LEBARON Jean

LEBARON Jean alias F340

Résistant Secteur Ferme, "Jardin" groupe de Villers Bocage 

  • Né le 21 août 1901 à Bayeux, 43 ans
  • Profession : Agent d’assurances Mutuelle Générale
  • Marié à Suzanne, née Bertu, 2 enfants de 12 et 15 ans
  • Résidant à Villers Bocage
  • Résistant depuis 1941 au sein du réseau Hector puis, après son démantèlement Caby le contacte pour adhérer au réseau Alliance (secteur Villers Bocage). Agent de liaison, facilité par ses nombreux déplacements
  • Arrêté le 4 mai 1944 à son domicile
  • Conduit au siège de la Gestapo de Caen, 44 rue des Jacobins puis incarcéré à la maison d’arrêt de Caen.
  • Fusillé le 6 juin 1944, dans une cour de la Prison de Caen. Inhumé provisoirement dans la cour de la prison puis le  30 juin  exhumé et transporté par les allemands dans un autre endroit inconnu. Les corps des victimes du massacre n’ont pas encore été retrouvés.


INTERROGATOIRE : SYNTHESE

Par son rôle important, son activité et influence, Jean Lebaron sait que les allemands sont parfaitement renseignés sur ses activités et que certains ont cité son nom. Aussi  il reconnait un certain nombre de faits.
Jean Lebaron, bien sûr, n'évoque pas son passé comme membre du réseau Hector démantelé. Il évoque son influence sur Caby qui aurait été dans jeunesse pro-allemand avant de se tourner vers la résistance comme membre très actif. Il reconnait connaître Douin, Morel,  Primault et avoir recruté Marie d'Epinay. 
Par contre il n' a jamais rencontré Roger alias Dragon et précise qu'il n'a  pas demandé à  Thorel et Chiron de Villers-Bocage  (qui connaissaient son appartenance au groupe de résistance) de rejoindre le mouvement.


Son nom est cité par :
Caby :"Lebaron  de Villers Bocage était un vieux camarade, mais déjà lorsque j'étais dans le "Groupe Collaboration", il était un adversaire acharné de mes idées politiques. ll a contribué de manière très significative à ma "conversion". Après avoir contacté Douin, il a immédiatement accepté de faire le même travail. Dans la période qui a suivi, il a, comme moi, recueilli des nouvelles militaires qui, cependant, concernaient presque exclusivement les mouvements de troupes et l'armement dans la région de Villers Bocage et me les a données directement à moi ou à Douin.

Douin : "Un peu plus tard, j'ai été présenté à Lebaron, également de Villers-Bocage, par Gaby, qui l'a présenté comme sous-agent. Lebaron m'a apporté deux fois des messages de nature militaire au nom de Gaby."

Langeard : "J'avoue, sous la menace, que je connais d'autres membres. Il s'agit de Aubin de Villers-Bocage, Le Baron, Thorel et Chiron, tous résidant à Villers-Bocage. Mais je n'ai eu affaire qu'à Caby."

Marie : "Fin mars ou début avril de cette année, l'agent d'assurance Le Baron de Villers-Bocage, que je connais d'ailleurs depuis de nombreuses années, m'a approché et m'a demandé de rejoindre son groupe de résistance. Cependant, il ne m'a pas dit comment son groupe s'appelait ni quels étaient ses objectifs. J'avais également convenu avec lui de rejoindre son groupe. Depuis ce jour, Le Baron n'est pas revenu sur cette question."

RAPPORT FINAL ALLEMAND traduit

 6/ Le citoyen français, qui a également été arrêté

Jean Le Baron, né le 21.8.01 à Bayeux,

agent d'assurance, marié, 2 enfants, catholique, vivant à Villers-Bocage, a déjà été recruté par Caby pour l'organisation. C'est à lui, cependant, que l'on doit la transformation de Caby de collaborateur à espion. Baron l'admet. (p 31)
Dès décembre 1943, il est présenté au chef de Caen Douin, par Caby, comme agent de liaison (p 32 d.A.).
Il avoue avoir travaillé comme sous-agent de Caby et lui avoir également donné des informations militaires sur les mouvements de troupes, l'armement, l'emplacement, etc. (p. 32 du A.) Il admet également avoir remis plusieurs lettres contenant du matériel d'espionnage directement à Primault ainsi qu'à Douin au nom de Caby.

Avec la reprise générale des activités de l'organisation dont il est question ici en janvier 1944, il reprend également ses activités d'espionnage, il tente d'ailleurs également de recruter des membres pour le cas d'urgence conformément à la demande de Caby (p. 32 de l'A.). Le Baron a avoué avoir recruté Marié d'Epinay s/Odon, d'ailleurs ancien officier de réserve, pour l'organisation.

Bien que l'on puisse supposer qu'il a également parlé à Thorel et Chiron dans l'intention de les persuader de rejoindre le groupe, cela ne peut être prouvé. Au total, Le Baron affirme avoir collecté et transmis des messages militaires avec une intention d'espionnage une dizaine de fois. (p. 32 d.A.)



INTERROGATOIRE traduit


                                                                                                Caen, le 15 mai 1944


                                                                                                             Interrogatoire


Depuis la KWHA (prison de la wehrrnacht) Caen présenté apparait le ressortissant français
LE BARON, Jean, né le 21/8/01 à Bayeux,

Né en tant que fils de louis LE BARON et de son épouse Marguerite Langues.
Marié à Suzanne, née Bertu
2 enfants âges de 12 et 15 ans
Catholique, domicilié a Villers-Bocage, Place du Marche,
prétendument pas politiquement organise et pas condamné auparavant.

Et, averti de devoir dire la vérité, dit ce qui suit :

Après avoir été scolarisé jusqu'à l'âge de 14 ans à Caen et à Falaise, j'ai appris le métier de
mécanicien automobile. A ce titre, ]'ai travaillé dans de nombreux endroits dans toute la France. En1929, j'ai abandonné la profession et suis devenu agent d'assurance. Jusqu'à mon arrestation, je travaillais pour la compagnie d'assurance "Mutuelle Générale' dont le siège est au Mans. Je gagnais environ 5 000 à 6 000 frs par mois.


Sur l'affaire :

J'avoue avoir exerce une forte influence sur CABY pour qu'il abandonne ses idées pro-allemandes parce que je les trouvais incompatibles avec l'attitude d'un bon Français.
Vers juin/juillet de l'année dernière. Caby m'a dit à l’occasion d'une conversation qu'il était membre d'une organisation dirigée depuis Caen et qui s'occupait de recueillir des informations d’importance militaire. Il m'a proposé de rejoindre également cette organisation.
J'ai accepté cette proposition.

Vers décembre 1943, ]'ai été présenté au chef de Caen, le sculpteur DOUIN en tant que lien entre l’organisation et Gaby.

Je connaissais aussi MOREL alias MANCHOT de l'organisation. Ce pseudonyme m’était connu. Caby m'a dit qu'il fréquentait une école de radio avec lui, peut-être pour faire fonctionner un émetteur secret plus tard.
Je n'ai jamais rencontré ROGER alias DRAGON moi-même, j'ai seulement entendu parler de lui.

Je ne connais pas d'autres membres de l'organisation qui se consacrent exclusivement à la collecte d'informations.
J'étais dans le groupe agent de liaison entre Caby et Douin d'une part et sous-agent de Caby pour les informations militaires d'autre part.

Je dois me corriger : je connaissais aussi la boîte aux lettres PRIMAULT, car je lui ai donné deux ou trois lettres pour Caby. Il n'y avait pas d'adresse dessus. Je ne savais pas non plus à qui le courrier était destiné. Plus tard j'ai également livré le courrier de Cabv à Douin directement à son appartement deux ou trois fois lorsque Douin a été empêché de venir.


J'avoue avoir fourni une dizaine de renseignements au Caby sur |'état des unités militaires, le type et la puissance de leur armement et leur mouvement. Je n'ai jamais fait de rapports ou de cartes.
Après l'arrêt de nos activités en novembre/décembre, causé par les arrestations de la police
allemande à Paris, Caby me demanda, début janvier 1944, de m'impliquer plus activement dans mon travail et surtout de chercher des hommes sympathisants pour rejoindre l'organisation. J'ai répondu à cette demande à tous égards, notamment en ce qui concerne l’activation des informations.
Je n'ai recruté que l'agriculteur MARIE d'Epinay s/Odon pour l’organisation. Il s'est expressément déclaré prêt à nous aider par tous les moyens en cas de besoin. Comme il était officier auparavant, il devait prendre la tête d'un certain groupe en cas de débarquement. Je ne peux pas assurer avec certitude que Marie était consciente de ces tâches.
Je n'ai pas parlé à d'autres personnes. Je sais que THOREL et CHIRON, tous deux de Villers-Bocage, connaissaient mon appartenance au groupe de résistance. Toutefois, je déclare, sur demande explicite, que je ne leur ai pas demandé de rejoindre le mouvement.

Je ne peux pas donner plus de détails sur la question ; j'assure que j'ai dit la vérité.

Le procès-verbal ci-dessus m'a été lu en français et je reconnais son exactitude par ma signature


INTERROGATOIRE : ARCHIVE ORIGINALE







SOURCES
  • https://maitron.fr/spip.php?article206429, notice LEBARON Jean par Jean Quellien, version mise en ligne le 12 septembre 2018, dernière modification le 12 septembre 2018.
  • Archives sur les fusillés de la prison de Caen le 6 juin 1944 – SHD Vincennes GR 28 P3 71 » publication de  Marc Antoine de Saint Pol

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