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Réseau Alliance : Dirigeants et Localisation du PC

 Chronologie  + Tableau chronologique + Carte localisation du PC + Carte interactive


CHRONOLOGIE : Localisation du PC et Responsable du réseau Alliance
  • La Centrale (ou Etat Major du réseau) du réseau était mobile à travers la France afin d’éviter d’être localisée. Le plus souvent, dans chaque ville,  le lieu de résidence changeait régulièrement par prudence dés qu'un danger se profilait. Pendant l'hiver 42/43, la centrale menacée,  s'est réfugiée dans de petites villes, villages isolés de Dordogne, Lot et Corrèze.

  • Le commandement du réseau a évolué avec les arrestations des responsables. Trop  menacée, MM Méric a du rejoindre Londres le 18 juillet 1943, elle reviendra  en juillet 1944.
     D'après les calculs des services anglais, on estimait qu'un chef clandestin ne devait pas durer plus de 6 mois afin d'éviter d'être capturé (cas de Loustaunau, Faye et Bernard), or MM Fourcade a dépassé les "limites du danger" en étant restée responsable  32 mois. (Source L'arche de Noé, page 398)







TABLEAU CHRONOLOGIQUE DETAILLE :



CARTE : Localisation du PC

La localisation exacte dans chaque ville a varié en fonction des circonstances, ainsi, par exemple, à Marseille : d'abord dans un mazet en campagne, puis à la clinique Jeanne d'Arc, ensuite près du vallon des Auffes avec des annexes en ville à la Plaine chez un grossiste en fruits et légumes, le bar Saint Charles servant de lieu de rendez-vous et en janvier 1942 au 355 de la Corniche à la villa La Brise.

  • VICHY
    Création  du réseau au centre d'accueil des anciens combattants où dès l'automne 1940, à l'étage, MM Méric  discrètement  recrute surtout des officiers pour obtenir  des informations.

  • PAU
     La situation à Vichy  devenant problématique avec l'arrivée de Darlan, le centre d'accueil ferme et la sécurité n'est plus garantie, ce qui incite Méric à partir sur Pau  le 1° avril 1941.Le PC  change de localisation par sécurité, il quitte la pension "Welcome" pour la villa " Etchebaster" plus isolée. A  l'automne 1941  l'état-major de Méric au grand complet à Pau  est  appréhendé (Coustenoble, Gavarni...). Prévenue, MM Méric  part se cacher à Tarbes, Boutron la rencontre et la décide  à séjourner à Madrid. Au retour, elle ira à Marseille

  • MARSEILLE +  séjour au  Lavandou
    Début  janvier 1942 MM Méric  arrive à Marseille.
    La localisation exacte dans chaque ville a varié en fonction des circonstances, ainsi, par exemple, à Marseille : d'abord dans un mazet en campagne, puis à la clinique Jeanne d'Arc, ensuite près du vallon des Auffes avec des annexes en ville à la Plaine chez un grossiste en fruits et légumes, le bar Saint Charles servant de lieu de rendez-vous et en janvier 1942 au 355 de la Corniche à la villa La Brise.
  • CHATEAURENARD près d'Avignon (p 273)
     Lors du transport le 11 novembre 1942 vers la prison de Castres, le groupe, avec la complicité des policiers accompagnateurs, s'évade au niveau d'Avignon et se cache à Chateaurenard.
    Création de fausses pièces d'identité  : MM Méric devient marchandes de légumes
  • TOULOUSE ( p 277)
    MM Méric  arrive rue Chazel chez Damm.Première rencontre avec le nou veau responsable radio Rodriguez dit "Pie". Elle apprend que Faye s'est échappé. MM Méric   rencontre Loustaunau-Lacau qui s'est échappé. Trop de danger, elle doit quitter Toulouse
  • CORREZE-DORDOGNE-LOT    Voir ci-dessous
    Le PC lors de l'hiver 1942/1943  est très mobile entre Corrèze, Dordogne et Lot pour des raisons de sécurité (les allemands occupent désormais la zone "libre".

  • LYON
    De février  à mai 1943 en divers lieux en raison des menaces (Klaus Barbie le tortionnaire agit à Lyon !) : chez A de Méreuil (journaliste  à Marie Claire) puis  chez un médecin (Marguerite Berne Churchill) puis dans une clinique privée et dans un hôtel.

  • PARIS  + séjour à AIX en P
    Le PC  du réseau est installé dans le XVI°, rue Raynouard.

  • VERDUN  NANCY  BRIEY



UN PC TRES MOBILE PENDANT L'HIVER 1942/1943 
Le plus complexe est de suivre la mobilité du PC lors de l'hiver 1942/1943 entre Corrèze, Dordogne et Lot:
(références page livre de MM Fourcade)




1-USSEL (Corrèze) (p 214) grande maison, à proximité du terrain d'atterrissage d'Ussel
mais avec des séjours "relais" à
  • Naves (Corrèze) dans une ferme
  • Terrasson (Dordogne) dans un hôtel
puis retour à Ussel. MM Méric  y retrouve Faye le 17 décembre 1942 et décide de partir fin décembre en raison du danger lié à la proximité du terrain d'aviation.
 Elle part à 150 km en Dordogne près de Sarlat

2-LA ROQUE GAGEAC (Dordogne près de Sarlat)
Elle arrive le 30 déc au château abandonné de Malfonds (p 295)
Faye part en avion d'Ussel le 13 janvier. Le quitte pressentant un danger imminent
Note : Le château sera visité par les allemands le lendemain du départ de MM Méric ! 

3-CAHORS (Lot) (p312)
MM Méric quitte très tôt le château et arrive le 14 janvier au soir dans une maison sur une colline puis au  "Castel Lolita" y reste 2 semaines et le quitte brusquement suite à de nouvelles arrestations à Toulouse, Nice, Pau)

4-TULLE
(p 318)
Elle  y arrive le 30 janvier, passe quelques jours à l'hôtel "Moderne" mais ...   vieillot 
  • puis s'installe au petit château de Bra à Altillac, à 11 km de Tulle , sud de la Corrèze
court séjour
Se décide  à repartir  pour plus de sécurité dans une grande ville  : Lyon.
Départ en train omnnibus de nuit pour Lyon


 LYON
: chacun se sépare par sécurité

CARTE DE LOCALISATION INTERACTIVE

Alliance : Un réseau de résistance méconnu

 Un réseau de résistance méconnu: Pourquoi ?

Bien que le réseau Alliance soit le plus grand réseau de renseignement, il est méconnu ainsi que ses membres.  Les ouvrages généraux consacrés à la Résistance oublient complètement de le citer y compris les ouvrages d'universitaires  sur la résistance (O Wieviorka "Histoire de la Résistance" ne l'évoque pas et J Quellien effleure le sujet...). De fait, aujourd'hui, les références bibliographiques  concernent des chercheurs indépendants non historiens, les témoignages publiés des survivants et des proches et  quelques biographies des responsables. Rien d'autre.

Le réseau Alliance a souffert, et souffre toujours, de son origine et  de ses spécificités : un fondateur d'extrême droite, un réseau lié aux anglais proche de Giraud et en froid avec De Gaulle, un réseau dirigé par une jeune femme. Pourtant, un réseau efficace  spécialisé dans le renseignement qui a souffert de très nombreuses et lourdes pertes, et donc, de témoins ; des survivants modestes exclus des honneurs...  Au final, un réseau oublié.

Une explicitation nécessaire autour des thèmes :
-Loustaunau-Lacau le fondateur du réseau
-Un réseau proche de Giraud
-Un réseau en froid avec De Gaulle
-Un réseau qui n'aime pas les communistes
-Un réseau dirigé par une femme
-Donc un réseau de vichysto-résistants ?
-Un réseau qui n'aurait fait, seulement, que du simple renseignement ?
-Un réseau dont de nombreux acteurs ont disparu
-Modestie des survivants comme MM Fourcade
-Au final, un réseau évincé des honneurs
-Conclusion

  • Loustaunau-Lacau  le fondateur du réseau

    • Une  brillante carrière mais ...  des idées d'extrême droite
      C'est un militaire condisciple de Charles de Gaulle qui sort en 1924 major de sa promotion et qui fait une brillante carrière. Mais aussi un activiste proche de l'extrême droite, mettant en place au sein des forces armées le réseau anti-communiste Corvignolles, et diffusant les thèses antisémites, il fut sanctionné en en 1938. Réintégré dans l'armée en septembre 1939, il est arrêté le 22 mars 1940 au front sur ordre de Daladier, car il s'en est pris au ministre des transports, qu'il accusait d'intelligence avec l'ennemi. Il est emprisonné puis libéré le jour de la Pentecôte 1940. Il prend alors part à la bataille de France dans le secteur de Verdun et revendique la destruction de 22 chars ennemis , il sera grièvement blessé et fait prisonnier mais parvient à s'évader dans des circonstances mal définies en août 1940.
      Il poursuit à partir du 3 septembre à Vichy ses activités de renseignement et d'action souterraine. Loustaunau-Lacau est un proche de Pétain. Il est alors nommé par le gouvernement, Délégué général de la Légion Française des Combattants ( LFC) créée par loi publiée le 29 aout 1940, "œil et oreille" du Maréchal. Il y voit le moyen de constituer autour d'officiers le rassemblement de la revanche et de mettre sur pied un réseau de renseignements militaires. Il agit alors dans un sens tout à la fois anti-allemand et anticommuniste, refusant les propositions de rejoindre Londres. En même temps, il fonde avec de l'argent versé par Pétain un foyer d'entraide tenu par son ancienne collaboratrice, Marie-Madeleine Méric. Il commence à recruter des agents pour un nouveau réseau "Navarre" (son nom de plume) mais son activisme tapageur déplait...Il est lâché par Vichy. Il pense qu' un commandement clandestin en France est nécessaire, en effet il ne croit pas en une résistance extérieure, et, de plus, ne veut pas être soumis à De Gaulle qui, à ses yeux, n' a pas les moyens de l'aider financièrement et matériellement. D'ailleurs De Gaulle refuse toute coopération.

       Par la suite, il sera arrêté par la police française, remis à la Gestapo, en 1943, puis  déporté à Mauthausen.  Il se ralliera à De Gaulle et deviendra  après 1945,  député de droite


    • Une personnalité fantasque
      Historienne, Johanna Barasz a consacré sa thèse aux « vichisto-résistants » et indique :
      -son ambition était de rassembler la « droite nationale » et d’en prendre la tête
      -Il est extrêmement fantasque et fondamentalement on le considère fondamentalement comme un dingue ! Il énerve beaucoup de gens dans l’entourage de Pétain, surtout Darlan, entre en conflit avec tout le monde et on lui coupe les subventions
      -on le considère comme très louche, toujours dans les magouilles, obsédé par le renseignement, mangeant à tous les râteliers. Mais aussi quelqu’un de très charismatique. Au début de sa carrière militaire, il était très bien noté et sera premier à l’Ecole de guerre, devant De Gaulle...
      -il a cru pouvoir mener une activité anti-allemande sous le couvert de Vichy et il comprend vite que Vichy n’en a pas la moindre intention. Le ralliement au général Giraud, a permis a beaucoup de changer de camp, quand ils ont compris que Pétain les conduisait dans le mur, sans avoir à rejoindre de Gaulle.

    • Une relation difficile  avec De Gaulle qui  entraîne une "alliance" avec les services britanniques
      Le commandant Loustaunau-Lacau a offert ses services au général de Gaulle  par l'intermédiaire du capitaine Fourcaud, services  refusés par le général....... Il prend alors contact avec l'Intelligence Service et rencontre à Lisbonne, au Portugal, le Commander Cohen le 14 avril 1941.


      Pierre Fourcaud début septembre 1940 quitte Londres pour Lisbonne puis Madrid afin d'effectuer sous le pseudonyme de "Lucas" une première mission en France dans la zone non occupée. Il y est chargé de se consacrer à la création d'un réseau de renseignement. Se rendant à Vichy, il y multiplie les rencontres et en octobre, il est présenté au commandant Georges Loustaunau-Lacau, chef de la Légion française des combattants. Ce dernier, en train de monter un réseau de renseignements avec l'appui discret de Groussard et les moyens de la Légion, lui propose de lui transmettre les informations qu'il réussira à rassembler. Fourcaud accepte, et reçoit en échange les précisions concernant les camps d'aviation allemands près de la ligne de démarcation.
      Le 18 décembre 1940, il regagne Londres ou il fait son rapport au général de Gaulle, sur ces contacts avec les socialistes et sur des possibles rapprochements avec certains cercles de Vichy.
      Le 13 janvier 1941, il repart en zone non occupée pour tenter de coordonner les premiers résistants sous l'autorité du général de Gaulle. Reprenant ses contacts à Vichy, il annonce à Loustaunau-Lacau qu'il a interdiction de travailler avec un réseau qui refuse le commandement de de Gaulle. Loustaunau-Lacau le connaît personnellement, étant un de ses condisciples de Saint-Cyr, mais il a fait passer, par l'ambassadeur du Canada Pierre Dupuy, un manifeste destiné à être diffusé par avion, qui a fortement incommodé le chef de la France libre. Néanmoins, Fourcaud lui confie 500 000 francs, la moitié des moyens qui lui ont été attribués.
      Il facilite, avec Jacques Bridou, les contacts entre Georges Loustaunau-Lacau et les représentants britanniques. La rencontre à Lisbonne, le 14 avril 1941, entre Loustaunau-Lacau et Kenneth Cohen permet le rattachement du réseau Alliance à l'Intelligence Service un mois plus tard. Loustaunau-Lacau prévient toutefois Cohen qu'il continuera à informer les gaullistes, par Fourcaud (« Foudroyant » pour le réseau), de ses activités, les Britanniques n'en ayant que la primeur et non l'exclusivité.


      => Si Loustaunau-Lacau, le fondateur du réseau de résistance,  est d'extrême droite, il est en rupture avec le milieu ultranationaliste pétainiste ;  ce sont MM Méric et Faye qui  font évoluer  le réseau, et se développer dés juillet 1941, bien loin des idées d'extrême droite de Loustaunau Lacau ; Faye début 1942,  désire  un réseau "apolitique" qui deviendra réellement composé de personnes de milieux sociaux et politiques très différents dont beaucoup sont des gaullistes. Le rattachement du réseau aux britanniques tient d'abord à la rigidité de De Gaulle, et, ensuite,  à une impossible entente entre deux militaires ayant  de  fortes personnalités et des conceptions décisionnelles différentes. D'ailleurs, l'entretien Faye-De Gaulle de 1943  se terminera  cordialement avec un "Faye, vous êtes un grand français!" ce qui incitera plus tard Faye à inciter à un ralliement  aux FFL. MM Fourcade  a toujours souhaité  que le réseau soit apolitique et ne devienne pas un "mouvement". En avril 1944, elle gère le protocole d'entrée d'Alliance au BRCA en se battant pour conserver une certaine autonomie à son réseau.  Ensuite, elle soutiendra continuellement De Gaulle.


  • Un réseau proche de Giraud

    Après l'évasion du général Giraud en avril 1942, l'Intelligence Service demande à Marie-Madeleine Méric de le contacter afin de connaitre ses intentions. Après contacts, ils apprennent que Giraud souhaite rester en France pour devenir le chef de la résistance européenne prévoyant de retourner l'armée d'armistice contre les Allemands, à condition que les Anglais  fournissent en moyens et contacts. Marie-Madeleine Méric et Faye le qualifie de « délire stratégique ».   À Londres, les prétentions de Giraud inquiètent les services anglais, qui, en l'absence de Churchill et de de Gaulle, ne prennent aucune décision d'autant que les Alliés envisagent d'organiser un débarquement en Afrique du Nord.
     Mais la crainte de l'avancée allemande en France bouscule les prévisions : il faut faire passer Giraud en Afrique du Nord pour qu'il y prenne le commandement de l'armée d'Afrique. Un transport en avion se révèle retardé ;  Méric, par prudence, conseille de profiter d'un sous-marin prévu le 4 novembre au Lavandou, puis reporté à la nuit du 5 au 6, Giraud et ses proches sont embarqués.

     Le lendemain la cache du Lavandou est compromise, le PC est investi par la police : tout le groupe est arrêté et écroué à la prison de l’Évêché : Faye, Méric, son frère, les radio, la secrétaire, l'agent de liaison. Toutefois ils s'échapperont lors d'un transport avec l'aide du commissaire Piani qui devra se réfugier ensuite à Londres.

    Giraud, avec le soutien total des américains, devient commandant en chef des forces civiles et militaires. Faye part pour Alger pour obtenir de que le réseau soit bientôt militarisé mais cette militarisation du réseau se fera toujours attendre. Ensuite le luttes de pouvoir entre de Gaulle et Giraud à Alger inquiètent, les rapports des chefs d'Alliance avec les services giraudistes se détériorent : les giraudistes estiment qu'ils n'ont pas à apporter de moyens à une organisation dont ils récupèrent de toute manière les renseignements par l'entremise de l'IS et Méric estime que les giraudistes ont trop peu de moyens pour pouvoir les aider.
    Après juillet 1943  Giraud se trouve complètement marginalisé face à De Gaulle.

    => La proximité avec Giraud  n'a rien apporté au réseau,  Giraud a seulement attribué au réseau un  statut militaire sans jamais lui fournir de réels moyens. Ce soutien donné un temps, à un homme maladroit que De Gaulle a combattu et mis à l'écart,  n'a pas duré.  Pourtant,  le réseau Alliance est parfois  considéré  comme  "giraudiste".  

  • Un réseau en froid avec De Gaulle
     Loustaunau-Lacau  et De Gaulle se connaissent bien, d'autant qu'ils ont des conceptions opposées en particulier   dans l'organisation de la résistance : Loustaunau-Lacau propose deux chefs, l'un à Londres, l'autre en "zone libre"... immédiatement  refusé par De Gaulle. Désormais les liens entre  le réseau alliance et De Gaulle seront difficiles. Les venues des responsables à Londres révèlent le mépris de De Gaulle

    • Faye arrive à Londres en janvier 43, et rencontre le général de Gaulle ; si celui-ci le reçoit très mal, reprochant au réseau l'absence de renseignements sur Giraud ou l'Afrique du Nord, les tensions s'apaisent vite, Faye lui rappelant que leur contact auprès de la France libre, Pierre Fourcaud, était emprisonné jusqu'en août, et a quitté ensuite le BCRA. Pour satisfaire les deux parties, le réseau transmettra désormais ses informations via Claude Hettier de Boislambert, qui est arrivé avec Faye

    •  Méric  arrive à Londres le 18 juillet 1943. Elle a de mauvais rapports avec les différents services de renseignements de la France libre  car elle ne veut se situer politiquement : d'une part, le BCRA reproche à l'Alliance de ne jamais directement fournir de renseignements à la résistance gaulliste ; d'autre part, les services giraudistes estiment qu'ils n'ont pas à apporter de moyens à une organisation dont ils récupèrent de toute manière les renseignements par l'entremise de l'IS. Les relations entre les membres du réseau établis à Londres et les représentants de la France libre sont donc plutôt antagonistes, au mieux inexistantes. La mission de Cochet de fusionner les éléments giraudistes et gaullistes des SR est alors loin d'être efficace.

    • Rattachement au BRCA tardif, laborieux
      À la suite des nombreuses arrestations au sein du réseau qui réduit fortement son influence, les services britanniques poussent Méric à se rapprocher du BCRA ; si les échanges avec Passy sont difficiles, les services giraudistes ne la soutiennent pas non plus. A partir de février-mars 1944, en accord avec André Manuel, numéro deux du BCRA, Méric obtient la fusion entre l'Alliance et le BCRA (qui devient la Direction générale des études et recherches). Michèle Cointet estime que Méric a favorisé ce rattachement, en espérant que le BCRA lui laisserait plus de latitude que les Britanniques dans le contrôle de son réseau, et autoriserait plus facilement son retour en France à partir de février-mars 1944, en accord avec André Manuel, numéro deux du BCRA, Méric obtient la fusion entre l'Alliance et le BCRA qui devient la Direction générale des études et recherches en  conservant à Alliance une certaine autonomie.

    • => Les relations de la France libre de De Gaulle et la résistance intérieure furent complexes. De Gaulle tient à tout contrôler y compris les mouvements de résistance qui eux rejettent cette tutelle :  ils veulent être traités en égal et non pas en subordonné déjà que parfois existaient des difficultés dans la hiérarchie des réseaux, y compris pour Alliance lors du choix de successeurs aux responsables disparus. L'attitude de De Gaulle lors d'entrevues avec des responsables d'Alliance fut hautaine et désagréable, en fait comme les relations de De Gaulle avec Roosevelt et  Churchill  qui  estiment que l'attitude du général de Gaulle est "très proche de l'intolérable".


  • Un réseau  qui n'aime pas les communistes et vice versa !
    Certes à sa création le réseau de Loustaunau-Lacau luttait contre les allemands mais aussi contre le communisme.
    De fait, l'attitude du PC en 1939-40  pose problème. Le 27 août 1939, le gouvernement Daladier interdit de parution L'Humanité après son approbation du Pacte germano-soviétique puis dissout le Parti. Dès octobre 1939, le journal paraît clandestinement. 
    A partir du 17 juin 1940, le PC  négocie avec les Allemands, arrivés depuis trois jours à Paris, afin d’obtenir la reparution légale de L’Humanité. Cette initiative est prise par le responsable des cadres du PC, Maurice Tréand, alors sous les ordres de Jacques Duclos, ainsi que du député d’Amiens, Jean Catelas.  Maurice Thorez, depuis Moscou, valide ces démarches ce qu'il niera par la suite. En totale conformité avec la ligne défendue par le Parti communiste depuis le début du conflit, l'Humanité du mercredi 19 juin 1940 plaide pour la paix avec Hitler, fait l'éloge de la fraternité franco-allemande et condamne l'Angleterre : autant d'engagements politiques qui ne devraient pas heurter la censure allemande. (source)
    Quelques membres du PC comme Marcel Gitton N°3 du Parti communiste (SFIC) au début de la Seconde Guerre mondiale, fait partie des hommes politiques communistes qui contestent la ligne officielle du parti dans les années 1939-1940 à la suite du pacte germano-soviétique. Il participe à la fondation du Parti ouvrier et paysan français, formation collaborationniste, et est assassiné le 5 septembre 1941 par le militant communiste Marcel Cretagne.
    Le parti n'entre officiellement en résistance qu'en 1941, au moment de l'opération Barbarossa (22 juin) et de la création du Front national de la résistance.

    Après la guerre, le PCF qui a joué un rôle important dans le résistance, devient une force politique majeure (28% des voix en  novembre 1946).
    Avec De Gaulle avec qui les communistes ont beaucoup de désaccords,  ils s'entendent sur un point  : "Qui a eu des liens avec Pétain ou Vichy  ne peut avoir été un résistant",  parfois étendu au fait d'être politiquement de droite. Donc, Loustaunau-Lacau, grand rival de De Gaulle, en fait partie et par voie de conséquence MM Méric aussi avec les conséquences que l'on connait.
    Le PCF oublie vite son attitude de 1940 et son passé stalinien.

    Le succès aux élections de 1945 des communistes va  leur permettre de se venger de leurs ennemis : le bilan du réseau Alliance est mis en doute  et Loustaunau-Lacau sera même inculpé en 1947 pour  "affaire de complot anticommuniste", il passera 6 mois en prison avant d'être libéré suite aux fausses accusations, et comble, il recevra du gouvernement britannique une distinction militaire, les insignes du Distinguished Service Order alors qu'il est en prison.


  • Un réseau dirigé par une femme
    Elle est une des seules femmes à avoir été à la tête d’un réseau de résistance en France, une des rares avec la Belge Andrée De Jongh. Elle fut un chef incontestable et incontesté du plus grand réseau de renseignement français. Cette exception n'a jamais été mise en avant !
    • Une fille de "bonne société".
      C'est  une fille d’une famille coloniale de la haute bourgeoisie. Elle passe les dix premières années de sa vie dans les colonies françaises d’Extrême-Orient puis revient en France pour être placée par une famille très "catho-tradi" au couvent des Oiseaux, apprenant le piano, les bonnes manières et adoptant  les préjugés de son milieu, grande bourgeoise élégante et raffinée au destin tout tracé de mère de famille catholique et conservatrice. Mariée jeune à un officier, Edouard Méric, dont le principal mérite est de lui laisser une grande indépendance.
      Son destin bifurque, après son divorce, en 1936 après sa  rencontre  avec Georges Loustaunau-Lacau qui l'embauche. En 1939, Loustaunau-Lacau emprisonné laisse Marie-Madeleine seule à la tête de son groupe de presse ; plus tard, en 1941, elle lui succédera, une seconde fois, pour diriger le réseau.

    • Une jeune femme qui en impose...
      Elle a  30 ans lorsqu'elle prend le commandement d'un un réseau  qui déjà possédait près de 150 membres. Elle avait en face d’elle des officiers de haut rang, souvent plus âgés "et machos"  mais elle a la force de "leur en imposer".
      Longtemps les anglais s Anglais du MI6 ne savaient que le chef du réseau était une femme, aussi  furent estomaqués lorsqu’ils l' apprirent. ils prirent vite conscience de sa valeur personnelle et le fait que l’ennemi ne pouvait imaginer qu’une femme dirigeait un tel réseau.


      Loustaunau-Lacau la définit ainsi :«Elle est le chef d' état major, le pivot sans lequel rien ne peut tourner : elle a une mémoire d'éléphant, une prudence de serpent, un instinct de fouine, une persévérance de taupe et elle peut être méchante comme une panthère».
      Pour l'un de ses premiers déplacements à Marseille, le responsable qui l'accueille n'en revient pas : "Peuchère, c'est une femme !!!".
      Lorsque Léon Faye propose au colonel Edouard Kauffmann d’entrer au réseau, Faye a du mal à avouer à son ancien chef que le chef suprême du réseau est une femme. La décrivant avec brio, il souffle sa victoire lorsque le colonel lui répond : "alors je veux la voir" .

    • Une femme charismatique 
      Marie-Madeleine  s'impose dans un milieu d'officiers très traditionalistes peu enclin au féminisme. Sa compétence, son intuition, son sens de l'organisation et le choix qu'elle fait d'être présente en permanent sur le terrain, auprès de ses agents - dont plus du quart sont des femmes - souvent dans les pires moments, lui vaudront d'être reconnue comme le « Chef d'Alliance ».

    • Une femme  courageuse moralement et physiquement
      Malgré les nombreuses arrestations, y compris de responsables (Loustaunau Lacau, Faye) , elle parvient à maintenir la cohésion du mouvement. Elle  prend d’énormes risques et manque de peu d’être arrêtée en novembre 1941. Marie-Madeleine bénéficie cependant de l’aide de compatriotes, comme lorsqu’elle est libérée grâce à l’intervention d’un commissaire de police, après avoir été arrêtée le 7 novembre 1942 à Marseille. En juin 1944, Marie-Madeleine rentre en France. Le 18 juin, elle est capturée par les Allemands mais parvient à s’enfuir par les barreaux de sa cellule et adopte un costume d’infirmière de la Croix Rouge, avec lequel elle finira la guerre.  


      => Evoquer MM Fourcade, pour beaucoup, c'est simplement énoncer "c'est un cas isolé", sans jamais montrer son courage, sa détermination et son engagement total et apolitique qu'elle poursuivra après la guerre pour  un travail de mémoire et de soutien aux familles de résistants d'Alliance, victimes  des nazis.



  • Donc un réseau de  vichysto-résistants ?

    • Définir vichysto-résistant 
      Expression récente (années 80), définir un vichysto-résistant se révèle complexe : il n'existe aucune définition qui mette d'accorder les historiens... pour simplifier, il s'agirait d'une personne, à la fois, authentique résistant et authentique vichyste. D'un point de vue idéologique, apparaissent le désir d’ordre, l’anticommunisme, la germanophobie, le patriotisme, aussi cela concerne-t-il des hommes de droite et d’extrême droite.

      Le commandant Loustaunau-Lacau qui appelle à la résistance sous l’égide du Maréchal, lors de la première année du régime de Vichy, époque de l’ère des illusions et des possibles, est un vichysto-résistant. Ensuite la reprise en main par l’amiral Darlan et la radicalisation du régime à l’été 1941 réduisent brutalement le champ des possibles pour les vichysto-résistants qui avaient cru pouvoir exister et peser à Vichy. De plus l’intensification de la répression n’épargne pas les vichysto-résistants : Loustanau, de retour d'Alger, doit se cacher, est arrêté à Pau en 1941 sur ordre de Darlan ; Loustaunau-Lacau est condamné à 2 ans de prison puis transféré en hôtel prison. Il s'échappe en 1942 mais se rend pour éviter des ennuis à sa famille, Vichy le livre à la Gestapo le 31 mars mars 1943, torturé interrogé 54 fois en n’ayant jamais livré la moindre information, il est déporté en 1943 à Mauthausen. Un parcours singulier pour un vichysto-résistant !

      Si, à l'origine, Alliance s'est développé dans un cadre "vichysto-résistant", très vite, il s'en éloigne avec MM Méric qui formalise sa rupture avec Vichy. En effet, elle doit en 1942 se confronter avec les autorités de Vichy, ce qui tourne adroitement en sa faveur car elle est relâchée. La situation devient sans retour avec, en avril, Pierre Laval à la tête du gouvernement : MM Méric plonge à nouveau et pour toujours dans la clandestinité totale.
      Les événements de novembre 1942 (débarquement en Afrique du Nord, invasion de la Zone sud, dissolution de l’Armée) rattachent au général Giraud le réseau, rupture supplémentaire avec Vichy et confirmation du refus de se structurer autour du général de Gaulle. De fait, avec l’éviction du général Giraud en 1944, les groupes giraudistes avaient d’ores et déjà entrepris leur rapprochement, et même leur intégration, à la Résistance unifiée. Donc, en avril 1944, Alliance est intégré au BRCA à l'issue de rudes négociations… La fraîcheur avec laquelle un mouvement qui a été lié, à ses débuts,  aux vichysto-résistants fut accueilli dans les rangs de la Résistance dit beaucoup de son processus d’unification. Pourtant, les vichysto-résistants ne font plus peser de menace sérieuse, ni sur l’unité de la Résistance, ni sur la prise du pouvoir.
      D'ailleurs après la guerre MM Méric-Fourcade et Jean Sainteny soutiendront De Gaulle.

      Alliance, un vrai réseau de résistance
      Alliance, après son parcours initiatique que l'on peut qualifier de "vichysto -résitant" poursuit un but unique et spécifique : le renseignement militaire qu'il a toujours pratiqué de manière précoce et continue, désormais dans un cadre apolitique, même s'il existe dans les rangs des personnalités d'extrême droite.
      Le recrutement n'est surtout pas un recrutement politique, certes les idées de patriotisme sont bien présentes mais comme pour tous les résistants. Qualifier, aujourd'hui par simplisme les résistants d'Alliance de vichysto -résistants serait une insulte. Il suffit d'analyser l'origine et le parcours des résistants appartenant aux sous secteurs comme celui nommé "Jardin" pour comprendre qu'aucune animosité politique n'existait. Les 18 membres de "Jardin" sont pour la plupart des pères de famille (38 ans d'âge moyen) dont la situation professionnelle est très variée, plutôt manuelle, avec 22% d'agriculteurs. Il faut noter que beaucoup de professionnelle est variée et surtout bien adaptée pour faire du renseignement : facteurs, pêcheurs, agent d'assurance, artiste, commerçants, agriculteurs, électriciens ...avant tout, ils refusent d'accepter l'armistice, ne supportent pas l'occupation allemande, ne veulent pas du STO , avec, l'exemple de leurs parents qui ont vécu la guerre de 14-18, et qui, pour certains sont morts pour la France. Leur parcours héroïque est un parcours de vrais résistants, avec Alliance car c'était un réseau de résistance local actif depuis le début de la guerre, avec des responsables locaux, connus et reconnus, tel Marcel Couliboeuf,  l'instituteur de Formigny, peu importe que ce réseau soit gaulliste, communiste, giraudiste... en relation avec les anglais, le BRCA ou les américains.

      =>La problématique autour  de l'idée de "vichysto-résistant" ne concerne que le fondateur  d'Alliance et, en aucun cas,  les autres dirigeants, ni les résistants d'Alliance  pour lesquels ne comptaient qu'un idéal : défendre la France et les français.


  • Un réseau qui n'aurait  fait, seulement,  que du simple renseignement ?
    Alliance était un réseau présent partout en France et qui fonctionna, malgré les nombreuses arrestations, pendant toute la guerre, y compris fin 1944  depuis Verdun,  où le réseau Alliance continue de  fournir des renseignements à l’armée du Général George Patton. Etant un "réseau" et non pas un "mouvement" de résistance, il ne peut faire que... du reseignement ! 


    • Des renseignements variés et fondamentaux
      Les agents de l’Alliance ont  fourni en particulier
      Renseignement marin pour la Manche, l'Atlantique et la Méditerranée : concernant l'activité des sous-marins de la « Kriegsmarine » basés dans les ports français de l’Atlantique (nombre, classe, mouvements, abris, etc.) et les plans des bases sous-marines ( Brest, Lorient, La Rochelle, Bordeaux ..) et tous les mouvements des navires (ex: Opération Frankton). 
      -les déplacements des troupes en particulier en Normandie
      -La révélation de l'existence des V1-V2 : Faye apporte à Londres un rapport de Lamarque, sur la mise au point de nouvelles armes dans l'île d'Usedom  où sont élaborés les futurs V1 et V2  et, ensuite, l’emplacement des rampes de lancement des V1-V2  à Amiens. Alliance fut donc un des premiers réseaux à révéler les armes secrètes d’Hitler,  V1 et V2 qui seront lancés sur Londres de juin 44 à mars 45.Les renseignements fournis par le réseau permirent de détruire au sol bombes et rampes de lancement.
      Ci-dessous photos base V1 La Sorellerie, commune du Mesnil au Val, près de Cherbourg





      -Divers emplacements  : dépôts de carburants, lieux de stockage de matériels, transports, destinations
      -l’organisation des positions de défense (mur de l’Atlantique, Organisation TODT) avec, en particulier,  la fourniture d'un plan de 17 m de long conçu par le secteur Jardin  de Douin.


    •  Mais aussi des activités variées
      -évacuation de résistants, aviateurs, personnalités  par les Pyrénées puis l'Espagne et, en particulier la fuite spectaculaire du général Giraud en 1942 par sous marin
      -parachutages
      -nombreux terrains d'aviation (comme celui d'Ussel)  avec mise en place de liaisons en Lysander  qui permet de transporter des passagers et du matériel dans les deux sens.

    • Un réseau "hors norme"
      D'abord les anglais
      Alliance fournit d'abord et, avant tout, ses renseignements aux anglais mais, aussi, indirectement à De Gaulle suite à l'entrevue de Lisbonne de Loustaunau-Lacau avec Kenneth Cohen de l'Intelligence service le 14 avril 1941. Leur entretien dure trois jours. À la fin de celui-ci, Cohen et lui se sont accordés sur plusieurs points : les Britanniques recevront la primeur des renseignements glanés par le réseau, mais n'en auront pas l'exclusivité, Loustaunau-Lacau souhaitant conserver un lien avec les services gaullistes, auxquels le réseau n'est néanmoins pas rattaché.
      Toutefois faut-il rappeler qu' Alliance, rattaché au MI 6 britannique,  n'est pas un cas  à part 39% des réseaux travaillent avec les anglais  et seulement 22% des réseaux sont affiliés au BRCA.

      Source des données


      Un réseau doit avoir une triple activité selon le CNR


      Organisations de la Résistance de 1940 à 1944 : quelles différences ?

      Un réseau est une organisation hiérarchisée  créée en vue d'un travail militaire précis (surtout du renseignement et  évasion, parfois sabotage,...), il est  rattaché à des services secrets ( anglais le plus souvent)

      Un mouvement a pour premier objectif de sensibiliser et d'organiser la population avec une tendance politique marquée,  en utilisant le renseignement,  les actions punitives, le sabotage.



      Lors de la création du CNR en 1943,  seuls les  8  grands "mouvements" de résistance sont sont représentés, donc les "réseaux" sont exclus. De nombreux mouvements sont délaissés car Brossolette et Passy ont retenu 3 critères  pour adouber un mouvement, il faut avoir :
      -un journal
      -un réseau de renseignements
      -un groupe paramilitaire

      Le "militaire" et le "politique"  priment, excluant  de nombreux réseaux ( Wikipédia liste 322 mouvements ou réseaux).

      =>Ainsi Alliance est bel et bien un réseau "hors norme"... très spécialisé, hyper actif pendant toute la guerre et, surtout, partout en France et donc très efficace.


  • Un réseau dont de nombreux acteurs ont disparu
  • Le réseau a connu la rage et l’ignominie nazies, les souricières, les trahisons françaises, les tortures innommables, la déportation,  les exécutions, 

    • Les grandes figures du réseau ont disparu
      • Laustanau Lacau, bien que rescapé des camps, accusé de complot, il sera arrêté et passera même 6 mois en prison en 1947. Ce sont les anglais qui lui donnent une distinction militaire, les insignes du Distinguished Service Order. Il publie ses mémoires, est élu député. Il sera réhabilité (Légion d'honneur en 1952 et promu général du cadre de réserve en 1955) juste avant sa mort à 60 ans.


      • Leon Faye fut déporté en Allemagne en décembre 1943, jugé en juin 1944, il fut condamné à mort et a été fusillé le 30 janvier 1945.

  Lettre posthume, extrait "Je m'imagine l'impression horrible que fera sur vous Ia nouvelle de notre fin. Pour moi. ancien combattant, ayant offert mille fois sa vie dans toutes les guerres, mourir par le feu d'un peloton d'exécution, c'est imprévu. Mais je suis précédé et suivi, hélas, de beaucoup d'autres. Maintenant, c'est bien fini. Tout espoir, toute lumière sont définitivement partis. Ce sera un coup d'autant plus rude pour les familles que personne ne s'y attend, mais il faut que vous oubliez très vite. Devant le lait accompli, il n'y a plus qu'à s'incliner. "


      • Edouard K Kauffmann est arrêté le 21 septembre 1943, par le SD de Vichy, avec onze de ses agents. Transféré le 16 décembre 1943 à la prison de Kehl (Bade-Wurtemberg), il est exécuté à la prison de Fribourg-en-Brisgau le 28 novembre 1944.




    • Beaucoup de résistants de base trahis, arrêtés et exécutés.
      Sur les 2820 agents, environ 1000 furent  arrêtés. Au final, le réseau connait 437 morts dont 35 femmes et  189 de moins de trente ans.   

    • Des exécutions massives, de  nombreux disparus
      La plupart des prisonniers d'Alliance dans les camps furent exécutés, le plus souvent par groupes comme les 108 hommes et femmes exécutés et incinérés dans la nuit du 1er au 2 septembre, ils venaient du camp de Schirmeck transférés au camp de concentration du Struthof.

      Également, des membres d'Alliance sont exécutés dans les prisons fin 1944 : à Kehl, Coindeau et ses compagnons, à Rastatt, 12 hommes  et 4 femmes tuées et enterrées, à la prison de Pforzheim, 26  hommes et femmes, tous de l'Alliance (Dayné, Payen…), sont exécutés. Idem à la la prison de Ludwigsbur dont Kauffmann. D'autres sont abattus et jetés dans le le Rhin à Bühl ou finissent dans un charnier près du camp de Gaggenau.


      => Trop de disparitions,  à la fois de fortes personnalités, de hauts responsables et des agents de base font que l'oubli l'emporte sur la mémoire malgré le travail de MM Fourcade après guerre


  • Modestie des survivants comme MM Fourcade

    • Survivance d'Alliance
      La Seconde Guerre mondiale terminée, Méric continue à assurer ses responsabilités de chef de réseau. Après l'armistice, elle parcourt avec deux autres membres les différentes prisons et camps où les prisonniers d'Alliance ont été déportés. Elle en retrouve la trace mais pas forcément les corps.


        Marie-Madeleine Méric crée en 1945 l'Association amicale Alliance (AAA) dont elle assure la présidence. "Officier liquidateur du réseau", Méric fait établir notamment la liste de l'entièreté des 432 morts et disparus, qu'elle publie dans le « Mémorial de l'Alliance » en 1947. Elle s'occupe également de faire homologuer chaque membre, ce qui permet d'assurer la survie des familles restantes, parfois pillées par les Allemands, parfois sinistrées par les combats de la Libération, en leur permettant des droits à pension ou l'accès à des œuvres sociales. Elle authentifie les actions, et de leur attribuer des qualifications, comme P2, P1 ou PO, de demander des pensions, des décorations, d'enquêter, de collecter des archives, des témoignages pour le « Mémorial de l'Alliance ».

      Aujourd'hui, une association continue d'œuvrer mais refuse d'ouvrir gratuitement sa documentation et ses documents sur le web, ce qui ne favorise pas la connaissance du réseau...

    • MM Méric Fourcade
       Si MM Méric prend fait et cause pour le général de Gaulle, en 1947 et en 1958, milite pour le retour du général de Gaulle au pouvoir, elle ne plonge pas dans la vie politique comme  beaucoup de résistants. Elle publie en 1968, sous le titre « L'Arche de Noé », ses souvenirs de résistance pendant la guerre, puis se consacre à des associations liées à la mémoire de la résistance et déportation et à des activités humanitaires.

      =>Après guerre, les survivants résignés ne se sont sont jamais mis en avant, ainsi très peu se sont consacrés à la vie politique, contrairement à beaucoup d'autres responsables de réseau qui ont habilement su se mettre en avant.
       
      .
  • Au final, un réseau évincé des honneurs, ignoré des historiens

    • Des "compagnons de la libération" discriminatoires et sexistes...
      De gaulle crée les "Compagnons de la Libération" en novembre 1940, pour distinguer un groupe d'élite de héros réputés dans leur lutte pour la  libération de la France. A la fin de la guerre, seules 1038 personnes en sont dignes dont ... 6 femmes et seulement  3 membres d'Alliance.
      MM Méric  était commandeur de la Légion d'honneur, Médaille de la Résistance avec rosette, croix de guerre française et belge, Officier de l’empire britannique et de l’Ordre de Léopold, mais elle n’a jamais été fait Compagnon de la Libération  et pourtant elle le méritait plus que tout autre.  De même l'autre chef d'Alliance survivant Paul Bernard ne l'obtient pas... par contre Jean Rogerdit "Jean Sainteny" et Georges Lamarquedit "Pétrel" sont Compagnons de la Libération.

      Pourtant des dirigeants d'autres mouvements en font partie comme H Frenay (Combat), G Renault Confrérie Notre Dame)  alors que ce dernier a joué un rôle beaucoup moins important qu'Alliance.
      Les choix sont donc réellement discutables et surtout reflètent le sexisme de l'époque. Dans cette ambiance, les résistantes sont restées modestes, ne cherchant pas les récompenses et les honneurs, cela concerne aussi bien MM Méric que Jeannie Rousseau que l'ensemble des femmes résitantes.


    • Concernant l'histoire des résistantes, et en particulier MM Méric-Fourcade, il faut attendre 2006 pour obtenir l'ouvrage d'une historienne française, "Marie-Madeleine Fourcade un chef de la Résistance" de Michèle Cointet et, plus récemment (2019) une journaliste-historienne américaine Lynne Olson qui a publié "Madame Fourcade's Secret War: The Daring Young Woman Who Led France's Largest Spy Network Against Hitler ", ouvrage qui a  connu un gros succès aux USA mais non traduit en français.

      Quelques sites web permettent de glaner des informations, en particulier les divers articles de  Wikipédia mais, par son principe de multiplier les auteurs, parfois la confusion règne, surtout au niveau des dates, cas spécifique du riche article "Réseau Alliance"


      => Alliance paye lourdement  ses spécificités, en particulier,  sa fondation par Loustanau-Lacau,  la présence d'une femme à sa tête et  avoir fourni ses renseignements d'abord aux anglais. Qu'il y ait  une volonté politique, c'est certain, par contre ce qui étonne et surprend, c'est l'oubli des grands historiens universitaires, dans leurs publications.



CONCLUSION

Alliance, réseau de résistance méconnu, sous estimé, et, surtout, anomal :   créé par un homme d'extrême droite, longtemps dirigé par une (belle et jeune) femme, réseau non armé qui n'a fait que du renseignement pour les anglais qui le soutiennent, sans exploit militaire glorieux... mais ayant fourni des renseignements  inestimables, et, surtout, devenu le  mal aimé de De Gaulle.

Ce cumul  d'anticonformisme amène à l'atypisme. Ce réseau est hors norme, lui seul parmi tous les réseaux de résistance cumule trop de spécificités, il sort du  "normal ", de l’habituel. Ce  décalage par rapport au référentiel, à l'homme providentiel, De Gaulle, il le paie lourdement.

Pourtant, il a fonctionné pendant toute la guerre et  partout en France,  il a apporté des renseignements d'une très grande importance (activités maritimes allemandes,  localisation des défenses du mur de l'Atlantique, mouvements allemands,  découverte des implantations de V1 etV2...) Il a connu 1000 arrestations et 437 morts dans des conditions atroces que  nous n'avons pas le droit d'oublier ou minorer.
Aujourd'hui,  sans bruit ni tapage, le réseau Alliance avec ses 3000 membres, commence à sortir de l'ombre.




Sources :
-Nombreux extraits de Wikipédia comme
Complément Comment avons-nous pu oublier Marie-Madeleine Fourcade ?.. et ses compagnons comme Faye
"Marie-Madeleine Fourcade. Je répète et me redis son nom depuis quelques jours, incrédule : comment ai-je pu l’ignorer jusqu’aujourd’hui ? Comment avons-nous pu l’oublier ? Mes amis ne la connaissent pas davantage. Sur plus de cinquante personnes, non des moins informées, huit seulement connaissent son nom."

Réseau Alliance Chronologie détaillée des principaux évènements

 Chronologie des principaux évènements : arrestations,  trahisons, démantèlement et actions diverses

  •  24 octobre 1940 :  entrevue de Montoire entre le maréchal Pétain et Adolf Hitler, début de la collaboration

  • Nov 1940 : Fondation du réseau Croisade par Georges Loustaunau-Lacau assisté de Marie-Madeleine Méric, son adjointe.  Elle multiplie les contacts (souvent des officiers) pour faire un large recrutement, fin 1940 l'organisation compte déjà 50 membres dont Léon Faye. Le réseau est d'abord implanté en zone  non occupée.

  • 14 avril 1941: Loustaunau-Lacau rencontre à Lisbonne  le MI6 anglais (Intelligence Service) qui soutiendra et financera le réseau.

  • 22 Mai 1941 :Loustaunau-Lacau et Faye arrêtés à Alger. Loustaunau-Lacau s'évade, rejoint la métropole le 25 mai mais sera arrêté le 18 juillet à Pau . Les autres prisonniers seront emprisonnés (Faye à Clermont Ferrand). Le 15 octobre 1941, le jugement de Clermont-Ferrand est rendu : la condamnation de Loustaunau-Lacau à de la prison ferme, tout comme Faye.

  • Juillet 1941 :  MM Méric remplace  Loustaunau-Lacau  à la tête du réseau dont le commandant Léon Faye sera le chef militaire en décembre.

  • Fin 1941 : nombreuses arrestations à Paris, Pau, Lyon, Dijon. Méric, prévenue, peut s'échapper et part  en Espagne, et y rencontre les émissaires des services britanniques. Elle retourne à Pau  fin décembre 1941 et réorganise  le réseau. 

  • 1942 : Bla nouvel instructeur anglais arrivé en Aout 1941 a un comportement  douteux et devient suspect. En effet, cet anglais fasciste travaille comme agent double  pour la Gestapo, c'est le responsable des arrestations de Paris. Signalé à Marseille fin 1942, il est enlevé et exécuté par le réseau 

  • Janvier 1942 Faye, libéré, devient  chef d'état-major. Il continue de recruter et d'élargir le réseau y compris en zone occupée. 

  • Début 1942 : Vichy contraint MM Fourcade à venir à une confrontation qui tourne en sa faveur. Dés lors, elle comprend la nécessité de changer les pseudonymes pour dérouter  les policiers de Vichy. De Marseille, le réseau va se réorganiser, en utilisant de nouveaux codes de  transmissions ;  désormais, les membres du réseau sont désignés par des noms  inspirés d'animaux, les services allemands appelleront le réseau  "l'Arche de Noé". Faye prend le pseudonyme d'"Aigle" et MM Fourcade d "Hérisson" ( voir la liste des principaux  noms d'animaux utilisés)

  • Eté 1942: Apogée du réseau, en effet, il est implanté partout en France et les renseignements fournis sur le littoral atlantique (U-Boot) sont fondamentaux. Les transmissions se  perfectionnent avec l'utilisation du Lysander et de nouveaux  postes de radios ( MKII)

  • 5 au 6 novembre 1942  : Au Lavandou transfert du général Giraud vers Gibraltar par sous-marin britannique

     (8 Nov : opération Torch et  11 Nov : invasion Zone sud)

    A Marseille, villa Pinède, la police française accompagnée d'allemands  appréhende des membres du réseau dont Méric et Faye. Méric et ses camarades réussissent à convaincre plusieurs policiers, chargés de les convoyer en prison, de les rejoindre. La totalité de l'équipe, Faye excepté parti à Vichy, s'évade. Toutefois Faye emprisonné s'évadera à son tour le 23 novembre de Vals les bains. Il rejoint Madeleine Méric-Fourcade puis part à Londres. Il rencontre De Gaulle  en janvier 1943 et ensuite va à Alger voir Giraud,  il rentrera en  mars 1943. Capturé à Lyon avec Kauffman, il parvient encore une fois à s'échapper.

  • Fin 1942 : le PC doit quitter Marseille et changera très fréquemment sa localisation dans le Sud (Dordogne, Lot...).

  • 1943 : une année terrible, les arrestations se multiplient, soit par repérage goniométrique des émissions radio, soit surtout par trahison.

  • Début 1943 : série d'arrestations  (Lyon, Marseille, Nice) dues en grande partie au retournement du commandant Alamichel, capturé en novembre et qui avait fait sécession voulant prendre la place de Faye. Aussi, à son arrestation, il accepte de travailler pour l'Abwehr comme agent double.

  • Janvier 1943 : Faye rencontre De Gaulle  en janvier 1943 et va  ensuite  à Alger voir Giraud,  il rentre en  mars 1943.

  • Mars 1943 : Faye, de retour, annonce l'officialisation du nom "Alliance" pour le réseau

  • 31 mars 1943 : l'État français livre aux Allemands la totalité des prisonniers politiques d'Évaux-les-Bains, dont Loustaunau-Lacau, remis directement à la Gestapo

  • 19 avril 1943 : Dans le secteur de Vichy 35 agents du réseau Alliance sont arrêtés par la Gestapo sur dénonciation d'un agent double Marius Chambon. Les interrogatoires montrent que les Allemands ont en main la structure du réseau d'avant novembre 1942

  • Mai 1943 : Avant de partir vers Paris Madeleine Méric-Fourcade envoie ses enfants en Suisse, afin de les mettre définitivement à l'abri des menées allemandes contre sa famille

  • 16 juillet 1943  : grande réunion à Paris.  Faye décide de cloisonner et décentraliser  l'ensemble du réseau, jugé désormais par Méric trop vaste pour rester en l'état. Il est décidé une approche descendante entre le PC et les secteurs, et une transmission directe des secteurs à Londres sont validées.

  •  18 juillet 1943 : MM  Méric, trop exposée, doit partir à Londres réclamer la militarisation du réseau qui tarde, Faye prend le commandement, le renseignement étant confié à Paul Bernard, que Méric a choisi comme successeur. En Aout, Faye rejoint Méric à Londres.

  • 16 septembre 1943 : Le colonel Léon Faye  et Pie  sont arrêtés par  les agents du KSD allemand et la Milice en gare d'Aulnay-sous-Bois ; ils seront déportés en Allemagne, classés Nacht und Nebel.

    Dans les semaines qui suivirent, au moins 150 agents tombèrent. Ce vaste coup de filet toucha également la région de Vichy, l'Auvergne la Bretagne. Lien, agent double de l'Abwehr,  a provoqué cette hécatombe. Une tentative d'évasion de Faye, se solde par un échec et par sa déportation précoce le 27 novembre suivant.

  • 21 sept 1943 : Giraud reconnait le réseau comme une "unité militaire" ce qui implique le statut militaire des agents, donc en cas d'arrestation, le statut de "prisonnier de guerre" s'applique  (Convention de Genève de 1929, signée par l'Allemagne)

  • Nuit du 24 au 25 novembre 1943: La Gestapo organise d'importantes opérations d'arrestations contre le réseau Alliance dans toute la région parisienne. Le réseau  doit se réorganiser pour reprendre le renseignement

  • Le 16 mars 1944 : un avion revient en Angleterre avec une carte complète de la côte du Cotentin, signalant chaque défense.

  • 17 mars 1944  : à Paris, Paul Bernard qui a repris la tête du réseau  est arrêté par la Gestapo à la suite d'une trahison. Il est lui aussi soumis au régime « Nuit et brouillard ».  Jean Roger, dit Sainteny prend la tête des effectifs survivants en zone occupée mais il est capturé en juin, MM Méric doit donc rentrer en France (retardé pour cause de débarquement)

  • Fin mars 1944 : le rattachement de l'Alliance au BCRA (Bureau central de renseignements et d'action De Gaulle) est validé, union vivement approuvée par les Britanniques. En Mai 1944, le réseau Alliance est officiellement uni au B.C.R.A. de de Gaulle.

  • Mars à Mai 1944 : Arrestation de tous les membres du réseau, secteur Jardin en Normandie dont R Douin l'auteur de la carte.

  • 6 juin 1944 : Débarquement allié.  A la prison de Caen exécution de 75 à 80 prisonniers dont  16 membres d'Alliance.

  • Juillet 1944 : MM Meric rejoint Aix-en-Provence où elle est à nouveau capturée. Incarcérée à la caserne, elle réussit, à s'évader et à prévenir les membres de son réseau de la souricière qui les attend. Elle rejoint Paris et  organise le renseignement direct avec les troupes alliées, notamment avec Roger, fraîchement évadé. Ils suivent peu à peu l'avance des troupes de libération en les précédant sur le chemin de l'Est.

  • Septembre  1944 :  L'ordre de faire disparaître entièrement le réseau entraîne l'exécution des condamnés, ainsi que le massacre, dans les derniers mois de la guerre, de la quasi-totalité des prisonniers arrêtés ou condamnés en tant que membres de l'Alliance.
    Ainsi au camp de concentration de Natzweiler-Struthof en Alsace dans la nuit du 1er au 2 septembre 1944, cent sept membres du réseau capturés au printemps 1944 furent massacrés et leurs corps incinérés dans le four crématoire du camp.
    Léon Faye fut condamné à mort  le28 juin 1944 et a été fusillé le 30 janvier 1945 avec  822 autres détenus 1945 à Sonnenburg (Slonsk). en Pologne.


BILAN

Le réseau Alliance en chiffres (synthèse de diverses données )

MEMBRES du  réseau Alliance
  • 1940 :   50 dont 17 P2
  • 1941 :   100 dont 64 P2
  • 1942 : 1000 dont 282 P2
  • 1943 : 1300 dont 489 P2
  • 1944 :  900 dont 283 nouveaux P2

TOTAL
  • 2820 agents (dont 364 femmes soit 13%)
    • 1062 P2
    • 945 P1
    • 813 P0
  • Environ 1000  arrestations dont 437  morts (exécutés, fusillés, déportés) dont 35 femmes et 189 de moins de  30 ans