du Centre d'Administration Territorial de Rennes du 22 août 1947 que la pension de veuve de guerre a pris effet le 31 juillet 1947
-Attestation d'appartenance aux F.F.C. qui ne fût délivrée que le 23 juin 1949.


Vint ensuite la reconnaissance pour l’honneur par Nomination, Légion d'Honneur (décret 11 janvier 1961), Croix de Guerre avec palme, Médaille de la Résistance et "Medal of Freedom " en octobre 1946.

Témoignage Saint Pol prison de Caen

  Famille de Guy de Saint Pol,

par Marc-Antoine de Saint Polmadesaintpol@orange.fr


NOTES

Le livre "Massacre en Normandie ", donne déjà des éléments sur la vie de résistant et de prisonnier de mon père. Sur le site de l'Association L'ALLlANCE (reseaualliance.org) figure une biographie de Guy de Saint Pol. Mes parents ont laissé beaucoup d'archives écrites. Ma mère ne nous a pas laissé de témoignages oraux puisqu'elle est décédée accidentellement le 20 juin 1950. Les éléments que je communique maintenant sont moins connus et peuvent intéresser d'autres familles. Mon père approché par Caby qu'il connaissait bien est entré dans le réseau en mai 1942. En mai 1943 il a reçu trois fois la visite des allemands qui ont fouillé de fond en comble la maison, sans succès. La ferme voisine de Piquenard a subit les mêmes fouilles.
Dans la retranscription n° 22097 Guy de saint Pol y est désigné comme intermédiaire (passeur d'agent). Cela fait allusion au passage de Havart chez mon père. Mais durant cette guerre, un certain nombre de personnes sont passées chez lui à Amayé sur Seulles.


1 / En juin 43, mon père a hébergé deux frères, Jean et Pierre Wichasky qui fuyaient le STO. Il les connaissait car ils venaient de Thouaré sur Loire où habitait sa mère (Loire-Atlantique). En septembre, leur présence commençant à se savoir, Ils décidèrent de partir et vécurent dans la clandestinité jusqu'en 1944, année durant laquelle ils s'engagèrent dans l'armée française.
Ma grande mère, très éprouvée par les deux guerres, n'a pas eu le cœur de m'en parler. Je |'ai appris en décembre 2009 et j'ai pu échanger avec l'un d'entre eux.

2/ La présence d'Havart chez Guy de Saint Pol est pour moi une découverte. Comment Havart qui fuyait sa région d'Amiens où il était activement recherché par la gestapo, est-il arrivé chez mon père à Amayé ? D'après l'interrogatoire ils ne se connaissaient pas. Il avait sans doute su que Guy de Saint Pol était agent du même réseau et habitait dans un lieu suffisamment isolée pour qu'il puisse y trouver refuge quelque temps. Havart est resté 3 à 4 semaines dans la ferme de Livry.

La dénomination de "ferme de Livry " que l'on trouve dans des rapports allemands, n'est pas exacte. Il était réfugié dans une petite ferme appartenant à G.de Saint Pol située sur la commune d'Amayé sur seulles au lieudit "la vallée "en bordure de la Seulles laquelle délimite les deux communes d'Amayé et de Livry. De là, le centre du bourg de Livry est plus proche que le centre du bourg d'Amayé, d'où sans doute la dénomination de "ferme de Livry".


3/ Le 4 octobre 1943 un bombardier américain B 17, à cour de carburant, s'est écrasé sur la commune de Cahagnes mitoyenne de la commune d'Amayé sur Seulles. Mon père a recueilli, caché, habillé et nourri deux aviateurs, Harold Curtis et Harold Helstrom, durant quelques jours. Ensuite l'instituteur, Julien Favre, les aurait cachés 60 jours dans les locaux de la mairie à Onde-Fontaine. Ils regagnèrent l'Angleterre via Paris et l'Espagne, vraisemblablement par la filière du Réseau Marie-Odile. Nous sommes sûrs de leur retour aux États Unis car le 3 juillet 1946, H. Curtis écrivait à ma mère pour la remercier, ayant appris le massacre de Caen. Suite à leur demande mon père reçu à titre posthume la "Médaille de la Liberté". Les informations sur l'histoire de l'équipage de ce bombardier B-17, «Badger's Beauty V ", et sur les réseaux d'exfiltration qui œuvraient en Normandie, m'ont été communiqués par le Professeur Gérard Fournier (Cf La conférence qu'il a donné le 13 octobre 2020).




TEMOIGNAGE PERIODE D'INTERNEMENT 

Lorsque mon père partait faire de l'observation notamment la nuit sur la ligne de chemin de fer Caen-Cherbourg ou des relevés de défenses ennemies, il allait généralement se reposer chez son ami Guy du Plessis qui était directeur du Trésor à la Banque de France de Caen de 1939 à 1945. Parlant l'allemand, ce dernier s'est rendu plusieurs fois à la prison pour apporter des colis de nourriture à mon père. Il fût l'interprète de ma mère auprès de l'aumônier de la prison qui était allemand. Durant la période d'interrogatoire, mon père fût mis à l'isolement, comme Caby et Douin, dans un cachot insalubre, sans aération ni lumière. Dans le rapport final (paragraphe 5), l'interrogatoire de mon père est qualifié de très difficile. Il écrira avoir beaucoup souffert de la faim, mais je pense que les prisonniers évitaient de dire à leur famille les violences qu'ils subissaient. Beaucoup de prisonniers communiquaient avec leur famille par des petits papiers de toilette griffonnés avec une mine de crayon et glissés dans les doublures des chemises car on pouvait donner son linge à laver à sa famille et recevoir des colis de nourriture par l'intermédiaire d'un gardien appelé PP (petit père). Après avoir passé 47 jours à l'isolement avec pour nourriture jus de choux et pain sec, il écrira avoir regagné une cellule "normale" avec d'autres prisonniers. J'ai découvert en 1998, grâce à Jean-Pierre Hébert, que "H ", mentionné dans les écrits de mon père, était son oncle Jean Hébert(1). A travers les écrits "chiffonnés " de "H " et de mon père il est difficile de s'y retrouver sur l'occupation des cellules "5" et "28", car les écrits ne correspondent pas toujours. D'après les écrits de J. Hébert, dans la "5" il y aurait eu à un moment lui-même, Camille Blaisot (2), et Fernand Coudrey (3). C. Blaisot serait parti le 20 mai en même temps qu'André Coudrey (4) pour le camp de Compiègne. De là ils seront déportés en Allemagne. D'après ses écrits, mon père serait arrivé le 3 mai dans une cellule (la "28 " m'apprendra Jean-Pierre Hébert) où il y avait André Coudrey (mon père cite aussi Fernand Coudrey ?) et "H" arrivé plus tard. Il y a eu des transferts entre les cellules "5"vet "28 ".

Ce qui est sûr c'est que Jean Hébert et mon père étaient à partir du 24 mai seuls dans la cellule "28" suite au départ de Fernand Coudrey directement pour l'Allemagne le 23 ou 24 mai. Mon père écrira que ses camarades de cellule "F.C." et "A.C" › et "J.H." l'ont remis sur pieds grâce aux plats qu'ils recevaient de leurs familles, notamment le lapin préparé par la mère de Jean que mon père appréciait particulièrement. Mon père écrira le 24 mai que c'était le "grand confort" car il était seul avec "H". Il demandera à ma mère de contacter la mère de Jean pour lui remettre un mot de son fils, l'adresse devant lui être donnée par Madame Lallier ou le Curé de Saint Jean-Eudes. Ce doit être le courrier que détient Jean-Pierre Hébert. D'après mon père, les Frères Coudrey étaient contents de quitter la prison de Caen car ils estimaient que cela leur donnerait l'occasion de s'évader. D'autres prisonniers comme mon père vivaient plutôt dans l'espoir de la libération par les Alliés qu'il pensait très prochaine, et ne souhaitait pas être transféré.


Mon père et son camarade Jean, passèrent travailleur au 3ème étage pour balayer et laver. Cela, écrit-il, lui donne plus de liberté. Il le devait au P.P. un des gardiens français de la prison que ma mère connaissait.

Dans l'extrait du livre "Massacres nazis en Normandie" page 55 : "Vers midi, la soupe est distribuée aux survivants par Guy de Saint Pol, accompagné d'un jeune homme poussant la roulante ", le jeune homme n'est autre que Jean Hébert. Tous deux, occupèrent seuls la cellule "28" jusqu'au drame. Ensemble ils partagèrent la nourriture transmise par leurs familles, ensembles ils priaient, ensembles le 6 juin 44, ils quittèrent la cellule et l'un derrière l'autre ils descendirent les dernières marches conduisant à la courette.



(1)Jean Hébert, né le 13.1. 1926 est entré dans le groupe FTP de Caen à la fin de l'année 1943, il n'avait pas 18 ans. Il est arrêté le 11 février 1944 par un inspecteur de police français, et livré aux allemands. Avec Désiré Renouf et Colbert Marié ils furent à 18 ans les trois plus jeunes résistants fusillés le 6 juin. Jean Hébert n'a pas de lien familial les autres résistants "Hébert" figurant dans le "Livre Mémorial" du Conseil Général du Calvados, ni avec la famille Hébert de la ferme de Maizières (Cf. livre «Si près de la Liberté " par Gérard Fournier).
(2) Camille Blaisot, député du Calvados, ministre, arrêté le 2 mars 44, il meurt à Dachau le 24janvier 45.
(3) Fernand Coudrey né le 3.6.1898 était aussi du réseau «Zéro France " et d'autres réseaux O.M.C., Centurie, arrêté le 12 oct. 43, déporté et libéré au printemps 45. Fernand Coudrey rentré de déportation témoignera de la présence de Jean Hébert à la maison d'arrêt de Caen.
(4) André Coudrey né le 11.7.1910 était du réseau "Zéro France", arrêté le 25 avril 44, déporté, meurt le 24 avril 45 à Saschsenhausen.



Voici un autre témoignage, assez surprenant de mon père qui avait organisé une visite de sa femme à la prison pour la voir de loin,... .Je cite : "Si tu viens lundi à Caen pour le colis, je pourrai te voir par la fenêtre de ma nouvelle cellule. Tu prendras la rue à gauche juste avant celle de ... Je vois par la fenêtre la maison n°21, tu passeras donc sur ce trottoir. Je suis à la première fenêtre du 3ème étage à partir de l'angle des 2 corps de bâtiments. Je te ferai donc signe entre 2 et 3 heures à cette fenêtre. Ne fais aucun signe surtout (tu te ferais arrêtée). Fais semblant de ramasser quelque chose à terre, ce sera le signe que tu m'as vu. Ne reste pas longtemps. Passes deux fois c'est tout. Si je ne te vois pas le lundi 29, ce sera le jeudi après le colis de linge. Mais je compte sur toi le lundi. Je te verrai certainement mieux que tu me verras. Ce sera une telle joie pour moi, petite chérie ! ...." .
On n'a jamais su s'ils s'étaient entrevus.



LIRE LA SUITE DE CE TEMOIGNAGE  => après le 6 juin 1944